Indonésie : Le vice-ministre indonésien de la Défense évoque l’achat possible d’avions de combat F-35

La semaine passée, l’agence Bloomberg a fait état de pressions exercées par les États-Unis sur l’Indonésie afin de dissuader ses forces aériennes d’acquérir 11 avions de supériorité aérienne Su-35 « Flanker E » auprès de la Russie.

Annoncé en août 2017, puis confirmé par Djakarta en février 2018 pour un montant de 1,4 milliard de dollars, cet achat ne s’est toujours pas concrétisé depuis, malgré les assurance données par des responsables indonésiens qu’il allait connaître une issue rapide. D’où quelques interrogations…

Cela étant, plusieurs éléments peuvent expliquer ce retard. En premier lieu, la façon dont Djakarta entend honorer une partie de la facture peut donner lieu à des complications.

En effet, il avait été question qu’une partie de la somme allait être payée par des livraisons de matières premières [caoutchouc, huile de palme, thé, etc] à la Russie. Or, ces dernières sont soumises à des variations de cours, ce qui ne rend pas aisé un accord sur leur valeur. Ainsi, Moscou voudrait fixer leur prix à leur cours moyen le plus bas, ce que refuse évidemment Djakarta.

Un autre élément à prendre à considération dans cette équation est la loi indonésienne, laquelle stipule que les marchés publics relatifs à l’armement doivent être en partie compensés. Sur ce point, les autorités indonésiennes voudraient que leurs homologues russes acceptent d’installer une usine de pièces détachées et consentent des transferts de technologie.

Enfin, et comme l’a rappelé Bloomberg, en se basant sur les confidences d’un responsable indonésien, la loi américaine dite CAATSA [Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act], qui prévoit des sanctions contre les entités faisant affaire avec l’industrie russe de l’armement, a de quoi refroidir les ardeurs de Djakarta, qui a pourtant émis le souhait d’acquérir des F-16 Block 70/72 Viper auprès du constructeur américain Lockheed-Martin en novembre dernier.

Pour rappel, l’Indonésie s’attache à diversifier son approvisionnement en matière d’armement. Ce qui fait que, actuellement, ses forces aériennes disposent d’avions américains [F-5, F-16 B/C] et russes [Su-27 et Su-30].

Quoi qu’il en soit, la source de l’agence Bloomberg a indiqué que les « Américains ont plutôt demandé aux Indonésiens d’envisager d’acheter des F-16 Viper » plutôt que des Su-35″. Mais, a-t-elle continué, « l’Indonésie voudrait plutôt négocier l’achat d’avions F-35. » Ce qui pouvait sembler curieux étant donné que ces derniers ne sont pas des appareils de supériorité aérienne…

Qui plus est, les propos tenus par le ministre indonésien de la Défense, Probowo Subianto, quelques jours après une visite à Paris, ont plutôt suggéré que Djakarta cherchait une alternative auprès de la France, une commande potentielle de 48 Rafale ayant été évoquée.

Cela étant, le vice-ministre indonésien de la Défense, Sakti Wahyu Trenggono, a confirmé que l’option F-35 était bien envisagée. C’est en effet ce qu’il a affirmé, ce 18 mars, lors d’un entretien accordé à CNN Indonesia, tout en maintenant l’ambiguïté au sujet de l’achat des 11 Su-35 « Flanker E ».

Ainsi, le responsable indonésien a démenti que des pressions américaines avaient conduit Djakarta à remettre en cause l’acquisition des avions de combat russes. « Nous ne pouvons pas encore acheter [les Su-35] parce qu’il y a des obstacles », a-t-il dit, sans donner plus de détails.

Et justement, en raison de ces difficultés, il a affirmé que d’autres options sont actuellement envisagées, dont l’achat d’avions F-35. Et, a priori, ce serait la piste privilégiée.

« Nous envisageons de remplacer l’acquisition des Su-35 par des F-35 », a en effet affirmé Sakti Wahyu Trenggono. Seulement, le prix d’achat ne sera pas le même et il est peu probable que Lockheed-Martin se fasse payer en nature.

Quoi qu’il en soit, c’est la première fois qu’un achat de F-35 est ainsi officiellement évoqué. Ce qui suggère deux hypothèses : la première est qu’il s’agirait de faire pression sur Moscou afin de lever les obstacles soulignés par M. Trenggono. La seconde est que, avec un prix unitaire annoncé en baisse, Djakarta,  a bien l’intention de se procurer des F-35 dans le cadre de son projet de mettre en réseau ses plateformes terrestres, navales et aériennes. Et cela marquerait un rapprochement avec Washington, à l’heure où Pékin ne cache pas son intérêt pour les îles indonésiennes Natuna. Pour les États-Unis, une telle commande permettrait de compenser en partie l’annulation de la commande turque.

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