Covid-19 : L’opération Résilience pourrait mobiliser « plusieurs milliers » de militaires

Le 16 mars, le président Macron avait annoncé que les armées seraient mobilisées pour faire face à l’épidémie de Covid-19. Sans attendre, l’armée de l’Air a évacué plusieurs patients hospitalisés en Alsace vers des établissements situées dans des régions peu [ou en tout cas moins] touchées. La Marine nationale a sollicité le porte-hélicoptères amphibie [PHA] Tonnerre pour en faire de même en Corse. Enfin, le Régiment médical [RMED] de l’armée de Terre a été mobilisé pour déployer un hôpital de campagne à Mulhouse, en coopération avec le Service de Santé des Armées [SSA].

Outre ces actions, la Direction générale de l’armement [DGA] s’est impliquée dans la recherche d’alternative aux masques FFP2, via son centre NRBC [nucléaire, radiologique, biologique, chimique], l’Agence de l’Innovation de Défense a lancé un appel à projets pour trouver des solutions innovantes et d’autres unités, spécialisées dans la lutte NRBC, ont été sollicitées. Enfin, le SSA, qui ne représente plus que 1% de système de santé français, est évidemment mobilisé, via ses hôpitaux d’instruction.

Pour rappel, les armées avaient été mobilisées dès janvier, quand il fallut rapatrier les ressortissants français de la province chinoise de Hubei, qui était alors l’épicentre de l’épidémie de Covid-19.

Reste que pour coordonner l’action des armées dans cette « guerre au coronavirus », le président Macron a donné le coup d’envoi, le 25 mars, de l’opération « Résilience », laquelle sera « entièrement consacrée à l’aide et au soutien aux populations ainsi qu’à l’appui aux services publics pour faire face à l’épidémie de covid-19, en métropole comme en outre-Mer, en particulier dans les domaines sanitaire, logistique et de la protection. » Et d’annoncer dans la foulée l’envoi des PHA Mistral et Dixmude au large de Mayotte et des Antilles.

À l’antenne de BFMTV, le 26 mars, et après avoir rappelé les missions déjà effectuées jusqu’alors dans le cadre de la lutte contre l’épidémie, la ministre des Armées, Florence Parly, a expliqué qu’il « nous semblait [au ministère] indispensable que nous puissions construire une véritable opération, c’est à dire une opération militaire, commandée par le chef d’état-major des armées [CEMA], en liaison avec le Centre de planification et de conduite des opérations, qui gère de la même manière les opérations Barkhane et Sentinelle ».

Et Mme Parly d’ajouter que cette opération devait permettre de « monter en puissance au fur et à mesure que les besoins s’exprimeront » et de « coordonner de manière efficace les moyens dont nous disposons ».

Les missions dans le domaine sanitaire ne seront guère différentes de celle qui ont été assurées jusqu’ici. Même chose pour celles relevant de la logistique, à la différence qu’elle pourrait prendre de l’ampleur au fil des jours. Les avions de transport de l’armée de l’Air seront très probablement sollicités, de même que les unités du Commandement de la Logistique des Forces de l’armée de Terre [COMLOG], lequel a d’ailleurs déjà oeuvré pour le déploiement de l’hôpital de campagne du SSA à Mulhouse.

En outre, le lancement de l’opération Résilience venait à peine d’être annoncé que le 7e Régiment du Matériel [RMAT] a répondu à une réquisition du préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes pour transporter des masques de protection vers des entrepôts logistiques, dans la nuit du 25 au 26 mars.

Quant au volet « protection » de l’opération, les militaires n’ayant aucun pouvoir de police judiciaire [ce qu’il faut rappeler sans cesse, tant à l’adresse des citoyens lambda qu’à celle de certains responsables politiques…], les armées ne feront évidemment pas respecter les mesures de confinement. En revanche, elles peuvent soulager les policiers et les gendarmes pour d’autres tâches, comme par exemple la surveillance de sites devenus « sensibles » parce qu’ils abritent, par exemple, du matériel médical et des médicaments.

Le risque de vol est en effet très élevé. De nombreux médecins et infirmières se sont fait voler du matériel qui se trouvait dans leurs véhicules [au point qu’il leur été demandé de retirer leur caducée]. En Guyane, 40.000 masques chirurgicaux stockés au Centre spatial guyanais [CSG] ont été volés alors qu’ils devaient être remis à l’Agence régionale de santé. Le parquet de Cayenne a co-saisi la brigade de recherches et la brigade territoriale de la gendarmerie de Kourou dans cette affaire.

Quoi qu’il en soit, cette nouvelle opération mobilisera des effectifs supplémentaires, alors même que le CEMA, le général François Lecointre, a récemment dit que les Armées étaient arrivées « au bout de leurs capacités » au regard de leurs engagements et missions multiples. Et ce n’est pas le retrait des militaires français d’Irak qui permettra d’y remédier.

Sur les ondes de RTL, le 26 mars, Mme Parly a indiqué que l’opération Résilience allait mobiliser dans un premier temps « quelques centaines de militaires ». Et au fur et à mesures des demandes, « nous allons monter en puissance » et engager « certainement plusieurs milliers » de personnels, a-t-elle ajouté. « Il est difficile de donner un chiffre tout simplement parce que nous allons nous efforcer de nous adapter du mieux possible aux demandes exprimées par les préfets », a-t-elle conclu.

Où trouver des effectifs? Les armées feront-elles comme la Gendarmerie nationale, qui a envoyé sur le terrain les élèves de ses écoles?

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