Covid-19 : La contamination du porte-avions Charles de Gaulle garde ses mystères… pour le moment

Sur les 2.010 réalisés auprès des marins du groupe aéronaval formé autour du porte-avions Charles de Gaulle, 1.081 se sont révélés positifs au Covid-19, dont 545 cas symptomatiques. Et 24 militaires ont été admis à l’hôpital d’instruction des armées [HIA] Saint-Anne de Toulon, dont deux sont actuellement en réanimation sous-oxygène. Ces chiffres ont été donnés par l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale, au Journal du Dimanche, ce 19 avril.

Le porte-avions a particulièrement été affecté par l’épidémie puisque 1.046 de ses marins [sur 1.760] ont été testés positifs. Ce représentente environ 60% de l’équipage.

L’apparition des premiers cas de Covid-19 à bord du navire ont conduit à écouter de quelques jours la mission Foch dans laquelle il était engagé, les conditions de vie à bord d’un navire militaire, où l’espace est exigu, ne pouvant que favoriser la propagation de l’épidémie, même en appliquant les gestes barrières, voire les mesures de distanciation sociale [quand il est possible de le faire].

Reste que la contamination du porte-avions reste, à ce jour, un mystère. L’hypothèse qui paraît la plus plausible concerne l’escale du groupe aéronaval à Brest [13-16 mars]. Depuis, l’état-major des armées [EMA] tente de justifier sa décision de l’avoir maintenue, comme l’a fait son chef [CEMA], le général François Lecointre, à l’antenne de TF1 et sur les ondes de France Inter.

« Cette escale de Brest était prévue depuis longtemps. On s’est posé la question, à partir du mois de mars, de savoir si on allait la maintenir. La décision prise par le commandement des armées, par moi-même et le chef d’état-major de la Marine, a été de maintenir cette escale parce qu’elle correspondait à une nécessité logistique d’un porte-avions qui était en mer depuis deux mois », a expliqué le général Lecointre, ce 19 avril.

À partir du moment où cette escale a été maintenue, des restrictions ont été imposées pour, justement, éviter toute contamination. Mais elles l’ont été en fonction de ce que les autorités savaient à un moment où les mesures concernant la fermeture des établissements accueillant du public n’avait pas encore été décidée.

Ainsi, comme l’a rappelé le général Lecointre, les manifestations officielles et les visites protocolaires ont été annulées et les familles n’ont pas été autorisées à venir à bord du porte-avions. Cependant, une partie de l’équipage a pu débarquer. Il avait été seulement demandé d’éviter la zone d’Auray, alors considérée comme un « cluster » de Covid-19 en Bretagne. Par ailleurs, , au moins 50 marins ont rejoint le navire à la faveur de cette escale.

Après avoir appareillé de Brest pour continuer la mission Foch en mer du Nord et en Manche [et non en Méditerranée comme l’a dit le général Lecointre sur les ondes de France Inter], des mesures particulières ont été prises à bord du porte-avions : les postes de propreté ont été doublés, les rassemblements du matin ont été annulés et les équipages d’autres navires ou d’aéronefs n’ont plus été autorisés à monter à bord.

Le temps d’incubation du SARS Cov-2 [le virus responsable du Covid-19] étant en moyenne de 5 jours, avec des extrêmes de 2 et 12 jours, ces mesures ont été assouplies au bout de deux semaines. Soit quand le porte-avions a effectué une escale technique à Copenhague [30 mars]. Pour autant, ses marins n’ont pas été autorisés à mettre le pied à terre et toutes les précautions ont été prises pour limiter les contacts avec les marins danois.

Cependant, selon franceinfo, un concert a été organisé à bord, quand il était au mouillage au large du Danemark. Ce qui a été confirmé par l’amiral Prazuck. « L’orchestre de marins a joué à distance de l’équipage réuni dans le grand hangar, qui, en temps normal, abrite les aéronefs, en faisant en sorte que les mesures de distanciation soient respectées », a-t-il dit au JDD.

Cela a-t-il pu être l’élément déclencheur? On ne peut pas l’affirmer… En tout cas, les premiers cas de Covid-19 sont apparus à bord du porte-avions à partir du 6 avril… Ce qui est cohérent avec la durée d’incubation du virus. L’épidémie progressant rapidement, la ministre des Armées, Florence Parly, a décidé d’interrompre la mission Foch et d’ordonner le retour du groupe aéronaval à Toulon.

Lors d’un audition en vidéo-conférence organisée le 17 avril par la commission de la Défense nationale, à l’Assemblée, Mme Parly a indiqué que « plusieurs hypothèses » sur l’origine de la contamination étaient à « l’étude », la présence du virus à bord du navire avant son escale brestoise n’étant pas écartée.

Sur ce point, cela paraît peu probable. Avant de franchir le détroit de Gibraltar, le Charles de Gaulle a eu une interaction avec le porte-avions américain USS Dwight Eisenhower [3 mars]. Or, depuis, il n’a pas fait état de cas de Covid-19 à son bord.

« On considère, on pense […] que cette contamination s’est produite à l’escale qui a eu lieu à Brest au mois de mars », a, de son côté, affirmé le général Lecointre à l’antenne de France Inter. L’amiral Prazuck se veut plus prudent. Le virus est « probablement » monté bord « au cours de l’escale à Brest […] mais nous ne pouvons pas en avoir la certitude à 100% ».

L’étude épidémiologique actuellement en cours permettra sans doute de lever le mystère. Ses premiers résultats sont attendus d’ici deux semaines, a indiqué Mme Parly.

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