L’Allemagne interdit toute activité du Hezbollah libanais sur son territoire

 

En décembre dernier, le Bundestag [chambre basse du Parlement allemand] a voté une résolution non contraignante pour demander au gouvernement de ne plus distinguer les ailes militaire et politique du Hezbollah, l’organisation chiite libanaise soutenue par l’Iran. Et, en conséquence, d’interdire en Allemagne l’ensemble des activités de cette dernière.

En clair, il s’agissait d’aller encore plus loin que l’Union européenne, qui a classé la seule branche militaire du Hezbollah parmi les formations terroristes.

« Il est inacceptable que le Hezbollah mène un combat terroriste contre Israël, tout en étant financé au moyen d’activités criminelles menées dans le monde entier », avait justifié Mathias Middelberg, un porte-parole de la CDU/CSU, le parti chrétien-démocrate. « L’Allemagne ayant une responsabilité spéciale vis-à-vis d’Israël, nous demandons au gouvernement d’interdire toutes les activités du Hezbollah », avait-il continué, soulignant qu’ajouter la formation chiite à la liste des organisations terroristes de l’UE permettrait de « geler » ses « fonds et actifs en Europe de manière beaucoup plus complète qu’auparavant. »

Le chef de la diplomatie allemande, le social-démocrate Heiko Mass, avait affiché une position identique. « Le Hezbollah nie le droit d’Israël à l’existence, menace de violence et de terreur et continue de procéder à une accumulation massive de missiles » et « en Syrie, il agit comme un accessoire des actions brutales d’Assad contre son propre peuple », avait-il commencé par rappeler. Et d’ajouter : « la réalité politique du Liban est compliquée » mais « cela ne doit cependant pas nous empêcher de recourir aux moyens dont nous disposons en Allemagne dans le cadre de l’État de droit pour mettre fin aux activités criminelles et terroristes du Hezbollah. »

Quatre mois plus tard, le gouvernement allemand a tapé un grand coup en répondant favorablement à cette résolution. En effet, ce 30 avril, il a annoncé l’interdiction complère des activités du Hezbollah sur son territoire.

Le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer, « a banni l’organisation terroriste chiite du Hezbollah en Allemagne », a en effet indiqué Steve Alter, un porte-parole. « Des mesures de police ont été prises dans plusieurs Länder [États] depuis les premières heures du jour », a-t-il précisé. « L’État de droit peut également agir en temps de crise », a-t-il aussi fait valoir.

Selon les médias d’outre-Rhin, des opérations de police ont été menées dans plusieurs mosquées, dont trois à Berlin, une à Brême et une à Münster. Un centre pour émigrés libanais, installé à Dortmund, a également été visé.

Selon le services de renseignement allemands, il y aurait environ un milliers de militants de l’aile « dure » du Hezbollah en Allemagne. Ils sont notamment accusés d’organiser des collectes de soutien, de recruter des sympathisants et d’organiser des manifestations contre Israël.

« Le Hezbollah est une organisation terroriste qui a commis un grand nombre d’attentats et d’enlèvements dans le monde », a justifié Horst Seehofer auprès du quotidien Bild. « Ses activités illégales et la préparation de ses attentats se déroulent aussi sur le sol allemand », a-t-il insisté. En outre, a-t-il dit, il « remet en question le droit à l’existence d’Israël et appelle souvent à sa destruction par la violence », alors que, depuis la Seconde Guerre Mondiale, l’Allemagne s’est donné comme « priorité de défendre l’Etat hébreu. »

La décision de Berlin va dans le sens de ce qu’avait proposé Richard Grenell, ex-ambassadeur des États-Unis en Allemagne et désormais directeur par intérim du renseignement américain, dans une tribune publiée en septembre dernier par le quotidien Die Welt.

Interdire le Hezbollah l’empêcherait de « de rassembler sympathisants et collectes d’argent et permettrait à l’Allemagne d’envoyer un signal fort montrant qu’elle ne tolère par la violence, la haine antisémite et la terreur en Europe », avait estimé le diplomate.

La décision prise par Berlin a été saluée par Israel Katz, le ministre israélien des Affaires étrangères. « Il s’agit d’une décision très importante, d’une étape importante et significative dans la lutte globale conte le terrorisme » et « je voudrais exprimer ma reconnaissance au gouvernement allemand pour cette décision », a-t-il réagi. « Je voudrais exprimer ma reconnaissance au gouvernement allemand pour cette décision. Je suis sûr que de nombreux gouvernements du Moyen-Orient et des victimes du Hezbollah partagent mon avis », a-t-il poursuivi, avant d’appeler les autres membres de l’UE à « adopter cette même mesure. »

Photo : Police allemande – Archive

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]