Un soldat algérien tué dans un attentat suicide à la voiture piégée commis près de la frontière malienne

Le 9 février, l’état-major de l’Armée nationale populaire [ANP] algérienne a annoncé que l’un de ses soldats a été tué dans un attentat suicide à la voiture piégée dans la région de Timiaouine, frontalière avec le Mali.

« Un détachement de l’Armée Nationale Populaire a été la cible, ce jour à 10H50, dans la zone frontalière de Timiaouine, à Bordj Badji Mokhtar en 6e région militaire, d’un kamikaze à bord d’un véhicule tout terrain piégé », a en effet précisé un communiqué publié par le ministère algérien de la Défense.

« Aussitôt identifié, le militaire chargé du contrôle de l’accès est parvenu à mettre en échec la tentative d’entrée en force du véhicule suspect, cependant le kamikaze a fait exploser son véhicule, causant le décès du militaire en faction », a ensuite expliqué la même source.

Le chef d’état-major par intérim de l’ANP, le général-major Saïd Chanegriha, a salué la « grande vigilance dont ont fait preuve les éléments du détachement qui ont pu déjouer et mettre en échec cette tentative désespérée en quête d’impact médiatique » et souligné la « détermination » des forces armées algériennes à « éradiquer le fléau terroriste et à traquer les criminels à travers tout » le pays.

Les attaques terroristes dans le sud algérien sont devenues rares depuis quelques années, notamment depuis celle ayant visé le complexe gazier d’In Amenas [40 tués, ndlr], près de la frontière avec la Libye, en janvier 2013.

Pour rappel, cette attaque avait été revendiquée par « Les signataires par le sang », un groupe jihadiste dirigée par Mokhtar Belmokhtar, alors en rupture de ban avec al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI], dont les bastions étaient alors implantés dans le nord de l’Algérie ainsi qu’au Mali.

Justement, s’agissant d’AQMI, l’organisation a subi de lourds revers, infligés par les forces algériennes au cours de ces dernières années. « L’aura et le nombre de moujahidines s’accroissent en Libye, dans le Sahel et le Sahara. À l’exception du front algérien, où nous sommes embourbés dans une longue guerre et souffre de la rareté, et parfois de l’absence presque totale de soutiens à l’intérieur et à l’extérieur », avait admis son chef, Abd­­­elmalek Droukdel, lors d’un entretien publié en 2017 par Inspire, la revue en ligne de propagande éditée par al-Qaïda dans la péninsule arabique.

Par la suite, AQMI a perdu plusieurs de ses cadres en Algérie, dont Adel Seghiri, tué le 30 janvier 2018 dans la région de Jijel, à 400 km à l’est d’Alger. Ce dernier, proche de Droukdel, était le responsable de la propagande de l’organisation et faisait le lien entre ses différentes « filiales » au Maghreb et au Sahel.

Cela étant, l’attaque de Bordj Badji Mokhtar, qui n’a pas encore été révendiquée, a été commise dans une région où est présent le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM] d’Iyad Ag Ghali, le chef du groupe jihadiste malien Ansar Dine. Il a souvent été avancé que ce dernier bénéficie d’une certaine « mansuétude » de la part de l’Algérie, par ailleurs impliquée dans le dossier malien, via les accords d’Alger, signés en 2015 [et dont l’application tarde toujours]

« Il conviendrait d’éviter de faire preuve de complaisance à l’égard de M. Iyad Ag Ghali qui revient aujourd’hui à une position de leader. Nous avons d’ailleurs transmis le message aux Algériens, dans la mesure où il passe la moitié de son temps dans le Sud algérien [ndlr, dans les environs de Tinzaouten?] : c’est là qu’il organise ses actions », avait ainsi affirmé Jean-Yves Le Drian, quand il était encore ministre de la Défense, en février 2017.

Aussi, et si ces soupçons sont fondés, une attaque du GSIM contre les forces algériennes à Bordj Badji Mokhtar paraît improbable.

Quant à l’État islamique [EI ou Daesh], il a revendiqué deux attentats suicide en 2017 dans le pays, l’une à Constantine [en février], l’autre à Tiaret [en août].

Cependant, dans un entretien donné à l’hebdomadaire « Le Point » en septembre 2017, Mohamed Khelfaoui, un ancien officier du renseignement algérien, avait dit « ne plus croire en ces revendications ».

« Quant à l’implantation de Daesh en Algérie, je […] rappelle qu’un groupuscule, résidu du GSPC [Groupe salafiste pour la prédication et le combat, ndlr], isolé et harcelé en Kabylie par les forces de sécurité, en quête de soutien, de financement et de publicité décapita un otage français [Hervé Gourdel, ndlr] et fit allégeance à Daesh. Il fut laminé le mois qui suivit son acte barbare et le corps de la victime retrouvé. Depuis, plus rien. Donc Daesh n’existe pas et il ne peut pas exister [en Algérie] », avait-il estimé.

À lire : Quel avenir pour le jihadisme au Maghreb : déclin durable ou possible résurgence? par Flavien Bourrat – Note de recherche n°85 de l’IRSEM

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