Niger : Déployés durant un mois dans le Liptako, les légionnaires du 2e REP ont mené la vie dure aux jihadistes

À l’issue du sommet de Pau, le 13 janvier, le président Macron annoncé l’engagement de 200 militaires supplémentaires au titre de l’opération Barkhane, afin d’accentuer l’effort contre l’État islamique au grand Sahara [EIGS], une organisation jihadiste qui sévit notamment dans la région dite des trois frontières, c’est à dire située aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso.

Prépositionnés en Côte d’Ivoire, ces renforts annoncés, principalement issus du 2e Régiment Étranger de Parachutiste [REP], ont rapidement formé le Groupement tactique désert [GTD] « Altor », lequel a été déployé, en janvier dans le Liptako, aux côtés du 1er bataillon de marche des forces armées nigérienne [FAN], lesquelles venaient de subir de lourdes pertes lors des attaques d’Inates et de Chinégodar.

À noter que, dans le même temps, le GTD « Centurion », formé par des légionnaires du 2e REI et du 1er REC, s’est concentré sur le Liptako malien.

Le GTD Altor est donc resté sur le terrain pendant un mois, en toute autonomie et dans des conditions difficiles, avec l’objectif de couper les groupes armés terroriste [GAT], relevant notamment de l’EIGS, de leurs ressources. En clair, il s’est agi de dégrader leur logistique et de désorganiser, autant que possible, leurs réseaux de commandement.

« La particularité de notre groupement est notre présence continue en opération dans cette région du Sahel. Nous ne sommes pas adossés à une base. Nous sommes déployés depuis plus d’un mois sur le terrain en autonomie. Les conditions sont sommaires et l’engagement exigeant, mais Altor, aux côtés des FAN, obtient des résultats », a expliqué le colonel de La Chapelle, le chef de corps du 2e REP

Lors de cette opération, les légionnaires ont pu compter sur l’appui d’un A400M Atlas qui, parti de France [une première pour cet appareil, ndlr], leur a livré 40 tonnes de vivres, d’eau, de carburant et de munitions en deux largages [le second a été effectué depuis Niamey, nldr].

Lors de cet engagement exigeant, souligne l’État-major des armées [EMA] dans son compte-rendu hebdomadaire, les légionnaires français et les soldats nigériens ont combiné des modes d’action « très variés » pour tenter de surprendre et harceler les jihadistes, que ce soit de jour comme de nuit.

« Infiltrations, embuscades, contrôles de zone, opérations de ratissage et de fouilles, opérations héliportées, ont notamment permis de neutraliser plusieurs terroristes et de saisir de nombreuses ressources logistiques ainsi que de l’équipement de guerre », détaille-t-il.

C’est ainsi, comme cela a été rapporté la semaine passée, d’importantes saisies d’équipements [postes de radio, drones, etc] d’armements et de munitions ont pu être réalisées. Et, lors de trois engagements distincts [les 21 ,23 et 27 février], les légionnaires ont « neutralisé près d’une dizaine de combattants » et détruit plusieurs motos, avance l’État-major.

Ce dernier souligne que, durant ce mois d’opération, le GTD « Altor » a « directement participé à accentuer la pression voulue sur les GAT qui agissent dans la zone des trois frontières » et que cet engagement aux côtés des forces nigériennes « s’inscrit dans le partenariat de combat qui permet progressivement la montée en puissance des forces partenaires et qui concourt pleinement à l’objectif principal de la force Barkhane », à savoir « mettre les groupes armés terroristes à la portée des forces partenaires ».

Devant les journalistes de l’Association de la presse diplomatique, rapporte l’AFP, un conseiller de l’Élysée [qui n’a pas été nommé] a avancé que la situation est en train de s’améliorer dans cette région des trois frontières, à l’exception de la partie concernant le Burkina Faso.

« On est effectivement dans une logique de reprise de contrôle d’un terrain qui avait été perdu. […] Sur la zone des trois frontières, on constate depuis [le sommet de] Pau une amélioration » laquelle est « attribuable à l’état-major conjoint qui a été constitué [entre Barkhane et la Force conjointe du G5 Sahel] et qui permet une planification des opérations », a affirmé ce conseiller. Cependant, a-t-il continué, « je mets un bémol à ce satisfecit parce qu’autant la situation s’améliore côté nigérien (et) côté malien, autant elle ne s’améliore pas côté burkinabè. »

Par ailleurs, s’agissant d’un éventuel dialogue que Bamako cherche à établir avec Iyad Ag Ghaly, le chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM ou JNIM], ce conseiller de l’Élysée a été catégorique : il n’en est pas question. « Iyad [Ag Ghaly] reste un membre éminent de la hiérarchie d’Al Qaïda, donc à partir du moment où al-Qaïda reste notre ennemi, Iyad reste notre ennemi. Son statut n’a pas changé et son positionnement, à ma connaissance, n’a pas changé non plus », a-t-il dit.

Photos : État-major des armées

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