À son tour, la France rapatrie « jusqu’à nouvel ordre » ses troupes déployées en Irak

En 2015, la France avait déployé en Irak deux détachements de l’armée de Terre – les « Task Force » Narvik et Monsabert – afin de former et d’entraîner les forces de sécurité locales dans le cadre de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis [opération Inherent Resolve].

Ce pilier « formation » de la force Chammal [nom de la contribution française à la coalition] s’est ensuite réorganisé en janvier dernier, avec la fusion de ces deux deux détachements au sein d’une « task force Monsabert nouvelle génération ». Selon l’État-major des armées [EMA] , ce mouvement avait été « planifié depuis plusieurs semaines » et il n’était donc pas lié aux turbulences provoquées par la mort du général iranien Qassem Soleimani, tué quelques jours plus tôt à Bagdad par une frappe américaine.

À l’époque, et devant la complexité de la situation et les incertitudes, plusieurs membres de la coalition avaient annoncé le retrait partiel et provisoire de leurs militaires présents en Irak. Tel n’était pas la position de Paris. « La France, depuis le début, avec constance […], elle, est restée avec détermination, avec courage », et « ceux qui se battent contre la menace terroriste, ceux qui la subissent, dans cette région, savent qui est là et qui reste » fit en effet valoir le président Macron, le 16 janvier, lors de ses voeux aux armées.

La TF Monsabert « nouvelle génération » a donc pousuivi ses activités. Et, le 27 février, une promotion de 42 soldats irakiens ayant suivi la formation « réaction face à une embuscade » ont reçu leur diplôme de fin de stage. En outre, les méthodes utilisées par les instructeurs français ont fait l’objet d’une attention particulière de la part du général américain Pat White, le commandant l’opération Inherent Resolve [lequel a souligné « l’exception française qui, avec un dispositif réduit, atteint des objectifs très élevés »] et de Mme le général Jennie Carignan, commandant la Nato mission Irak [NMI].

Mais l’épidémie de Covid-19 a eu raison de cette « détermination » évoquée trois mois plus tôt par le président Macron. Ainsi, le 25 mars, l’EMA a annoncé une nouvelle « adaptation du dipositif de l’opération Chammal ». Adaptation qui passe par le retrait d’Irak de la centaine d’instructeurs de la TF Monsabert NG. Et cela, jusqu’à « nouvel ordre ». Il faut dire que les formations assurées auprès des forces irakiennes sont actuellement suspendues.

« Ce rapatriement commencera le 26 mars 2020 et concernera la centaine de soldats engagée dans le pilier ‘formation’ auprès de l’armée irakienne, ainsi que les éléments de soutien national stationnés au sein de l’état-major de l’Opération Inherent Resolve à Bagdad », a précisé l’EMA. À noter que d’autres pays ont pris une décision similaire, comme le Royaume-Uni et, plus récemment, la République tchèque.

Ce retrait, qui se veut provisoire [mais le provisoire a toujours tendance à durer….] ne signifie par pour autant la fin de l’opération Chammal. « La France reste […] engagée au Levant, car la lutte contre Daesh [État islamique ou EI] continue », a insisté l’état-major. Ainsi, la présence des militaires dans les structures de l’opération Inherent Resolve au Koweït et au Qatar est maintenue, de même que les « déploiements maritimes dans le canal de Syrie ».

Enfin, le pilier « appui », qui respose exclusivement sur des moyens aériens, reste mobilié depuis la Jordanie et le Qatar, où un avion E-3F AWACS a récemment été déployé par l’armée de l’Air. La semaine passée, les aéronefs français ont réalisé 19 sorties aériennes.

Photo : EMA

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