Covid-19 : Les forces russes envoient des experts et du matériel médical en Italie

L’Italie est actuellement le second pays le plus touché par l’épidémie de Covid-19, après la Chine, avec plus de 53.000 malades. Pire : elle compte désormais le plus grand nombre de décès causés par cette maladie [4.825 selon des chiffres arrêtés au 21 mars]. Et la Lombardie est la région la plus touchée, malgré le confinement de la population, que le gouvernement italien a d’ailleurs décidé de renforcer.

Le taux de létalité du SARS-CoV-2 [nombre de patients décédés par rapport au total de personnes infectées] y atteint 8,6%, ce qui en fait le plus élevé dans le monde. Le fait que la population italienne est la plus âgée [derrière celle du Japon] est sans doute un élément d’explication, selon Jennifer Downd, démographe et professeur de santé publique au Leverhulme Centre for Demographic Science, au Royaume-Uni. Aussi a-t-elle suggéré de s’assurer que le « virus n’entre pas en contact avec les personnes âgées, pour lesquelles il peut assez facilement s’avérer mortel. »

Quoi qu’il en soit, l’Italie a donc besoin d’aide. Faute de quoi, elle « ne s’en relèvera pas », a estimé Bruno Le Maire, le ministre français de l’Économie, à l’antenne de LCI, le 20 mars.  »
Si c’est le chacun pour soi, si on laisse tomber certains Etats, si on dit à l’Italie, par exemple, ‘débrouillez-vous tout seuls’, l’Europe ne s’en relèvera pas », a-t-il dit. Et d’insister : « Si nous ne sommes pas capables de nous rassembler, c’est le projet politique européen qui sera emporté par cette crise. »

Seulement, ce n’est pas aussi simple… étant donné que les autres pays européens s’attachent à éviter de connaître une situation analogue à celle que vit l’Italie. Qui plus est, les compétences de l’Union européenne [UE] sont limitées en matière de politique sanitaire. L’article 68 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne [TFUE] indique seulement qu’elle « encourage la coopération » entre les États membres et « complète les politiques nationales » sans avoir y substituer. Cependant, en janvier, la président croate de l’UE a appelé les 27 à « à la solidarité », via le dispositif pour une réaction politique en situation de crise [IPCR], qui permet de mieux partager les informations entre les États.

Aussi, les possibilités d’action de l’UE sont-elles limitées. En revanche, elle peut agir au niveau financier, en acceptent une entorse [inédite] à ses règles budgétaires [les fameux 3% de déficit par exemple]. Et La Banque centrale européenne [BCE] a annoncé un plan d’urgence de 750 milliards d’euros en réaction aux conséquences économiques de l’épidémie de Covid-19. « Nous sommes sur la bonne voie et il faut continuer dans la durée à manifester cette solidarité européenne pour que le continent européen puisse sortir plus fort de cette crise », a commenté M. Le Maire.

Le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, a estimé qu’il fallait aller encore plus loin en mobilisant « toute la puissance » du fonds de secours [MES] de la zone euro pour faire face à la « crise sans précédent » du coronavirus. Et cela afin d’aider « à lutter contre les conséquences de l’épidémie de Covid-19, avec pour condition que chaque Etat soit transparent et rende des comptes sur la manière dont sont dépensées les ressource », a-t-il expliqué.

Mais l’urgence est avant tout sanitaire… Avec un système de santé au bord de l’implosion, des morts par centaine chaque jour [au point de mobiliser l’armée pour évacuer les cadavres et faire respecter le confinement de la population, la Lombardie, qui ne cesses de critique le manque de solidarité au niveau européenne, a demandé de l’aide auprès de la Chine, de Cuba et du Venezuela.

La Chine avait déjà proposé son aide… Et La Havane a fait part de son intention d’envoyer 65 médecins et infirmiers à Milan. Mais la Russie, qui connaît actuellement une progression rapide de l’épidémie, a aussi indiqué qu’elle était prête à apporter son concours avec l’envoi de spécialistes et de matériel médical. C’est ce qu’a en effet proposé le président russe, Vladimir Poutine au président du Conseil italien lors d’un échange téléphonique.

« Les interlocuteurs ont examiné la situation autour de la pandémie de coronavirus, ainsi que les mesures prises par les deux pays pour empêcher la propagation de l’infection. Vladimir Poutine a exprimé son soutien aux dirigeants et au peuple d’Italie en raison d’une situation épidémique très dure en Italie » a ainsi indiqué le service de presse du Kremlin. Et le texte d’ajouter : « Il est notamment prévu d’envoyer des moyens de protection, des systèmes mobiles […] de désinfection des transports et des terrains, des équipements médicaux et autres, ainsi que des brigades de spécialistes russes dans les régions italiennes les plus touchées. »

Aussi, ce 22 mars, le ministère russe de la Défense a annoncé l’envoi d’une centaine de virologues militaires « expérimentés » en Italie, alors que Rome vient d’annoncer la mort de 800 malades en 24 heures.

« Une centaine de virologues et d’épidémiologistes qui ont une grande expérience pratique dans la lutte contre la propagation des infections virales […] et la désinfection des édifices et des infrastructures se dirigent vers l’Italie », a fait savoir Moscou. Les spécialistes russes envoyés en Italie « ont participé personnellement à l’élimination des flambées de peste porcine africaine, de peste sibérienne, ainsi qu’au développement du vaccin contre la fièvre Ebola », a précisé le ministère russe de la Défense.

Au total, 9 avions de transport Iliouchine-76 des forces aérospatiales russes doivent arriver prochainement en Italie, avec à leur bord des systèmes mobiles de désinfection et des équipements médicaux. Le premier a décollé ce 22 mars depuis l’aérodrome militaire Chkalovsky en direction de la base aérienne de Pratica di Mare, à 30 km au sud-est de Rome. Reste maintenant à voir le bénéfice politique qu’en retirera Moscou, après les critiques italiennes adressées à l’UE ainsi que la réaction des États-Unis après cette aide russe auprès d’un membre de l’Otan.

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