Nouvel avion ravitailleur de l’US Air Force, le KC-46 Pegasus a des fuites de… carburant


Lancée en début des années 2000, la procédure visant à remplacer avions ravitailleurs KC-135 et KC-10 de l’US Air Force ne semblait pas, au premier abord, poser de problème particulier. Sans surprise, le contrat fut confié à Boeing, qui proposait à l’époque le KC-767A, un appareil dérivé de son B-767.

Seulement, les choses se gâtèrent quand le sénateur républicain John McCain mit un grand jour des irrégularités et des conflits d’intérêt qui menèrent deux responsables de Boeing sous les verrous. Et le secrétaire à l’Air Force, qui était James G. Roche au moment des faits, dut démissionner.

Un appel d’offres fut alors lancé en 2008 et, surprise, Airbus [EADS à l’époque] et Northrop Grumman, remportèrent la mise avec l’A330 MRTT. Mais Boeing ne s’avoua pas vaincu. De recours en recours, le constructeur américain finit par avoir gain de cause. Et, dans le cadre d’une nouvelle procédure, il remporta le marché avec le KC-46A Pegasus, un avion qui restait alors à développer.

Pour s’imposer face au ticket Airbus/Northrop Grumman, Boeing n’avait pas hésité à casser les prix, en proposant un généreux rabais au Pentagone. Quoi qu’il en soit, il devait livrer les 18 premiers KC-46A [sur 179] à l’US Air Force d’ici la fin de l’année 2017. Or, il ne fut pas en mesure de tenir les délais, en raison de multiples problèmes rencontrés lors de la mise au point de son nouvel avion ravitailleur, comme le câblage qu’il dût revoir entièrement.

Bref, le développement du KC-46A obligea Boeing à mettre la main au portefeuille pour financer les surcoûts générés par les soucis techniques, pour un montant de plus de 3 milliards de dollars. Le Pentagone avait dû sentir le coup venir étant donné qu’il était hors de question pour lui de payer un dollar de plus que les 4,9 milliards prévus pour financer la mise au point et la certification des quatre premiers avions ravitailleurs.

Finalement, l’US Air Force prit possession de son premier KC-46A en janvier 2019… avec des restrictions d’utilisation, d’autres problèmes étant apparus. Puis, la même annoncé, elle annonça suspendre la réception des appareils après la découverte de « débris » et de « corps étrangers » dans les compatiments clos des avions déjà livrés.

« Nous continuons à travailler avec Boeing pour veiller à ce que chaque avion livré réponde aux normes de qualité et de sécurité les plus strictes », avait expliqué Heather Wilson, la secrétaire à l’US Air Force.

Si les livraisons purent reprendre, les soucis du KC-46A n’étaient pas terminés pour autant, avec « 9 paramètres critiques » que Boeing devait régler le plus rapidement possible. L’un des problèmes concerne le Remote Vision System [RVS] de l’avion, c’est à dire un système de caméras qui permet de contrôler avec précision les opérations de ravitaillement en vol.

Quoi qu’il en soit, le KC-46A n’est pas encore prêt pour être engagé dans des opérations de guerre, sauf en cas d’absolue nécessité et avec des équipages hautement qualifiés. C’est en effet ce qu’a affirmé le général David Goldfein, le chef d’état-major de l’US Air Force, lors d’une audition au Congrès.

Dans le même temps, et alors que projet de budget du Pentagone prévoit le retrait 13 KC-135 et de 16 KC-10, l’US Transportation Command [US TRANSCOM], dont la mission est d’assurer la projection des forces américaines, a estimé qu’il faudrait probablement avoir recours à des opérateurs privés pour maintenir les capacités en matière de ravitaillement en vol étant donné que le KC-46A n’était pas encore prêt.

Mais le nouveau problème majeur dont l’US Air Force vient de faire état ne va évidemment pas arranger les choses. Ainsi, le KC-46A a un gros souci de fuite « excessive » de carburant. Un défaut relevant de la catégorie I, c’est à dire qu’il est de nature à empêcher l’avion d’effectuer ses missions principales.

« Boeing est contractuellement obligé de remédier à ce défaut sans frais supplémentaires pour le gouvernement », a fait valoir l’US Air Force, qui dit « travailler » avec l’industriel pour « déterminer la cause » de problème et « mettre en oeuvre des actions correctives ».

« Le bureau du programme KC-46 continue de surveiller l’ensemble du parc de KC-46 et améliore les tests d’acceptation du système de carburant pour identifier les fuites potentielles à l’usine où elles peuvent être réparées avant la livraison », a précisé l’US Air Force.

« Le système de carburant du KC-46 est équipé d’une protection redondante pour le confinement du carburant. Dans certains cas, les équipes de maintenance des avions trouvent du carburant entre les barrières de protection principale et secondaire du système », a expliqué Boeing, à Defense News.

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