L’Espagne et l’Algérie ont un désaccord au sujet de leur frontière maritime

En avril 2018, l’Algérie a adopté un décret ayant modifié ses frontières maritimes près de l’archipel espagnol des Baléares. Or, d’après le quotidien El Pais, le nouveau tracé concernerait les eaux entourant l’île de la Cabrera, située à une dizaine de kilomètres au sud de Majorque. Qui plus est, Alger n’avait pas averti Madrid des intentions.

Ce décret était jusqu’alors passé pratiquement inaperçu… Mais le gouvernement des îles Baléares a récemment demandé à Madrid de « clarifier » la situation, étant donné, avec cette décision prise unilatéralement par Alger, la zone économique algérienne engloberait une partie des eaux du Parc national de Cabrera.

D’ailleurs, sur ce point, le ministre de l’Environnement du gouvernement régional, Miquel Mir, soupçonne les autorités algériennes de chercher à ouvrir la voie à de futurs projets de prospection d’hydrocarbures dans cette zone protégée. En clair, le décret en question aurait été inspiré par la société algérienne Sonatrach [Société d’état pour la recherche, l’exploitation et la commercialisation d’hydrocarbures].

Actuellement, dans cet espace, seules sont autorisées les campagnes de prospections à vocation scientifique. À ce titre, le gouvernement régional a accordé une licence à l’institut italien INOGS [Instituto Nazionale di Oceanografia e di Geofisica Sperimentale]. D’où l’hypothèse sous-entendue par certains que cet organisme aurait cédé le résultat de ses recherches à la Sonatrach. Ce qui expliquerait la décision d’Alger.

Quoi qu’il en soit, la ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, a souligné, ce 20 février, que « quand tes eaux territoriales chevauchent celles de ton voisin, cela doit donner lieu à négociation, et dans la pratique, ces négociations durent très très longtemps. »

Pour le moment, Madrid n’a fait qu’exprimer son désaccord sur le nouveau tracé des frontières maritimes algériennes. « Ce que nous avons fait est d’exprimer notre désaccord (pour) obliger l’autre partie à démarrer une négociation. Et cette négociation, depuis 2018, n’a pas eu lieu », a en effet expliqué la cheffe de la diplomatie espagnole.

Cela étant, cette dernière évoquera ce dossier avec son homologue algérien à l’occasion d’une visite à Alger, 26 février prochain. Les discussions risquent de s’éterniser… Et sachant que l’approvisionnement de l’Espagne en gaz naturel dépend à 50% de l’Algérie, les autorités algériennes auront sans doute quelques arguments à faire valoir.

Par ailleurs, l’Espagne discute également de ses frontières maritimes avec le Maroc. Ce dossier a, par le passé, suscité des tensions entre les deux pays. Lors d’une visite de Mme Gonzalez à Rabat, en janvier dernier, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, avait assuré qu’il « n’y aurait pas de politique du fait accompli ou de décision unilatérale » sur ce sujet. Son homologue espagnole avait quant à elle rappelé que le Maroc avait « le droit de délimiter sa zone maritime internationale » mais à condition de le faire « en accord avec l’autre pays et en respectant les règles et normes de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. »

En 2002, les tensions entre Madrid et Rabat avait été vives au sujet de l’îlot [espagnol] inhabité de Persil, situé à 250 mètres des côtes marocaines et à 8 kilomètres de la ville espagnole de Ceuta. En juillet de cette année-là, l’armée marocaine y avait envoyé 6 soldats pour y mettre en place un avant-poste. L’Espagne y avait envoyé ses forces spéciales [Grupos de operaciones especiales] y avaient pour y rétablir la souveraineté.

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