Sahel : La force française Barkhane a « neutralisé » quatre rassemblements jihadistes en quelques jours

Lors d’une récente audition au Senat, le général François Lecointre, chef d’état-major des armées [CEMA] a souligné que le Burkina Faso était en train de devenir le « deuxième homme malade de la région » sahélienne en raison de la progression de la menace jihadiste. Menace qui, si ce pays y succombe, risque de s’étendre ensuite vers le Ghana, la Côte d’Ivoire et le sud de Bamako.

« Le président Kaboré considère que le Burkina Faso utile est encore sous contrôle de l’état. Or, une zone de non-droit est en train de se constituer au nord du Burkina Faso, comme au nord de Niamey. Ces dernières semaines, les attaques les plus terribles au Burkina Faso ne se sont pas déroulées contre les armées burkinabè – qui ont déserté la zone – mais contre les populations mossies du nord du pays. […] Le risque d’une dégénérescence de la crise au Burkina Faso est donc très important », a en effet expliqué le général Lecointre.

D’où les récentes actions menées par Barkhane dans le nord de ce pays. Ainsi, entre les 2 et 3 mars, une opération conduite dans la province de l’Oudalan, sur la base de renseignements précis, a combiné frappes aériennes et assaut héliporté au sol contre un rassemblement de combattants de l’État islamique au grand Sahara [EIGS]. L’État-major des armées [EMA] s’est refusé à en donner un bilan précis, se bornant à dire que « plusieurs terroristes » ont été « neutralisés », c’est à dire mis hors de combat.

« Neutraliser est un terme élégant pour dire qu’on les tue », avait précisé le général Lecointre, lors d’un entretien donné en juillet 2019 à CNEWS.

Deux jours plus tard, en coordination avec les forces maliennes et burkinabè, trois Mirage 2000D ont effectué des frappes aériennes contre un « vaste campement » jihadiste situé dans le nord du Burkina Faso, après l’exploitation de « renseignements à fin d’action ». Le fait que trois avions aient été engagés [contre généralement deux] peut donner une indication sur l’étendue ou l’importance du camp terroriste visé. L’EMA n’a pas donné le bilan de cette action.

Puis, le 9 mars, toujours dans le nord du Burkina Faso, une frappe, sans doute réalisée par un drone MQ-9 Reaper, a détruit un pick-up armé d’une mitrailleuse lourdes ainsi que des motos. « Plusieurs combattants terroristes » ont été « neutralisés » lors de cette intervention, indique l’EMA, toujours sans donner le détail des pertes subies par les jihadistes.

Par ailleurs, Barkhane a également conduit une opération dans le nord du Niger, en coordination avec les forces armées licales. « Capitalisant sur une manœuvre de renseignement conduite dans cette région où sévit l’EIGS, la force Barkhane a caractérisé un plot logistique terroriste sur lequel évoluaient de nombreux combattants armés », explique l’EMA. Une patrouille de Mirage 2000D a donc effectué une frappe, laquelle a été suivie par l’engagement au sol de commandos. Là encore, étant donné qu’il y avait de « nombreux » jihadistes dans la zone, on peut supposer que leurs pertes ont été importantes.

Dans son dernier point de situation, l’EMA rappelle que ces opérations visent à « accentuer la pression » sur les groupes armés terroristes [GAT] ainsi qu’à « les déstructurer, et leur dénier tout sentiment d’impunité dans cette région. »

Cela étant, des exactions sont encore ponctuellement commises. Comme le 9 mars, à Kourkanda, un village malien proche de la frontière avec le Burkina Faso.

« Vers le crépuscule, ils sont venus en petits groupes sur des motos, tous armés. Ils ont commencé à faire des tours à moto autour des petits villages. Ce n’est que vers 20 heures, le 9 mars, qu’ils ont commencé à attaquer les villages », a expliqué un responsable local à l’AFP. « Ils se sont ensuite regroupés et ont attaqué et incendié notre village », a-t-il ajouté. Et de préciser qu’il « il y a eu 10 morts » parmi les habitants. Pour le moment, on ignore si les assaillants appartenaient à un GAT ou s’ils ont agi pour des motifs communautaires.

Enfin, le 12 mars, plusieurs soldats nigériens ont été tués lors d’une attaque menée à Ayorou, près de la frontière avec le Mali, à 200 km au nord-ouest de Niamey. « Neuf soldats tombés sur le champ d’honneur. Tous les assaillants ont été neutralisés par une frappe aérienne », a indiqué une source sécuritaire.

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