L’US Navy cherche une solution pour garder l’USS Theodore Roosevelt opérationnel, malgré le Covid-19 à bord

Entre le 24 mars et le 1er avril, le nombre de marins du porte-avions USS Theodore Roosevelt testés positifs au Covid-19 est passé de 3 à plus d’une centaine, ce qui a motivé son envoi à Guam, où son équipage doit subir des tests. Ce qui pourrait prendre un mois.

Cela étant, la contamination, en février, de plus de 700 passagers et membres d’équipage du paquebot Diamond Princess laissait présager le pire… D’autant plus que, à bord d’un bâtiment de guerre, il n’y a pas suffisamment de cabines où l’on peut isoler les malades contagieux et la promiscuité est de rigueur, que ce soit dans les espaces de travail, les coursives et les carrés. En clair, il est très compliqué, voire impossible, d’effectuer les « gestes barrières » [qui plus est, les écrans tactiles n’aident pas…] et d’appliquer les mesures de distanciation sociale.

D’où la lettre adressée à sa hiérarchie par le capitaine de vaisseau Brett Crozier, le commandant [ou « pacha »] de l’USS Theodore Roosevelt, qui compte près de 5.000 marins à bord. Ainsi, l’officier a plaidé pour que les marins du bord soient débarqués à Guam.

« Retirer la majorité de l’équipage d’un porte-avions nucléaire américain en cours de déploiement et les isoler pendant deux semaines peut paraître une mesure extraordinaire. Mais c’est un risque nécessaire », a écrit le capitaine de vaisseau Crozier, estimant que garder « plus de 4.000 jeunes hommes et femmes à bord est un risque inutile et brise la confiance des marins qui nous sont confiés ».

« Nous ne sommes pas en guerre. Les marins n’ont pas à mourir. Si nous n’agissons pas maintenant, alors nous ne parviensdrons pas à prendre correctement soin de notre atout le plus fiable – nos marins », a insisté le « pacha » de l’USS Theodore Roosevelt.

Seulement, le Pentagone rechigne à prendre une telle mesure, d’autant plus que Guam n’a pas les capacités d’hébergement nécessaires pour accueillir les marins du porte-avions.

En outre, débarquer les passagers d’un paquebot pour les mettre ensuite en quarantaine ne prête pas à conséquence… En revanche, il n’est pas possible d’évacuer tout l’équipage d’un porte-avions, qui plus est à propulsion nucléaire, pour des raisons de sécurité. « Il doit y avoir des personnes à bord pour gérer les systèmes essentiels », a fait valoir Thomas Modly, le secrétaire de la Navy, à l’antenne de CNN, le 31 mars.

Le chef du Pentagone, Mark Esper, a affirmé que « beaucoup de matériel et d’assistance » sont envoyés au porte-avions, à Guam. « Nous envoyons des renforts en personnel médical et je suis heureux d’annoncer qu’aucun d’entre eux [les marins, ndlr] n’est gravement malade », a-t-il ajouté, alors qu’il était interrogé par CBS.

« Je vais m’appuyer sur le commandement de la Navy qui va […] s’assurer qu’il fournit au commandant et à l’équipage tout le soutien dont ils ont besoin pour assurer le rétablissement des marins et faire repartir le navire », a insisté M. Esper.

Commandant de la flotte américaine du Pacifique, l’amiral John Aquilino a expliqué, rapporte le site Politico, qu’un « processus de rotation » est en train de se mettre en place. Ainsi, les marins contaminés quitteront le navires pour passer 14 jours en quarantaine sur l’île de Guam. À l’issue, ils passeront un test de suivi « pour s’assurer qu’ils sont guéris ». Puis ils retourneront à bord de l’USS Theodore Roosevelt et d’autres marins prendront leur place en isolement.

« Ce plan nous permet de retirer un certain nombre de marins, donc je peux en garder suffisamment à bord pour effectuer toutes les tâches dont le navire a besoin », a affirmé l’amiral Aquilino. « Je suis optimiste sur le fait que la capacité supplémentaire de quarantaine et d’isolement dont il est question sera bientôt disponible [à Guam]. Ce que je dirai, c’est qu’il n’y a jamais eu l’intention de retirer tous les marins de ce navire », a-t-il conclu.

Photo : Poste de contrôle à bord de l’USS Theodore Roosevelt (c) US Navy

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