L’hélicoptère du ministre grec de la Défense a été « harcelé » par des F-16 turcs

Le 25 mars 2019, l’hélicoptère CH-47 Chinook qui transportait le Premier ministre grec, qui était alors Alexis Tsipras, avait été gêné par des avions de chasse turcs [des F-4 Phantom] à l’approche de l’île d’Agathonissi, située au sud-est de la mer Egée.

« En raison du jour, les avions de chasse turcs ont apparemment voulu participer à notre fête nationale. […] Ils ont forcé l’hélicoptère dans lequel je me trouvais à manœuvrer à basse altitude jusqu’à ce que nos avions les interceptent dans notre espace aérien national », avait raconté M. Tsipras, non sans ironie.

Cet incident, qui valut à l’ambassadeur turc en poste à Athènes d’être convoqué par le ministère grec des Affaires étrangères, était survenu quelques jours après une affirmation du ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, selon laquelle Chypre et la mer Égée « se trouvaient dans les eaux territoriales turques ».

Les revendications territoriales d’Ankara en mer Égée, notamment celles portant sur l’archipel du Dodécanèse, expliquent les incidents fréquents dans cette région entre les forces grecques et turques. Et certains d’entre-eux ont même provoqué des crises susceptibles de dégénérer en affrontement militaire, comme en 1987 et en 1996.

En outre le climat entre la Grèce et la Turquie, membres de l’Otan depuis 1952, s’est alourdi avec d’autres contentieux ces dernière semaines, notamment au sujet des migrants ou encore de l’accord passé par Ankara et le Gouvernement d’union nationale [GNA] libyen au sujet de ses frontières maritimes, ce qui lui permet d’appuyer ses revendications sur l’exploitation gazière de la République de Chypre.

C’est donc dans ce contexte qu’un nouvel incident s’est produit le 3 mai, dans les environs de l’archipel grec d’Inousses, situé à 2 km de la côte nord-est de l’île de Chios et à 8 km de l’ouest de la Turquie. En effet, lors d’une tournée d’inspection dans le secteur, l’hélicoptère transportant le ministre grec de la Défense, Nikos Panagiotopoulos, et le général Konstantinos Floros, le chef d’état-major des forces grecques, a été approché par deux F-16 turcs à au moins deux reprises.

Selon l’agence ANA, des F-16 tucs ont survolé l’archipel d’Inousses à 3.500 pieds d’altitude, avant de récidiver un peu plus tard en passant à 1.700 pieds au-dessus d’Agathonissi, un autre îlot que le ministre grec devait visiter.

Coïncidence ou pas, cet incident s’est produit le jour où la Turquie commémorait la mort de Mehmet II le Conquérant, qui fit la conquête de Constantinople et celle des Balkans, au XVe siècle. Durant cette journée, cinq patrouilles composées chacune de deux F-16 turcs, ont commis « 52 violations » de l’espace aérien grec, selon Athènes.

« Nous condamnons fermement le harcèlement par des appareils turcs de l’hélicoptère qui transportait le ministre de la Défense Nikos Panagiotopoulos et le chef d’état-major de l’armée grecque, le général Konstantinos Floros », a réagi le ministère grec des Affaires étrangères, via un communiqué.

C’est une « autre action turque inacceptable » qui « confirme une fois de plus le rôle négatif que joue la Turquie dans la région par sa persistance sur des approches anachroniques des relations internationales et sur des violations de la légalité internationale qui ne mènent nulle part », a insisté la diplomatie grecque.

Et d’en appeler Ankara à « entrer dans le XXIe siècle et à suivre l’exemple de la Grèce et des autres pays de la région en travaillant de manière constructive dans le cadre des règles de bon voisinage et de respecter, plutôt que de violer systématiquement, le droit international. »

Le ministère grec de la Défense a publié une vidéo sur laquelle on distingue effectivement des F-16.

Pour le moment, le ministère turc des Affaires étrangères n’a pas réagi aux commentaires faits par son homologue grec, pas plus que celui de la Défense.

« Les survols des chasseurs turcs, dont l’incident grave de dimanche [3 mai], ainsi que l’instrumentalisation de l’immigration pour faire pression sur la Grèce et l’UE, ne permettent en aucun cas aux deux parties de réduire les tensions et d’ouvrir des canaux de communication, qui est un objectif clé, du moins pour Athènes », a résumé la radio Athènes 9.84.

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