HX Challenge : A priori, le F-35A a laissé une impression mitigée en Finlande

Pour remplacer les F/A-18 Hornet de sa force aérienne, la Finlande a lancé un appel d’offres visant à acquérir 64 nouveaux appareilspour un montant compris entre 7 et 10 milliards d’euros. Et, pour cela, Helsinki a sollicité cinq industriels, dont Dassault Aviation [Rafale B/C], Saab [Gripen E/F], Boeing [F/A-18 E/F Super Hornet], le consortium Eurofighter [Typhoon] et Lockheed-Martin [F-35A].

Selon les critères qui seront déterminants pour faire leur choix, les autorités finlandaises ont mis en avant les capacités de combat l’interopérabilité, la facilité d’utilisation en temps de paix comme en temps de guerre et des coûts d’exploitation raisonnables, c’est à dire pouvant être supportés par le budget du ministère de la Défense.

En janvier et en février, la force aérienne finlandaise a organisé le « HX Challenge », c’est à dire une campagne visant à évaluer séparément les cinq concurrents en lice dans les conditions propres à la Finlande, sachant que, comme l’avait expliqué le colonel Juha-Pekka Keränen, le directeur de ce programme, le grand froid est susceptible d’avoir des effets sur le fonctionnement des capteurs mis en oeuvre par les avions de combat.

En outre, le HX Challenge devait permettre de vérifier que les performances des chasseurs-bombardiers en lice étaient conformes aux affirmations de leurs constructeurs ainsi qu’à l’environnement opérationnel finlandais. Pour cela, il était prévu de les évaluer lors de missions de supériorité aérienne, de renseignement, de guerre électronique ou encore de frappe au sol.

Or, visiblement, certains avions ont eu plus de difficultés que d’autres. C’est, en tout cas, ce qu’il ressort d’un entretien donné aux quotidiens Kauppalehti  et Aamulehti par le chef des projets stratégiques du ministère finlandais de la Défense, Lauri Puranen, et dont le magazine américain Aviation Week s’est fait l’écho.

« Les essais ont montré que toutes les spécifications promises par les fabricants n’avaient pas été respectées », a commencé par dire M. Puranen, avant de préciser que les données collectées étaient en cours d’analyse. « Il y aura toujours des surprises, mais on savait que certains appareils présenteraient des lacunes », a ajouté M. Puranen, qui s’est gardé de préciser lesquels.

Cependant, le responsable finlandais a fait part de certaines remarques à l’égard du Gripen E/F et du F-35A. Pour le premier, le responsable finlandais a relevé qu’il était encore en cours de développement et que, par rapport aux autres, il avait plus de chemin à faire pour se mettre au niveau des exigences exprimées par Helsinki.

Quant au second, et alors alors que la participation au HX Challenge de quatre F-35A était annoncée [le nombre minimal requis était de deux], seulement deux sont arrivés à la base aérienne de Pirkkala [un problème avec un avion ravitailleur en aurait été la cause, ndlr]. Et un seul a pu effectuer toutes les évaluations, l’autre n’ayant pas été en mesure d’accomplir la totalité du programme prévu [soit 40 vols au total].

Effectivement, d’après les photographies du HX Challenge diffusées sur les réseaux sociaux par la force aérienne finlandaise, on peut voir qu’un seul F-35A voler en formation avec les F/A-18 Hornet de cette dernière. Ce qui n’est pas le cas pour les autres concurrents. À noter que Boeing avait aussi envoyé en Finlande un EA-18 Growler et deux F/A-18 E/F Super Hornet.

Qui plus est, ces deux F-35A ont été accompagnés par deux avions de transport C-17, avec tout le matériel nécessaire à leur soutien durant leur séjour d’une semaine en Finlande. « Aucun des autres appareils n’avait une telle empreinte », ont noté certains médias finlandais, selon Aviation Week. Ce qui n’est pas un bon point pour le critère « facilité d’utilisation en temps de paix comme en temps de guerre ».

Cela étant, à ce stade, aucun appareil n’a été éliminé de la compétition. D’ailleurs, ce n’était pas le but du HX Challenge. D’autant plus que les constructeurs n’ont pas montré toutes leurs cartes, notamment pour ce qui concerne la guerre électronique.

« Notre situation géographique [proximité avec la Russie, ndlr] et les exigences de sécurité des candidats avaient imposé des limites aux tests des capacités de guerre électronique les plus sensibles. Cependant, nous serons en mesure de les vérifier dans les propres zones de test des principaux opérateurs des concurrents », a expliqué le colonel Keranen, sur le site de la force aérienne finlandaise. En outre, ce dernier présume que les constructeurs en lice auront « des ‘as’ dans leur manche, c’est à dire des capacités qui ne seront communiquées qu’une fois que la décision d’achat aura été prise. »

Reste que le F-35A peut faire valoir d’autres arguments par la suite. Ainsi, le blog « Corporal Frisk » note qu’il sera probablement le seul des cinq candidats en lice « à être maintenu en service et mis à jour bien au-delà de 2060″… et à être furtif, même si sa signature radar augmente à mesuire qu’il emporte plus plus sous ses ailes.

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