Barkhane/FC-G5S : D’une ampleur inédite, l’opération Monclar a neutralisé un « grand nombre » de jihadistes

Lors du sommet de Pau, lequel a réuni la France et le pays du G5 Sahel, le 13 janvier dernier, il a été décidé de renforcer la coordination entre les états-majors de la force Barkhane et de la Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5S] ainsi que d’accentuer l’effort contre l’État islamique au grand Sahara [EIGS] dans la zone dite des trois frontières, car située aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso.

Cela s’est traduit notamment par la mise en place d’un mécanisme de commandement conjoint [MCC], avec l’intégration d’un détachement de liaison de la FC-G5S au sein du poste de commandement interarmées de théâtre [PCIAT] de Barkhane à N’Djamena, d’une cellule de partage du renseignement et d’un poste de commandement conjoint [PCC], déclaré pleinement opérationnel le 13 mars, à Niamey.

Ce PCC doit permettre de coordonner les actions menées par les différents unités – de Barkhane et de la FC-G5S – engagées dans la zone des trois frontières afin d’accroître les effets des opérations sur les groupes armés terroristes qui y sévissent. Par ailleurs, la Cellule de partage du renseignement a déjà fait ses preuves étant donné qu’elle a permis la neutralisation de « plusieurs » terroristes lors d’actions aériennes, combinées avec le déploiement de commandos au sol.

Ces orientations, auxquelles il faut ajouter le déploiement de 600 militaires français de plus, permettent désormais de concentrer un volume de forces important dans la région des trois frontières, comme l’a montré l’opération Monclar, conduite entre les 3 et 23 mars par Barkhane, la FC-G5S et les forces armées locales, dans la suite des succès opérationnels obtenus auparavant.

Ainsi, l’opération Monclar a mobilisé près de 5.000 militaires, dont 1.700 de la force Barkhane [avec 400 véhicules, dont des VBCI], 1.500 de la FC-G5S et 1.500 des forces armées nigériennes [FAN]. Ces effectifs ont été « engagés conjointement dans des opérations aux objectifs coordonnés, à partir de leurs emprises ou déployés sur le terrain, concourant toutes à l’affaiblissement des groupes armés terroristes [GAT] en zone des trois frontières », explique l’État-major des armées [EMA], dans son dernier compte-rendu.

Et ce dernier assure que les forces engagées dans cette opération ont neutralisé un « grand nombre de terroristes », appartenant principalement à l’EIGS. L’EMA ne donne plus le détail des pertes infligées aux groupes jihadistes [ce « n’est pas indicateur de réussite » plaide en effet le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées].

Cependant, au regard des ressources des GAT détruites lors de l’opération Monclar, on peut avoir une idée du nombre de jihadistes « neutralisés » [c’est à dire mis hors de combat] dans la zone d’action. Ainsi, le compte-rendu de l’EMA fait état de « 80 motos, d’un pick-up armé d’une mitrailleuse lourde, d’une grande quantité d’armements, de munitions, de matériel nécessaire à la confection d’engins explosifs, et de matériel de guerre en tout genre. »

En règle générale, il faut compte deux jihadistes par moto : l’un conduit quand l’autre tient une arme.

« De leur côté, la FC-G5S et les forces armées des pays partenaires qui opéraient en totale autonomie, et de manière coordonnée avec Barkhane, ont également porté des coups aux terroristes », précise encore l’EMA, pour qui les « nombreux succès tactiques » de l’opération Monclar ont permis de « dégrader les capacités logistiques et combattantes » des GAT « en zone des trois frontières, au bénéfice des populations locales » et de montrer le « niveau de coordination et de synchronisation » entre Barkhane et la force conjointe du G5 Sahel.

Reste à voir si les résultats de l’opération Monclar perturberont signficativement la capacité de régénération de l’EIGS, laquelle est « forte », comme l’avait expliqué le général Lecointre lors d’une récente audition au Sénat.

« Ils sont chez eux. Ils instrumentalisent des tensions interethniques. Ils recrutent des combattants de plus en plus jeunes. Ils bénéficient de la complicité d’une partie importante de la population, au sein de laquelle ils se fondent », avait-il dit. Et d’ajouter : « Nous avons un ennemi au volume moyen assez faible, mais capable de mobiliser rapidement et ponctuellement des effectifs importants – de l’ordre de la centaine, à moto – pour mener des actions sur des objectifs à forte valeur ajoutée. Le reste du temps, ils sont dilués dans la zone. »

Photo : EMA

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]