Le renforcement de Barkhane va poser la question de l’avenir de la mission intérieure Sentinelle

Dans la foulée du sommet de Pau relatif aux opérations menées au Sahel contre les groupes armés terroristes [GAT], il a été annoncé l’envoi de 600 militaires français supplémentaires auprès de la force Barkhane, ce qui portera les effectifs de cette dernière à 5.100 hommes.

Entre les relèves [tous les quatre mois, ndlr], la préparation opérationnelle des unités appelées à rejoindre le Sahel et les permissions accordées après une opération extérieure, ce renforcement de la force Barkhane ne sera pas sans conséquences sur la gestion des ressources humaines de l’armée de Terre. D’autant plus que, dans le même temps, cette dernière fournit aussi le gros des troupes à la mission intérieure [MISSINT] Sentinelle.

Lancée au lendemain des attentats de Paris, en janvier 2015 avec 10.000 soldats sur le terrain, Sentinelle avait motivé la révision à la hausse des effectifs de la Force opérationnelle terrestre [FOT], avec la nécessité de trouver 11.000 recrues supplémentaires. Une nécessité étant donné que, à l’époque, cet engagement sur le territoire national avait contraint l’armée de Terre à annuler 70 % des rotations dans les centres d’entraînement spécifiques.

Depuis, le dispositif Sentinelle a évolué de façon à ce qu’il soit davantage « mobile et réactif ». Pour autant, le nombre de militaires concernés par cette mission intérieure n’a pas changé dans la mesure où ils se répartissent selon trois niveaux [un échelon permanent, un échelon de renforcement planifié et une réserve stratégique de 3.000 soldats appelés à intervenir si besoin].

En outre, comme il n’est pas question, pour le moment du moins, de réduire les effectifs engagés dans d’autres opérations [FINUL au Liban, Chammal en Irak], les marges de manoeuvres de l’armée de Terre risquent donc d’être un peu plus rognées avec le renforcement de Barkhane.

D’ailleurs, le sénateur Cédric Perrin a soulevé ce point quand la commission des Affaires étrangères et des Forces armées a reçu le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA] pour évoquer la situation au Sahel.

« Comment concilier notre capacité à projeter des soldats en nombre de plus en plus important, avec d’une part, l’opération Sentinelle qui mobilise entre 3.000 et 10.000 hommes et, d’autre part, les difficultés croissantes de nos soldats à s’entraîner et à s’aguerrir? », a demandé le parlementaire au CEMA.

Visiblement, pour le général Lecointre, cette question va effectivement se poser… mais pas tout de suite.

« La question de Sentinelle sera posée, car nous avons besoin d’avoir plus de souplesse sur cette opération, mais je ne souhaite pas l’ouvrir dès aujourd’hui », a-t-il en effet répondu au sénateur.

En réalité, tout dépend du niveau de la menace terroriste sur le territoire national… En novembre 2018, le général Jean-Pierre Bosser, alors chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT] avait estimé que le moment était « venu de ne pas inscrire Sentinelle dans une sorte de plan ‘Vigipirate’ permanent ». Aussi, avait-il dit, l’enjeu allait donc être de diminuer les effectifs engagés dans cette mission tout en cherchant à accroître leur « visibilité », via notamment des exercices « en terrain libre ».

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