Covid-19 : Le « pacha » de l’USS Theodore Roosevelt lance un appel à l’aide face à la progression de l’épidémie

La semaine passée, le porte-avions américain USS Theodore Roosevelt comptait trois malades du Covid-19. Puis, l’épidémie s’est propagée au sein de l’équipage… Et d’après les confidences d’un officier du navire auprès du quotidien San Francisco Chronicle, entre 150 et 200 marins auraient été contaminés depuis.

Face à cette situation, l’USS Theodore Roosevelt a interrompu sa mission pour se rendre dans les plus brefs délais à Guam. Et l’US Navy a indiqué que tous les marins allaient subir des tests.

Seulement, étant donné l’exiguïté à bord, il est impossible pour l’équipage d’appliquer les « gestes barrières » et d’isoler les marins malades. En outre, la base de Guam est dans l’impossibilité d’accueillir l’ensemble de l’équipage du navire [soit près de 5.000 marins], le nombre de lits étant insuffisant. Ce qu’a d’ailleurs confirmé Thomas Modly, le secrétaire à la Navy, à l’antenne de CNN, ce 31 mars. « Nous sommes en discussion avec les autorités locales pour voir s’il y a des chambres d’hôtel disponibles », a-t-il dit.

Quoi qu’il en soit, la situation étant critique, le « pacha » de l’USS Theodore Roosvelt, le capitaine de vaisseau Brett Crozier, a envoyé une lettre de quatre pages à sa hiérarchie pour demander de l’aide. Ce qui est inahabituel. Mais, a priori, l’officier a mis ses galons sur la table.

Ainsi, le capitaine de vaisseau Crozier a demandé, avec insistance, les ressources indispensables pour lui permettre d’isoler son équipage et d’éviter que la situation continue de se dégrader.

« Cela nécessitera une solution politique, mais c’est la bonne chose à faire », a écrit le commandant de l’USS Theodore Roosevelt. « Nous ne sommes pas en guerre. Les marins n’ont pas à mourir. Si nous n’agissons pas maintenant, alors nous ne parviendrons pas à prendre correctement soin de notre atout le plus fiable – nos marins », a-t-il écrit.

« Retirer la majorité de l’équipage d’un porte-avions nucléaire américain en cours de déploiement et les isoler pendant deux semaines peut paraître une mesure extraordinaire. Mais c’est un risque nécessaire », a insisté le capitaine de vaisseau Crozier. « Garder plus de 4.000 jeunes hommes et femmes à bord est un risque inutile et brise la confiance des marins qui nous sont confiés », a-t-il encore fait valoir, soulignant qu’il lui est impossible de suivre les directives officielles relatives à la quarantaine et les mesures de distanciation sociale.

En effet, a-t-il souligné, les espaces confinés du navire sont les endroits « les plus propices à la propagation du virus ». Effectivement, les cabines partagées, les espaces de travail, les carrés où les marins prennent leurs repas, les écoutilles et les échelles empruntées chaque jour pour se déplacer à l’intérieur du porte-avions sont autant de lieux qui favorisent la diffusion du virus.

Le commandant de l’USS Theodore Roosevelt a cité le cas du paquebot Diamond Princess, à bord duquel 712 passagers avaient été testés positifs au Covid-19. Selon une étude, si des mesures de confinement n’avaient pas été prises rapidement, près de 80% des passagers et de l’équipage auraient été infectés. Or, ce qui est possible sur un navire civil ne l’est pas sur un bâtiment militaire… Aussi, il a estimé que les directives qui lui ont été demandées d’appliquer sont inefficaces à bord d’un porte-avions.

En temps de guerre, l’USS Theodore Roosevelt « ferait face et continuerait ses opérations tout en luttant contre l’épidémie du mieux possible », a encore écrit le capitaine de vaisseau Crozier. « Cependant, nous ne sommes pas en guerre et ne pouvons donc pas laisser un seul marin périr à la suite de cette pandémie », a-t-il continué. « Une action décisive est requise maintenant afin de se conformer aux directives du CDC [Centre pour le contrôle et la prévention des maladies, ndlr] et de la Marine et d’empêcher des résultats tragiques », a-t-il plaidé.

Et de proposer d’isoler l’équipage à terre tout en gardant à bord les spécialistes de la propulsion nucléaire du porte-avions, qui, selon lui, doit être désinfecté.

L’appel du « pacha » de l’USS Theodore Roosevelt va-t-il être entendu? « La direction de la Navy va prendre rapidement toutes les mesures pour assurer la santé et la sécurité de l’équipage de l’USS Theodore Roosevelt et cherche des solutions pour répondre aux inquiétudes de son commandant », a assuré un responsable de la marine américaine.

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