Dans le Liptako-Gourma, « l’ennemi est sur le reculoir », assure le commandant de la force Barkhane

Ces dernières semaines, la force Barkhane a multiplié les opérations contre les groupes armés terroristes [GAT] sévissant en particulier dans le Liptako-Gourma, c’est à dire la région des « trois frontières », car située aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso.

Et cela, dans la lignée du sommet de Pau qui, organisé le 13 janvier, avait réuni la France et les membres du G5 Sahel [Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad]. Pour rappel, il avait été annoncé un renforcement de Barkhane avec l’envoi de 600 militaires supplémentaires ainsi que la recherche d’une meilleure coordination avec la Force conjointe du G5 Sahel et les armées locales. En outre, il fut décidé de concentrer les efforts contre l’État islamique au grand Sahara [EIGS], principalement actif dans le Liptako-Gourma.

Ces décisions ont donc permis de « changer de braquet », malgré l’épidémie de Covid-19. D’ailleurs, a assuré le général Pascal Facon, le commandant de la force Barkhane, cette dernière « n’a pas d’impact sur nos opérations » en dépit des mesures particulières qu’il a fallu prendre pour éviter la propagation du virus au sein des troupes. « On a énormément travaillé à la mise en oeuvre de mesures individuelles et collectives pour faire en sorte que cette contrainte soit la plus minime possible », a-t-il fait valoir, dans une conférence de presse par vidéo-conférence dont l’AFP s’est fait l’écho, ce 5 mai.

Quoi qu’il en soit, et sans donner un bilan précis des pertes infligées aux groupes jihadistes, conformément à la ligne adoptée par l’État-major des armées [EMA], le général Facon a relevé que l’on est « dans la dynamique du sommet de Pau qui ne faiblit pas, malgré le contexte sanitaire particulier », évoquant ainsi une « énorme pression mise sur l’ennemi, qui est véritablement sur le reculoir. »

Selon le commandant de Barkhane, la mort récente de deux légionnaires du 1er Régiment Étranger de Cavalerie [REC] « montre à la fois l’âpreté du combat mais pas un regain d’activité de l’EIGS, plutôt même l’illustration d’un ennemi aux abois ». L’un des prédecesseurs du général Facon [le général Bruno Guibert, en l’occurrence] avait utilisé les mêmes mots en avril 2018

Cela étant, a poursuivi le général Facon, « l’attrition est substantielle » et « les coups portés au système de commandement de l’ennemi sont sévères, ses capacités sont considérablement amoindries. » Qui plus est, a-t-il souligné, les deux principaux groupes jihadistes présents au Sahel, à savoir l’EIGS et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM ou JNIM, affilié à al-Qaîda] sont « en train de se déchirer entre eux dans une espèce de recomposition, une lutte d’influence. »

Ce point avait été évoqué dans le dernier rapport du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, concernant la situation au Mali.

« Les affrontements entre le GSIM et l’EIGS ont ajouté à la complexité de la situation en matière de sécurité dans le nord et le centre du Mali. L’EIGS semble avoir étendu ses zones d’activités à certaines parties des régions de Gao et de Tombouctou, qui étaient auparavant la zone d’opération du GSIM. Des affrontements ont été signalées entre les deux groupes dans le centre du Mali et la région de Tombouctou. L’expansion de l’EIGS aurait également provoqué une scission au sein du Katiba du Macina, qui fait partie du GSIM, plusieurs combattants peuls se réclamant de l’État islamique », lit-on en effet dans ce document.

Par ailleurs, une note [.pdf], émanant cette fois de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali [MINUSMA] est plus problématique…

En effet, cette dernière a accusé les forces armées maliennes [FAMa] d’avoir commis 101 exécutions extrajudiciaires entre le 1er janvier et le 31 mars 2020. Et de les rendre aussi responsables de « 32 cas de disparitions forcées », de « 32 cas de torture ou traitement cruel inhumain ou dégradant » et de « 115 arrestations arbitraires ». En outre, la MINUSMA a aussi accusé les forces nigériennes d’avoir commis des exactions sur le sol malien.

Or, pour le général Facon, ces « agissements supposés sont intolérables » et ils « peuvent poser un problème en terme de crédibilité des forces. »

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