Pour le chef de l’Otan, la crise sanitaire du Covid-19 ne doit pas mettre en péril la sécurité des Alliés

Alors que les sujets à aborder sont nombreux [Afghanistan, où la situation demeure tendue, même après l’accord conclu par les talibans et les États-Unis à Doha, mission en Irak, etc], les ministres des Affaires étrangères des 30 pays membres de l’Otan se réuniront par vidéoconférence, le 2 avril. Une première en 70 ans d’existence. Mais cela n’est qu’anedoctique au regard des enjeux de la crise du Covid-19, qui sévit en Europe et qui prend de l’ampleur en Amérique du Nord.

« Il faut s’assurer que cette crise sanitaire ne provoque pas une crise de sécurité », a estimé Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, lors d’une conférence de presse [elle aussi donnée par vidoconférence], ce 1er avril. « Nous veillons à prendre des mesures de prévention contre le Covid-19, mais l’Otan continue de fonctionner, car les menaces n’ont pas disparu comme par miracle », a-t-il ajouté.

Ainsi, a développé M. Stoltenberg, la « Russie mène des exercices militaires et nos patrouilles pour la surveillance du ciel et en mer se poursuivent. » Et même si « nous avons reprogrammé ou redimensionné certains exercices, nous n’avons pas réduit la disponibilité opérationnelle », a-t-il fait observer. « La meilleure réponse à la désinformation et à la propagande ce sont les faits », a-t-il insisté.

Ces derniers jours, la Royal Navy a déployé les grands moyens pour surveiller une importante formation de navires militaires russes qui naviguait non loin des côtes britanniques. Sans doute que la présence, dans les parages, du groupe aéronaval formé autour du porte-avions français Charles de Gaulle [et à forte connotation européenne] a piqué la curiorité de l’état-major russe… En outre, plusieurs vols d’avions de patrouille maritime russe ont donné lieu à des « alpha scramble » [décollage en alerte] au Royaume-Uni, en Norvège, au Canada et aux États-Unis.

Cela étant, M. Stoltenberg a également estimé que l’Otan doit « examiner comment mieux coordonner son soutien et son assistance à ses membres face à la pandémie. »

« Les capacités militaires viennent en soutien aux efforts civils. Elles aident pour les contrôles aux frontières, pour les transports de moyens médicaux, pour les opérations de désinfection », a fait valoir l’ex-Premier ministre norvégien. « Les Alliés déterminent individuellement les moyens dont ils ont besoin et sollicitent une aide des autres pays via le Centre de coordination de la réponse aux crises humanitaires de l’Otan », a-t-il rappelé.

C’est d’ailleurs ce qu’a notamment fait l’Espagne, deuxième pays européen le plus touché par l’épidémie de Covid-19, en sollicitant « Euro-Atlantic Disaster Response Coordination Centre » [EADRCC], qui est le principal mécanisme de l’Otan pour apporter une réponse aux situations d’urgence civile dans la région euro-atlantique.

Ainsi, l’Otan explique que l’EADRCC « fonctionne comme un centre d’échange qui assure la coordination tant des demandes que des offres d’assistance, essentiellement en cas de catastrophe d’origine naturelle ou humaine. » Opérationnel 365 jours par an, 24 heures sur 24, il « travaille en étroite collaboration avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, qui reste le coordonnateur principal pour les opérations internationales de secours en cas de catastrophe. »

Et, ce 1er avril, l’Espagne et l’Italie ont reçu une aide médicale acheminée par un avion de transport A400M des forces aériennes turques.

Lors d’une conférence de presse, ce 1er avril, le général Miguel Villarroya, le chef d’état-major de la défense espagnole, a en effet déclaré que 25 tonnes d’équipements de protection envoyés par la Turquie était arrivées à la base aérienne de Torrejón, près de Madrid.

La République tchèque, la Lituanie et le Luxembourg ont également envoyé de l’aide en réponse à la demande urgente adressée par l’Espagne à l’Otan.

Cela étant, « l’Alliance doit réfléchir comment utiliser ses capacités de manière plus efficace et plus rapide », a fait valoir M. Stoltenberg, soulignant qu’il « appartient à chaque pays de déterminer de quelle aide il a besoin. »

Par ailleurs, le 31 mars, et alors que l’aide fournie par la Russie et la Chine a l’Italie a été largement médiatisée, le président américain, Donald Trump, a annoncé que les États-Unis enverraient du matériel médical pour un montant de 100 millions de dollars à Rome.

« Nous avons des produits en surplus dont nous n’avons pas besoin, nous allons envoyer environ 100 millions de dollars de choses chirurgicales, médicales et hospitalières à l’Italie », a expliqué M. Trump. « À mesure que nous produirons plus que nos besoins, nous en enverrons en Italie, nous en enverrons en France, nous en enverrons en Espagne, où ils ont de terribles problèmes, et d’autres pays si possible », a-t-il encore assuré, alors que l’épidémie de Covid-19 prend de l’ampleur outre-Atlantique, avec plus de 189.000 cas et déjà plus de 4.000 morts.

Photo : Un A400M turc livre du matériel médical à l’Italie (c) Ministère turc de la Défense

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