Tension diplomatique entre Paris et Pékin, après des propos mensongers sur la gestion du Covid-19 en France

Parmi les certitudes que l’on peut avoir sur l’épidémie de Covid-19 est que son premier foyer a été localisé dans la province chinoise de Hubei, plus précisément à Wuhan. Après, le moment à partir duquel le SARS COV-2, le coranavirus responsable de la maladie, a commencé à se répandre au sein de la population locale n’a pas encoré été établi. Certains parlent de novembre 2019 quand d’autres évoquent septembre 2019, comme le suggère l’analyse de données récemment réalisée dans le cadre d’une étude conduite par une équipe de chercheurs de l’Université de Cambridge.

Quoi qu’il en soit, les autorités chinoises sont accusées d’avoir tarder à avertir l’Organisation mondiale de la santé [OMS] de l’existence de cette épidémie. De même que leur gestion de la crise sanitaire provoquée par le virus à Wuhan est mise en cause, des interrogations portant sur le nombre réel de victimes.

Cependant, cette épidémie de Covid-19 se double d’une « guerre » informationnelle, résumée par le site Infoguerre. « Les États-Unis ont été le théâtre depuis mi-janvier 2020 d’un acharnement médiatique basé sur la désinformation massive quant à l’origine du covid-19. Victime de messages accusatoires et en plusieurs langues, l’Amérique est soupçonnée d’avoir développé des souches de virus dont le covid-19 à leur profit et orchestré par la CIA. […] Cette rumeur de ‘complot’ véhiculée par la Chine est relayée par la Russie dont les messages indirects accusent les Etats-Unis d’avoir développé cette nouvelle arme biologique pour les aider dans la guerre économique contre la Chine », avance-t-il.

En clair, et sans se soucier des faits et des interrogations légitimes, il s’agit pour Pékin de mettre en avant sa méthode pour venir à bout de l’épidémie de Covid-19 à Wuhan afin de vanter les mérites de son modèle par rapport à ceux des Occidentaux en général. Et, à ce jeu-là, les diplomates chinois sont à la manoeuvre, comme l’a montré un texte publié sur le site de l’ambassade de Chine en France et intulé « Observations d’un diplomate chinois en poste à Paris. »

Tout le monde en prend pour son grade dans ce texte. Surtout les Occidentaux, accusés de tous les maux…

S’agissant de la France, son auteur [anonyme] écrit : « On a fait signer aux pensionnaires des maisons de retraite des attestations de ‘Renonciation aux soins d’urgence' » et « les personnels soignants des EHPADs [établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes] ont abandonné leurs postes du jour au lendemain, ont déserté collectivement, laissant mourir leurs pensionnaires de faim et de maladie. »

Or, l’acronyme « EHPAD » qui signifie « établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes », ne peut qu’être propre à la France… Sinon, l’auteur du texte en question [ou son traducteur] aurait choisi le terme plus approprié, comme « maison de retraite », par exemple.

Mais, dit-on, plus c’est gros, plus ça passe. Pas pour Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, qui a convoqué Lu Shaye, l’ambassadeur de Chine en France, pour avoir une explication sur ce texte de propagande.

« J’ai fait connaître clairement ma désapprobation de certains propos récents à l’ambassadeur de la République populaire de Chine en France, lors de sa convocation au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, ce mardi 14 avril au matin », a en effet indiqué M. Le Drian, via un communiqué. « Certaines prises de position publiques récentes de représentants de l’ambassade de Chine en France ne sont pas conformes à la qualité de la relation bilatérale entre nos deux pays », a-t-il « diplomatiquement » ajouté.

« Le Covid-19 est une pandémie qui touche tous les continents et toutes les sociétés. Face au virus et à ses conséquences sur nos économies, les polémiques n’ont pas leur place et la France oeuvre résolument en faveur de l’unité, de la solidarité et de la plus grande coopération internationale », a conclu M. Le Drian.

Ce 15 avril, le ministère chinois des Affaires étrangères a abordé la convocation de l’ambassadeur par le Quai d’Orsay en évoquant un « malentendu. »

« La Chine n’a jamais émis de commentaire négatif sur la façon dont la France fait face à l’épidémie, et n’a aucune intention d’en émettre », a indiqué Zhao Lijian, un porte-parole de la dipoamtie chinoise. « Nous espérons que la partie française dissipera ces malentendus », a-t-il ajouté.

Pour autant, étant donné que le « malentendu » a été créé par l’utilisation d’un terme inapproprié dans un texte publié par l’ambassade de Chine en France, on ne voit pas comment la partie française peut le « dissiper ». En attendant, la tribune en cause est toujours en ligne. Et, pour le moment, pas une virgule n’a été changée.

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