Le gouvernement de Tripoli proteste contre le survol « non autorisé » de son territoire par un Rafale français

Par le passé, il fut avancé que des avions Rafale équipé de nacelles de reconnaissance Reco NG survolaient régulièrement la Libye afin d’y collecter des renseignements sur les groupes jihadistes présents dans ce pays. Cette information n’avait rien de « confidentielle » : elle figurait en toutes lettres dans un dossier de presse publié par l’Élysée à l’occasion de la venue du président Hollande à bord du porte-avions Charles de Gaulle, en décembre 2015.

« Jusqu’au prochain franchissement du canal de Suez, les opérations aériennes se déroulent à un rythme de 10 à 12 sorties par jour. Des vols ISR en Lybie sont également planifiés », y était-il écrit.

Généralement, ces missions au-dessus de la Libye étaient surtout assurées par des Rafale de la 30e Escadre, basée à Mont-de-Marsan, avec le concours d’un avion-ravitailleur C-135FR.

D’ailleurs, en janvier 2017, une avarie sur l’un de ces C-135FR avait contraint deux Rafale – équipés d’une nacelle Reco NG – à faire une escale technique à Malte. Le quotidien Times of Malta avait seulement indiqué, à l’époque, que les appareils français effectuuaient une mission au-dessus de la Méditerranée avant d’atterrir à l’aéroport international de Luqa.

Lors d’une audition parlementaire, Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, avait assumé les missions conduites de ce type, lesquelles, selon lui, consistaient « à recueillir le maximum de renseignements, par différents moyens », à une époque où Daesh consolidait son implantation en Libye.

Qu’en est-il depuis? L’an passé, des Rafale, dotés de nacelles Reco NG, furent déployés à N’Djamena. Mais de là à en conclure qu’ils s’agissaient de les envoyer survoler la Libye…

Quoi qu’il en soit, ce 29 avril, le gouvernement d’union national libyen [GNA] qui, installé à Tripoli, bénéficie notamment de l’appui de la Turquie face à son rival établi à Tobrouk et aux troupes du maréchal Haftar, a protesté contre le survol de son territoire par au moins un « Rafale français ».

Selon le ministère des Affaires étrangères du GNA, le Rafale, ainsi qu’un avion de ravitaillement en vol, auraient survolé Misrata [200 km à l’est de Tripoli] ainsi que la localité d’Abu Grein, localité qui a récemment fait l’objet de combats entre les milices pro-GNA et l’Armée nationale libyenne du maréchal Haftar.

Ainsi, selon un bref communiqué, Tripoli a « exprimé son mécontentement après la violation de l’espace aérien libyen par l’armée de l’air française. » Et d’ajouter : « Le ministère français des Affaires étrangères nous a indiqué qu’il allait contacter le ministère français de la Défense et nous fournir les circonstances » de ce survol.

Cela étant, la présence d’un avion ravitailleur français au-dessus de la Libye paraît improbable… dans la mesure où par le passé, ce type d’appareil s’est toujours positionné dans l’espace aérien international, au-dessus de la Méditerranée. Ce qui est logique : un tel avion se tient toujours en retrait, c’est à dire qu’il n’a pas vocation à survoler une zone risquée. Et aucun n’a été repéré vers la Libye par les passionnés qui suivent les mouvements des aéronefs via les sites spécialisés.

L’accusation du GNA interroge : comment a-t-il pu repérer et surtout identifier avec certitude les avions en question? Surtout que l’Égypte dispose aussi de Rafale et que les Émrats arabes unis ont une capacité de ravitaillement en vol. Or, ces deux pays sont des soutiens déclarés du maréchal Haftar.

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