Détroit d’Ormuz : Un avion de patrouille maritime Atlantique 2 engagé dans l’opération européenne Agenor

Ces dernières années, les avions Atlantique 2 de l’aéronautique navale se sont relayés au Sahel [Barkhane] et au Levant [Chammal] pour des missions qui n’eurent rien à voir avec celle pour laquelle ils furent conçus, c’est à dire la patrouille maritime.

Ainsi, survolant l’immensité désertique sahelienne et les territoires contrôlés par l’État islamique au Levant, ces appareils ont dressé les « Battle Damage Assessment » [l’évaluation des raids aériens contre les groupes jihadistes], fait du renseignement et de la surveillance, illuminé des cibles pour les chasseurs-bombardiers quand ils n’ont pas frappé eux-même, avec les bombes à guidage laser GBU-12 qu’ils sont désormais susceptibles d’emporter, au même titre que les missiles antinavire Exocet et les torpilles Mk 46 ou MU 90.  En Irak et en Syrie, ils ont aussi assuré la coordination des avions de la coalition anti-jihadiste [SCAR-C, pour Strike coordination and reconnaissance – coordinator].

Depuis mars, un Atlantique 2 a été engagé dans une opération extérieure afin d’assurer des missions relevant de son domaine de prédilection. En effet, un de ces appareils, appartenant à la Flottille 23F, a été déployé sur la base aérienne 104 d’al-Dhafra, aux Émirats arabes unis, afin de prendre part à l’opération Agenor, qui est le volet militaire de la mission EMASoH [European-led Maritime Awareness Strait of Hormuz], lancée à l’initiative de la France pour garantir la sécurité du trafic maritime dans le détroit d’Ormuz, théâtre de vives tensions l’an passé.

Pour rappel, près de 20% du pétrole français et le tiers du pétrole européen transitent par cette « zone d’intérêt stratégique. »

« L’Atlantique 2 contribue ainsi à renforcer l’appréciation de situation régionale au profit de la coalition européenne. Ces vols sont éprouvants mais permettent d’en connaître chaque jour davantage sur l’activité maritime de la zone », explique l’État-major des armées [EMA].

Pour les missions de ce type, qui peuvent durer une bonne dizaine d’heures, l’Atlantique 2 est doté d’un détecteur d’anomalies magnétiques pour être en mesure de détecter un sous-marin en plongée à faible profondeur, d’un radar Iguane pouvant repérer, sur 360° et même dans les mers agitées, des cibles de surface de très faibles dimensions [comme celles utilisées par les Gardiens de la Révolution iraniens, ou bien encore les rebelles Houthis, du Yémen], de caméras thermiques Tango et d’une boule optronique MX20D, ce qui lui permet d’identifier, de jour comme de nuit, et à grande distance, des embarcations. En outre, son équipage compte des observateurs [placés sur les côtés et dans le nez vitré] qui scrutent inlassablement la mer avec des jumelles ou à l’oeil nu.

Le détachement de la Flottille 23F compte une vingtaine de marins, sachant qu’un équipage d’ATL2 se compose généralement de 2 pilotes, de 2 mécaniciens, d’un officier coordinateur tactique [ou TACCO], de 1 à 3 observateurs et d’opérateurs de guerre électronique et transmission de bord [GETBO], de 3 détecteurs navigateurs aériens [DENAE] et de 3 détecteurs acousticiens [DASBO].

« Son implantation à Abu Dhabi lui permet une proximité avec le commandement tactique le plaçant ainsi comme un acteur majeur dans la réalisation des missions dans le cadre de l’opération Agenor », souligne l’EMA, selon qui son déploiement « s’inscrit dans la poursuite des efforts de la France et de ses partenaires européens pour contribuer à la sécurité maritime dans la région. »

Actuellement, l’opération Agenor mobilise deux navires, dont la frégate de défense aérienne [FDA] Forbin et la frégate néerlandaise HNLMS De Ruyter. La Grèce et le Danemark ont annoncé leur participation.

Photo : Marine nationale

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