La force aérienne allemande souhaite 45 F/A-18 Super Hornet pour remplacer une partie de ses Tornado

Comme maintenir en service ses chasseurs-bombardiers Tornado ne sera plus soutenable financièrement en 2030 en raison d’une hausse exponentielle des coûts de maintien en condition opérationnelle [il est question de 9 milliards d’euros], la Luftwaffe [force aérienne allemande] souhaite les remplacer au plus tôt.

Seulement, dans le cadre de l’Otan, l’Allemagne abrite au moins une vingtaine de bombes nucléaires tactiques B-61, mises à la disposition de l’Alliance par les États-Unis. Et donc, elle doit disposer d’avions capable de les mettre en oeuvre. Ce qui est le cas des Tornado. En outre, il revient également à la Luftwaffe d’être en mesure d’effectuer des missions de guerre électronique visant à supprimer les défenses aériennes ennemies [missions SEAD]. Et, actuellement, elle dispose de Tornado ECR pour cela.

En novembre dernier, le général Ingo Gerhartz, le chef d’état-major de la Luftwaffe, a estimé qu’il était « important de remplacer dès que possible le Tornado par un système d’armes moderne, pouvant assumer les mêmes missions. » Et d’ajouter : « Pour cela, nous avons besoin d’une décision urgente. Le temps presse, car nous devons, bien entendu, prendre des mesures pour mettre en place le prochain système. »

Le processus visant à remplacer les Tornado a été lancé en 2017 par le ministère allemand de la Défense. Pour des raisons tenant à la fois à des considérations politiques, diplomatiques et industrielles, le F-35A du constructeur américain Lockheed-Martin a été écarté, alors que la Luftwaffe en faisait son candidat favori. Reste donc en lice l’Eurofighter Typhoon et le F/A-18 Super Hornet de Boeing.

Le souci est que certifier le Typhoon [ou EF-2000] pour des missions nucléaires prendrait trop de temps. Ce qui ne serait pas le cas pour le F/A-18 Super Hornet. Les B-61 étant américaines, il est donc naturel que les avions américains soient privilégiés…

Quant aux missions SEAD, Airbus Defence & Space a présenté un Typhoon ECR SEAD, susceptible de concurrence justement l’EA-18 Growler, c’est à dire la version « guerre élecrtronique » du F/A-18 Super Hornet. Mais, visiblement, cela n’a guère convaincu l’état-major de la Luftwaffe.

En effet, et comme s’y attendait Guillaume Faury, le Pdg d’Airbus, la force aérienne allemande va couper la poire en deux. Selon le quotidien économique Handelsblatt, elle a présenté un plan à la ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, dans lequel elle indique vouloir commander 90 Eurofighter [dont 38 sont déjà prévus dans le cadre du projet Quadriga, ndlr] et 45 F/A-18.

Actuellement, sur les 80 Tornado de la Luftwaffe, 40 environ sont certifiés pour emporter la B-61. Et 28 Tornado ECR étaient en service au 31 décembre 2018. Or, selon Handelsblatt, le plan soumis à Mme Kramp-Karrenbauer prévoit l’achat d’EA-18 Growler.

Pour le moment, rien n’a été décidé au sujet de la suite à donner à ce plan. Mais la perspective de voir la Luftwaffe se doter de F/A-18 a fait monter au créneau le puissant syndicat IG Metall, lequel a fait valoir, dans une lettre ouverte adressée aux ministres concernés, qu’un tel achat ferait profiter Boeing de l’argent du contribuable allemand et mettrait en péril « l’avenir de l’aérospatiale militaire en Allemagne ».

Les Eurofighter destinés à la Luftwaffe sont en effet assemblés à Manching et la plupart des composants viennent d’Augsbourg [Premium Aerotec], de Munich [MTU], d’Ulm [Hensoldt] d’Immenstaad et de Kiel.

En outre, IG Metall a défendu le Système de combat aérien du futur [SCAF], un programme conduit par la France, en coopération avec l’Allemagne et l’Espagne. Il s’agit du « projet de politique industrielle et de défense le plus important d’Europe pour les prochaines décennies » qui garantit « à long terme des emplois dans les technologies clés », a-t-il fait valoir.

Mais ces arguments risquent de ne pas convaincre tout le monde… À commencer par le député chrétien-démocrate [par ailleurs proche de la chancelière Angela Merkel] Johann Wadephul. Ce dernier a récemment fait parler de lui en appelant la France à placer ses armes nucléaires sous commandement européen. « Les besoins de la Luftwaffe doivent être au premier plan lors de la prise de décsision », a-t-il répondu.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]