La marine chinoise a mis en service deux nouveaux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins

L’épidémie de Covid-19 ne semble pas affecter outre mesure la composante navale de l’Armée populaire de libération [APL]. Ainsi, le vol inaugural d’une version navale de l’avion d’entraînement JL-9 serait sur les rails, un second exemplaire de l’imposant navire d’assaut amphibie de type 075 a été lancé le 22 avril [alors qu’un incendie s’était déclaré à bord du premier quelques jours plus tôt], les manoeuvres autour de Taïwan se sont poursuivies, de même que celles en mer de Chine méridionale et le groupe aéronaval formé autour du porte-avions CNS Liaoning vient de terminer un exercice.

Et pour que cette liste se complète par la mise en service, fin avril, de deux nouveaux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de type 094 [ou classe Jin] à l’occasion du 71e anniversaire de la marine chinoise, selon le quotidien South China Morning Post.

D’après le dernier rapport sur les capacités militaires chinoises adressé l’an passé par le Pentagone au Congrès [.pdf], la Chine aurait construit pas moins de 12 sous-marins à propulsion nucléaire au cours des 15 dernières années, dont 6 SNA [sous-marins nucléaires d’attaque de type 093 et 093A] et 6 SNLE de type 094. Mais, selon le document, seulement quatre de ces derniers étaient alors opérationnels.

Pour le Pentagone, les SNLE de type 094 donnent à la marine chinoise une capacité de dissuasion océanique « crédible ». Ce qui n’était pas le cas avec les sous-marins de type 092 qu’ils ont remplacés.

Lors d’une audition parlementaire, en 2014, l’amiral Bernard Rogel, un sous-marinier de formation alors chef d’état-major de la Marine nationale, avait souligné les progrès qualitatifs accomplis par la marine chinoise dans le domaine des sous-marins. « Pendant longtemps, la Chine a été considérée comme un acteur régional, sans capacité océanique. Il faut nous préparer à réviser ce jugement, et assez rapidement », avait-il affirmé.

« Pour évaluer les capacités opérationnelles d’un SNLE, en particulier l’aptitude à patrouiller, on s’appuie sur les capacités des SNA, en général plus faciles à observer. Si la valeur opérationnelle de la première génération de SNA, qui date des années 80, était jugée très faible, il en va tout autrement des tous récents SNA de type Shang [Type 093/093A, ndlr] qui sont crédités d’un remarquable niveau de discrétion acoustique. L’un d’eux vient de réaliser un déploiement de longue durée – 70 jours – en océan Indien, ce qui constitue probablement une première », avait expliqué l’amiral Rogel. Aussi, avait-il continué, « on peut donc raisonnablement en déduire que les SNLE de type Jin, qui sont de la même génération et utilisent probablement la même technologie que les SNA de type Shang [Type 093 et 093A], en sont tout aussi capables. »

Cela étant, un rapport de l’Office of Naval Intelligence [le service de renseignement de l’US Navy], avait affirmé que le SNLE de type 094 produisant autant de bruit, si ce n’est plus, qu’un sous-marin Delta III d’origine soviétique…

Quoi qu’il en soit, les données publiques concernant le SNLE de type 094 sont parcellaires. Mais il a été rapporté qu’il est en mesure d’emporter 12 missiles balistiques mer-sol JL-2, à combustion solide et d’une portée de 7.500 à 8.000 km. En outre, il était question d’un nouvelle version [appelée 094A] ayant une capacité de 16 missiles.

Or, a priori, les deux SNLE que la marine chinoise vient de mettre en service seraient de Type 094A. En tout cas, ce qu’a laissé suggérer une source militaire du South China Morning Post.

« Leur technologie a été mise à niveau, notamment pour ce concerne les radars, le sonar et les torpilles », a-t-elle en effet confié au journal, qui précise que ces deux nouveaux sous-marins sont en mesure d’emporter 16 missiles balistiques mer-sol JL-2.

Par ailleurs, une autre classe de SNLE chinois, désignée « Type 096 » est en cours de developpement. Ce navire sera en mesure de d’embarquer 24 JL-3, un nouveau modèle de missile balistique qui a fait l’objet d’un premier essai en décembre 2019. La portée de cet engin serait de l’ordre de 10.000 km.

Photo : SNLE de Type 094 / Archive

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