Le président Déby annonce que le Tchad ne participera plus à des opérations militaires hors de ses frontières

Lors du sommet de Pau, qui, le 13 janvier dernier, avait réuni la France et ses partenaires du G5 Sahel [Burkina Faso, Mali, Niger, Mauritanie et Tchad], il fut décidé d’accentuer l’effort militaire dans la région du Liptako-Gourma, notamment contre l’État islamique au grand Sahara [EIGS].

Déjà contributeur à Force conjointe du G5 Sahel, le Tchad fit part de son intention de déployer l’équivalent d’un bataillon dans cette zone, afin d’y épauler la force française Barkhane et les armées du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Mais, a priori, le président tchadien, Idriss Déby Itno, semble être revenu sur cette décision.

Suite à l’attaque jihadiste de Bohoma, laquelle fit près d’une centaine de tués dans ses rangs, l’armée tchadienne a lancé une vaste offensive dans la région du Lac Tchad, sous le commanement de M. Déby.

Appelée « Colère de Bohoma », cette opération a pris fin le 6 avril. Et, selon N’Djamena, elle aura permis de chasser le groupe Boko Haram de son territoire. Et d’avancer le bilan de 1.000 jihadistes tués. Durant cette offensive, le président tchadien a déploré le manque de soutien des partenaires du Tchad dans cette offensive. D’où la décision qu’il a donc annoncé dans un message diffusé le 10 avril.

« Nos soldats sont morts pour le lac Tchad et pour le Sahel. A compter d’aujourd’hui, aucun soldat tchadien ne participera à une opération militaire en dehors du Tchad », a en effet déclaré M. Déby Itno. « Nous nous sommes battus seuls aux confins du lac Tchad sans l’apport des pays censés nous aider », a-t-il une nouvelle fois déclaré.

Durant l’opération « Colère de Bohoma », et dans le cadre de la Force multinationale mixte, mise en place en 2015 pour combattre Boko Haram, l’armée tchadienne est entrée au Niger et au Nigéria pour y poursuivre les jihadistes. Plusieurs de leurs bases ont ainsi été prises.

Sur ce point, M. Déby a averti le Niger et le Nigeria que ses troupes quitteraient ces positions ainsi conquises d’ici le 22 avril, quoi qu’il arrive.

Cela étant, rapporte l’AFP, le ministre tchadien de la Défense, Mohamat Abali Salah, a nuancé le propos de M. Déby à l’issue d’un entretien avec président nigérien, Mahamadou Issoufou, à Niamey. « La plupart des opérations ont été [menées] au niveau de la frontière du Niger où beaucoup de bases de Boko Haram au Niger ont été reconquises. Des orientations, des échanges ont lieu pour maintenir ces acquis et les discussions vont continuer. L’opération a pris fin mais la lutte contre Boko Haram continue », a-t-il dit.

A priori, le Tchad maintiendrait sa participation à la Mission multinationale intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali [MINUSMA]. Du moins, c’est ce qu’a assuré un responsable de cette dernière auprès de l’AFP.

Cependant, ce n’est pas la première fois que le président Déby parle de revoir les engagements de ses troupes en Afrique. Ainsi, en 2017, il avait évoqué une telle issue en avançant l’argument économique, les recettes pétrolières étant alors en recul, le cours du pétrole ayant chuté à l’époque. Il avait notamment souligné que N’Djamena avait déboursé environ 460 millions d’euros « pour la lutte contre le terrorisme sans un soutien quelconque de l’extérieur ». Et d’insister : « Jusqu’à aujourd’hui nous sommes seuls dans cette lutte. »

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