L’Allemagne compte sur l’Italie pour remplacer ses six Tornado engagés au sein de la coaltion anti-jihadiste

L’engagement militaire au sein de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis a donné lieu à de vifs débats en Allemagne. Étant donne que le califat autoproclamé par l’État islamique [EI ou Daesh] venait d’être défait, certains responsables, situés à gauche de l’échiquier politique, ont en effet plaidé pour une réduction des moyens engagés par la Bundeswehr au Levant. Voire à un retrait total. A contrarion, d’autres, à commencé par Annegret Kramp-Karrenbauer, la ministre de la Défense, ont souligné la nécessité de maintenir la pression sur l’organisation terroriste afin d’empêcher son éventuel retour.

Finalement, un compromis a été trouvé. Les six avions de reconnaissance Panavia Tornado ECR déployés en Jordanie dans le cadre de la coalition resterait engagés jusqu’au 31 mars, de même que l’avion-ravitailleur A310 MRTT. Quant aux formations des forces irakiennes par la Bundeswehr, elle pourrait continuer pendant un an de plus.

Cependant, ces plans ont depuis évolué. Ainsi, selon un document évoqué par la presse d’outre-Rhin, le retrait des six Tornado ECR serait maintenu. Et les capacités qu’ils apportent à la coalition pourraient être fournies par l’Aeronautica Militare [Italie]. En tout, une confirmation officielle de Rome est attendue prochainement. Mais au regard de la situation en Italie en raison de l’épidémie de coronavirus, il ne serait pas surprenant qu’elle se fasse attendre.

Toujours dans le domaine aérien, le gouvernement allemand envigagerait de maintenir l’A310 MRTT au sein de la coalition et, surtout, la Luftwaffe aurait à se concentrer sur des missions de transport aérien au profit des « des alliés et des organisations internationales. » Quant à la formation des forces irakiennes, elle se ferait désormais dans le cadre de l’Otan, cette dernière ayant accepté de répondre à une demande des autorités irakiennes visant élargir la mission qu’elle avait lancée en octobre 2018. Enfin, il est question de déployer un radar de surveillance aérienne en Irak.

Le Bundestag [chambre basse du Parlement allemand] devait se prononcer sur ces ajustements ce 13 mars. « L’Allemagne montre une fois de plus qu’elle est prête à assumer ses responsabilités au sein de l’Otan. […] Nous voulons vaincre complètement le réseau terroriste de l’EI et le bannir de la réalité de la vie en Irak. Nous voulons également permettre aux forces armées irakiennes d’assurer indépendamment la sécurité et la stabilité en Irak. Parce que stabiliser l’Irak est dans l’intérêt de la sécurité allemande », a fait valoir Jürgen Hardt, le porte-parole pour la politique étrangère du groupe parlementaire CDU/CSU.

Cela étant, les députés allemands ont eu aussi à discuter d’autres engagements de la Bundeswehr.

Ainsi, au terme d’un débat décrit comme « houleux » par l’hebdomadaire Der Spiegel, les députés allemands ont accepté de prolonger, pour un an de plus, le mandat de la Bundeswehr en Afghanistan au titre de la mission Resolute Support, conduite par l’Otan [358 pour, 160 contre et 21 abstentions]. En clair, les soldats allemands resteront à Mazar e Sharif jusqu’au 31 mars 2021.

Les opposants à cette prolongation ont accusé le gouvernement « de ne pas décrire correctement la voie à suivre après l’accord récemment signé entre Washington et les talibans », écrit Der Spiegel, en faisant référence à l’accord conclu à Doha. Les États-Unis ont d’ailleurs amorcé leur retrait d’Afghanistan, en abandonnant deux bases situées dans les province d’Hérat et du Helmand.

Pour justifier sa position, le gouvernement allemand a fait observer que le niveau de violence en Afghanistan reste élevé, que les négociations entre les talibans et les autorités afghanes n’ont toujours pas commencé et qu’il y a toujours un différend au sujet des résultats de l’élection présidentielle de septembre 2019.

Le mandat actuel de la Bundeswehr l’autorise à déployer jusqu’à 1.300 soldats en Afghanistan. Dans les faits, ils sont actuellement 1.200, dont 970 présent à Mazar e Sharif.

Photo : Bundeswehr / Oliver Pieper

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