Espace : La France rejoint l’initiative « Opérations spatiales interalliées », lancée par les États-Unis

Au niveau militaire, la France et les États-Unis coopèrent depuis longtemps dans le domaine spatial, en particulier pour assurer le suivi des débris spatiaux en orbite. En outre, des militaires français participent régulièrement au « Schriever Wargame », un exercice qui, organisé aux États-Unis, concerne la planification et la conduite des opérations spatiales et cyber.

En 2016, à l’occasion d’un déplacement à Washington, Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, s’était mis d’accord avec le chef du Pentagone [Ashton Carter, à l’époque] pour établir un « cadre global » devant améliorer la coopération franco-américaine dans le domaine spatial pour « les dix prochaines années ». Il était alors question d’identifier les « opportunités pour les deux pays de travailler ensemble. »

Puis, la même année, à l’instar de l’Allemagne, la France fut admise en qualité d’observateur à participer à l’initiative « Combined Space Operations » [CSpO], c’est à dire, pour schématiser à grands traits, l’équivalent des « Five Eyes » pour le renseignement étant donné que cette dernière réunissait alors les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande.

Depuis, la France s’est dotée d’une stratégie spatiale en matière militaire et, en septembre 2019, le Commandement interarmées de l’espace [CIE] est devenu le « Commandement de l’espace », une structure placée sous l’autorité de l’armée de l’Air.

Et conformément aux orientations définies par cette stratégie, le général Michel Friedling, qui tient les rênes de ce nouveau commandement, a été mandaté par la ministre des Armées, Florence Parly, pour signer l’adhésion pleine et entière de la France au CSpO. Ce qui a été fait le 12 février.

Selon les explications du ministère des Armées, cette initiative « opérations spatiales interalliées » doit permettre de coordonner les efforts de ses membres en matière de défense spatiale, tout en cherchant à améliorer leurs capacités dans ce domaine, « qu’elles soient nationale ou collectives ».

Plus précisément, d’après l’US Air Force, cette CSpO permet à ses membres de mieux se coordonner afin de « promouvoir leurs intérêts nationaux » et d’avoir une « meilleure connaissance de la situation spatiale » et de partager leurs données en vue de « soutenir les activités spatiales. »

« L’enjeu est d’être capable de coordonner les capacités alliées, d’en augmenter la résilience pour assurer le soutien aux opérations multidomaines, de garantir un accès libre à l’espace et d’y protéger les moyens qui s’y trouvent, le cas échéant en coalition », souligne l’armée de l’Air.

Et d’ajouter : « Des travaux réguliers sont conduits au sein de plusieurs groupes de travail auxquels participent des personnels du Commandement de l’espace [CDE] de l’armée de l’Air, de la Direction générale de l’armement [DGA] et de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie [DGRIS]. »

Cela étant, la coopération franco-américaine dans le domaine spatiale n’a pas toujours été aussi cordiale. Lors d’une récente audition au Sénat, Bruno Sainjon, le président-directeur général de l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA] a en effet confié une petite anecdote à ce sujet.

Ainsi, quand le système de surveillance de l’espace GRAVES a été mis en service, en 2005, les « Américains qui, jusqu’alors, rendaient publiques les coordonnées de nos satellites militaires, les ont retirées des documents qu’ils diffusaient, probablement de peur qu’on en fasse autant » avec ce radar qui « permet à nos armées de disposer d’une élaboration et d’une tenue autonome de la situation spatiale en orbite basse, jusqu’à 1 000 kilomètres environ, sur des objets de la gamme du minisatellite – soit un cube d’un mètre d’arête ».

Par ailleurs, dans le domaine civil, le Centre nationale d’études spatiales [CNES] est habitué à coopérer avec d’autres agences, dont, évidemment, la NASA. En octobre dernier, son président, Jean-Yves Le Gall, a signé un accord relatif « au traitement opérationnel et au retraitement des données brutes de télémesure de la mission SWOT [Surface Water and Ocean Topography] ainsi qu’une une déclaration d’intention avec le Secrétaire américain au Commerce, portant sur le contrôle du trafic en orbite.

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