L’Espagne pourrait renforcer la mission de l’Otan en Irak

Depuis l’élimination, le 3 janvier dernier, à Bagdad, du général iranien Qassem Soleimani le chef des opérations extérieures des Gardiens de la révolution iranien et Abou Mehdi al-Mouhandis, le numéro deux du Hachd al-Chaabi, une alliance de milices chiites pro-Téhéran, la présence militaire américaine en Irak est désormais « indésirable ». Pour autant, les autorités irakiennes ne souhaitent pas couper les ponts avec les Occidentaux. D’où des discussions en cours visant à accroître la mission que mène l’Otan dans ce pays afin d’y former et d’entraîner les forces de sécurité locales.

Cette hypothèse avait d’ailleurs été avancée dès le 11 janvier par Florence Parly, la ministre française des Armées, sur les ondes de France Inter. « Une mission de l’Otan est présente en Irak, avec la même tâche [d’accompagnement des forces irakiennes, ndlr]. Je pense que cela fait partie des pistes sur lesquelles nous devrions être plus actifs encore », avait-elle en effet affirmé.

Depuis, il a été rapporté que le secrétaire général adjoint aux opérations de l’Alliance atlantique, John Mansa, et le vice-ministre irakien des Affaires étrangères, Abdul Karim Hashim, se sont mis d’accord pour dire qu’une « coopération étroite entre la République d’Irak et l’Otan serait mutuellement avatangeuse. »

Qui plus est, le président américain, Donald Trump, a demandé à l’Otan de s’impliquer davantage au Moyen-Orient. Ce que Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan, a approuvé, estimant que les Alliés pourraient « contribuer davantage à la stabilité régionale ».

À la veille d’une réunion des ministres de la Défense des pays membres de l’Alliance, l’ambassadrice des Etats-Unis à l’Otan, Kay Bailey Hutchison, a rappelé la position du chef de la Maison Blanche. « Le président Donald Trump a demandé à l’Otan de faire plus dans le cadre de répartition du fardeau. Les alliés doivent venir et faire plus pour notre défense commune et partager nos risques », a-t-elle dit. « S’ils prennent une partie de la charge de travail de la coalition internationale, notamment l’entraînement, je pense que ce sera certainement une réponse à ce que le Président Trump à demandé », a-t-elle ajouté.

« Nous allons en parler mais nous annoncerons les décisions au moment où nous les prendrons », a répondu M. Stoltenberg. « La mission [en Irak] forte de 500 personnes a été suspendue, mais nous sommes en consultations avec les autorités irakiennes », a-t-il assuré. « Nous sommes venus en Irak sur invitation des autorités irakiennes et nous resterons en Irak avec une invitation », a encoe rappelé l’ancien Premier ministre norvégien.

Quoi qu’il en soit, un pays de l’Otan a déjà fait part de sa disponibilité pour accroître sa présence militaire en Irak. « L’Espagne accepte que dans une première phase, nos troupes, qui sont à Besmayah, près de Bagdad, soient placées sous l’égide de l’Otan », a en effet déclaré Margarita Robles, la ministre espagnole de la Défense, ce 12 février, à son arrivée à Bruxelles pour participer à la réunion avec ses homologues de l’Alliance.

En clair, les troupes espagnoles actuellement déployées en Irak dans le cadre de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis passeraient sous la bannière de l’Otan. Ou du moins un grande partie.

« En même temps, nous avons des contingents dans d’autres régions d’Irak qui sont avec la coalition, à Taji ou Al-Taqaddum. Et là ils continueront avec la coalition », a précisé Mme Robles.

Les militaires espagnols présents sur les emprises de Taji et d’Al-Taqaddum, situées dans la région de Bagdad, appartiennent aux forces spéciales et contribuent à la formation de l’Iraqi Counter Terrorism Service [ICTS].

Au total, l’Espagne compte environ 500 militaires en Irak, au titre de l’opération Inherent Resolve [nom de la coalition anti-jihadiste, ndlr], dont 10 font partie de la mission de l’Otan en Irak. En outre, Madrid y a envoyé la task force « Toro », laquelle met en oeuvre des hélicoptères Cougar et Chinook, ainsi qu’une unité ISR [renseignement, surveillance, reconnaissance] à la base d’Al Asad.

« Il est très important que la présence des troupes […] se fasse toujours en accord avec le gouvernement irakien, avec la société irakienne, parce que nous sommes en mission de paix, nous ne sommes pas en mission de combat », a par ailleurs insisté Mme Robles. Mais, selon elle, si les négociations sont toujours en cours « tout semble indiquer qu’il y aura cette position favorable du gouvernement irakien. »

Pour rappel, la mission de l’Otan en Irak a été décidée en juillet 2018 et créée à la demande de l’Irak. Forte de 500 instructeurs, elle vise à dispenser des conseils et des formations aux forces irakiennes, notamment dans les domaine de la lutte contre les engins explosifs improvisés, la médecine de guerre, la maintenance des blindés ou encore la planification civilo-militaire.

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