Pour l’US Marine Corps, le déficit de pilotes remet en question la place du F-35B dans ses opérations

Début mars, l’US Air Force a fait savoir qu’il lui manquait 2.100 pilotes pour tenir les objectifs fixés par la nouvelle stratégie de défense nationale des États-Unis. Or, ce problème est déjà ancien et, malgré les mesures qui ont été prises pour le juguler, il s’est même aggravé puisque, en 2016, ce déficit était de 1.555 pilotes. Pour autant, l’idée de réduire le nombre de ses avions n’a pas été avancée.

De son côté, et malgré le prestige qui lui ont donné des unités comme la VMF-214 du colonel Greg « Pappy » Boyington, l’US Marine Corps peine à recruter des pilotes. Or, pour son chef, le général David Berger, cela justifierait une remise en question de la place de l’avion de combat F-35B [la version à décollage court et à atterrissage vertical de l’appareil conçu par Lockheed-Martin] dans ses engagements futurs. Engagements qui auraient probablement lieu dans la région Indo-Pacifique, face aux forces chinoises.

« Notre incapacité continue à constituer et à maintenir un nombre adéquat de pilotes de F-35 me conduit à conclure que nous devons être pragmatiques quant à notre capacité à soutenir ce programme », a en effet écrit le général Berger, sleon le site Breaking Defense, dans un document intitulé « Force Design 2030 ».

Aussi demande-t-il une évaluation « externe » de la place que doivent avoir les F-35B et F-35C [version navale, nldr] au sein de l’USMC par rapport à ce qui lui est demandé dans le cadre de la stratégie de défense nationale américaine et du prochain « Joint Warfighting Concept », un document que l’état-major interarmées doit produire cette année.

Cela étant, le général Berger avance un autre élément : les coûts de maintien en condition opérationnelle [MCO] élevés du F-35B, alors qu’il s’attend, dans le meilleur des cas, à disposer d’un budget stable lors des prochaines années.

Quand les premières mesures définies dans le Force Design 2030 ont fuité, la semaine dernière, il avait déjà été question de revoir le nombre de F-35B/C que devront mettre en oeuvre les Marine Attack Squadrons. Ainsi, ces derniers n’auraient plus que 10 appareils, contre 16 actuellement. Par ailleurs, l’USMC défend le concept de « Lightning Carrier », c’est à dire des porte-avions plus légers et emportant moins d’appareils, l’idée étant de gagner en agilité et en flexibilité.

 

Par ailleurs, puisque l’USMC s’attend à croiser le fer avec l’armée chinoise et donc à mener des opérations amphibies pour reprendre, par exemple, des îles par la force, le général Berger souhaite se débarrasser des unités les plus lourdes. C’est ainsi que les Marines se passeront de leurs chars lourds M1A2 Abrams et qu’ils abandonneront 16 unités d’artillerie sur 21. Et le tout s’accompagnerait d’une déflation d’effectifs [-12.000 soldats].

L’enjeu est de pouvoir faire en sorte que l’USMC dispose de marges de manoeuvres financières pour se doter de nouvelles capacités, comme, par exemple, des missiles anti-navires longue portée [ce qui signifie que les Marines auraient à assurer la sécurité des déploiements de la marine…] et investir dans des technologies clés.

Pour rappel, l’USMC a été précurseur avec le F-35B puisqu’il a été le premier à prononcer sa capacité opérationnelle initiale [IOC] et à l’engager dans des opérations de guerre. Au total, les appareils du Marine Fighter Attack Squadron [VMFA] 211 ont effectué 1.200 heures de vol au-dessus de l’Irak et de la Syrie, pendant les 50 jours de leur présence sur ce théâtre d’opérations.

Et, selon les plans actuels du Pentagone, il est prévu de doter l’USMC de 420 F-35 au total, dont 353 F-35B et 67 F-35C, afin de remplacer les AV-8B Harrier [qui devraient tirer leur révérence en 2028, si rien n’est changé d’ici-là], les F/A-18 Honet et les EA-6B Prowler [déjà retirés du service].

Aussi, le général Berger devra batailler pour imposer son plan « Force Design 2030 », notamment auprès des élus du Congrès, qu’il a convaincre de la pertinence du modèle qu’il propose. Et nul doute que les industriels, Lockheed-Martin en tête, défendront également leur bout de gras. En outre, une baisse des commandes de F-35 jouera inévitablement sur le prix unitaire de cet appareil.

En attendant, le 31 mars, le Pentagone a notifié un contrat 4,7 milliards de dollars à Lockheed-Martin pour la livraison de 48 F-35A pour l’US Air Force, 14 F-35B pour l’USMC et de 16 F-35C pour l’US Navy. Ces appareils devront avoir été livrés d’ici mars 2023.

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