Les forces ukrainiennes disent avoir abattu un mini-drone russe dans la région du Donbass

Cela fait maintenant six ans que les séparatistes pro-russes des républiques autoproclamées de Louhansk et de Donetsk affrontent les forces gouvernementales ukrainiennes dans la région du Donbass [sud-est de l’Ukraine], malgré les accords de Minsk lesquels devaient instaurer un cessez-le-feu et imposer aux belligérants un retrait de leurs armes « lourdes » de la ligne de front. Depuis, ce conflit a fait au moins 13.000 tués.

En décembre 2019, les négociations entre Moscou et Kiev ont fini par reprendre [après trois ans de suspension] lors d’une rencontre entre le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, alors fraîchement élu, à l’occasion d’un sommet organisé à Paris, sous l’égide de la France et de l’Allemagne [format de Normandie, ndlr].

Quelques semaines plus tôt, en signe de détente, l’Ukraine et la Russie, qui soutient les séparatistes, avaient procédé à un échange de prisonniers. Ce qui avait été perçu comme étant un signe « encourageant ». Mais le sommet de Paris n’a permis la moindre avancée, les deux parties ayant campé sur leurs positions.

Dans un entretien donné au quotidien Le Monde [édition du 12 mars] après un déplacement à Kiev et à Moscou, la ministre suédoise des Affaires étrangères, Ann Linde, a donné la raison pour laquelle il n’y avait « aucune raison » de lever les sanctions prises par l’Union européenne contre la Russie, pour son rôle auprès des séparatistes.

« Sur place, dans le Donbass, il est tout à fait évident que l’on se trouve en présence d’un conflit actif et non d’un conflit gelé. Sur les 420 kilomètres de ligne de ‘contact’, il existe seulement cinq points de passage. […] Rien qu’en janvier et février, 35 militaires ont été tués, dans une zone où il y a eu un désengagement : c’est bien un théâtre militaire actif. », a décrit Mme Linde. « Pour nous, il est très important de rappeler que cette agression, dans l’est de l’Ukraine, et l’annexion de la Crimée continuent de définir nos relations avec la Russie », a-t-elle ajouté.

En outre, et après avoir eu un entretien de trois heures avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, la cheffe de la diplomatie suédoise a conclu que « le problème fondamental est que la Russie refuse toujours d’assumer son propre rôle dans ce conflit ». Aussi, a-t-elle continué, « dans ces conditions, il est difficile de parvenir à un réel accord de paix. »

Les comptes-rendus publiés quotidiennement par la Mission spéciale d’observation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe [OSCE] confirment les violations régulières du cessez-le-feu et fait parfois état de la présence sur le terrain de systèmes de guerre électronique, souvent récents, que seules les forces russes possèdent.

Encore le 11 mars derrnier, par exemple, la mission de l’OSCE a une nouvelle fois repéré des systèmes RB-341V Leer-3, R-934B Sinitsa et RB-636 Svet-Ku dans la région de Louhansk. Tous ces équipements de guerre électronique ont été fabriqués qu’en Russie et n’ont été ni achetés ni déployés officiellement en Ukraine.

Cela étant, la mission des observateurs de l’OSCE est depuis quelques jours contrariée étant donné que des restrictions leur ont été imposées dans leurs déplacements par les séparatistes pro-russes, lesquels ont mis en avant l’épidémie de covid-19 pour justifier cette mesure.

« La France et l’Allemagne sont profondément préoccupées par les restrictions imposées depuis le 21 mars 2020 à la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine [MSOU] par des membres des groupes armés dans les territoires non contrôlés par le gouvernement. L’épidémie de covid-19 ne saurait servir de prétexte pour restreindre la liberté de mouvement de la mission et faire obstacle à la mise en œuvre de son mandat. La MSOU doit avoir un accès sûr, sécurisé et sans entrave sur tout le territoire de l’Ukraine, y compris dans les zones non contrôlées par le gouvernement. La Russie doit user de son influence et garantir son passage en toute liberté et sécurité », ont réagi les ministres français et allemand des Affaires étrangères, dans un communiqué conjoint publié le 31 mars.

En tout cas, la Russie n’a pas déployé que des systèmes de guerre électronique dans la partie du Donbass tenue par les séparatistes. En effet, ce 6 avril, le ministère ukrainien de la Défense a indiqué que l’une de ses unités avait, la veille, dans la région de Svitlodarsk, abattu un mini-drone de type Zastava, un appareil construit sous licence en Russie et développé sous le nom de « Bird Eye 400 » par l’israélien IAI.

Cela étant, les photographies publiées sur le site du ministère ukrainien montrent que l’appareil n’a pas subi de dégâts importants,

Le Zastava est équipé d’un système de pilotage automatique pour les phases de décollage et d’atterrissage, voire pendant les vols de reconnaissance, ce qui lui permet d’évoluer de façon autonome. Il est doté d’une tourelle emportant des caméras optique et infra-rouge, lesquelles transmettent les images en temps réel. D’une masse de seulement 5,6 kg pour une envergure de 2,2 mètres, il vole à 300 mètres d’altitude. Enfin, son autonomie est d’environ deux heures, pour un rayon d’action de 10 km.

Un mini-drone de ce type avait été abattu pour la première fois par les garde-frontières ukrainiens en juillet 2015.

Le « Zastava » qui vient d’être abattu Svitlodarsk a été « remis à des experts pour un examen plus approfondi » des données qu’il contient. « Un tel fait prouve une fois de plus la participation des forces armées de la Fédération de Russie à la guerre dans l’est de l’Ukraine », a fait valoir le ministère ukrainien de la Défense, qui évalue le prix du drone en question à 2 millions de dollars.

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