Avec deux porte-avions touchés par le Covid-19, l’US Navy pourrait manquer de moyens en cas de crise dans le Pacifique

Si, dans la marine, on insiste sur la propreté, c’est pour éviter de voir une épidémie se propager au sein de l’équipage d’un navire, où de nombreux marins travaillent, mangent et dorment dans des espaces restreints, donc propices à la diffusion d’un virus.

En clair, les mesures de distanciation sociale préconisées pour freiner la propagation du coronavirus SARS Cov-2 [responsable de la maladie Covid-19] sont impossibles à appliquer à bord d’un bâtiment. Et il n’est pas envisageable d’y instaurer un régime de quarantaine en isolant les malades des biens portants, même si des navires comme un porte-avions disposent de structures médicales modernes.

Selon des études sur le paquebot Diamond Princess, qui a été affecté par le Covid-19 en février dernier, il a été constaté que le taux de contagiosité [nombre moyen de personnes contaminée à partir d’un individu infecté] avait été quatre fois plus élevé qu’à Wuhan [Chine], qui était alors épicentre de l’épidémie.

Or, cette semaine, trois marins du porte-avions américain USS Theodore Roosevelt, alors déployé en mer des Philippines, ont été testés positifs au Covid-19. Et les choses sont allées très vite : trois jours plus tard, ils étaient une trentaine à être dans cette situation.

Ce qui a motivé la décision d’interrompre la mission du navire pour l’envoyer en escale à Guam afin d’y mettre ses 5.000 marins en quarantaine et procéder à des tests de dépistage. Et, pour le moment, on ignore quand l’USS Theodore Roosevelt pourra reprendre la mer.

« Nous prenons cette menace très au sérieux et nous travaillons rapidement pour identifier et isoler les cas positifs tout en empêchant la propagation du virus à bord du navire. Aucun marin n’a été hospitalisé ou n’est gravement malade », a commenté l’amiral Mike Gilday, le chef de l’US Navy.

Seulement, le second porte-avions américain déployé dans la région Asie-Pacifique, l’USS Ronald Reagan, est à son tour touché par l’épidémie de Covid-19, avec au moins deux de ses marins testés positifs. Le navire est actuellement amarré à la base navale de Yokosuka.

D’où la décision de fermer cette dernière durant au moins 48 heures, c’est à dire que son personnel n’a pas l’autorisation d’en sortir. Pour le moment, il n’est pas clair si d’autres mesures seront prises, comme la mise en quarantaine de l’équipage de l’USS Ronald Reagan. En tout cas, cette nouvelle est inquiétante pour l’US Navy, qui risque de se retrouver sans porte-avions dans la zone Indo-Pacifique, pourtant stratégique. Et donc elle sera dans l’impossibilité de répondre à une éventuelle crise.

En effet, parmi les porte-avions basés sur la côté ouest des États-Unis, l’USS Abraham Lincoln vient de rentrer de mission, après avoir passé un temps record au Moyen-Orient quand l’USS Carl Vinson est en cale sèche au chantier naval de Puget Sound [et un cas de Covid-19 a été détecté parmi ses marins]. Et l’USS Nimitz est en phase de remontée en puissance.

Outre les conséquences opérationnelles à court terme de cette épidémie de Covid-19, la question de l’entraînement et de la préparation des équipages finira par se poser.

« Nous devons faire trois choses. La première consiste à veiller sur santé de nos marins et de leurs familles. Le deuxième est de veiller à ce que nous ne propagions pas cette maladie chez nous ou chez nos alliés et partenaires. Et la troisième est que nous veillons à maintenir notre état de préparation à la guerre », a toutefois déclaré l’amiral John Aquilino, le chef de la flotte américaine du Pacifique, à USNI News. Pour cela, a-t-il continué, nous « gérons chaque événement au cas par cas » et « ne publions pas d’informations susceptibles de permettre à tout adversaire de comprendre notre état de préparation ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]