Taïwan dénonce l’incursion d’un bombardier chinois H-6 dans son espace aérien

Une règle tacite, observée depuis 1949 par la Chine et Taïwan, interdit aux avions militaires et civils des deux pays de franchir la ligne médiane du détroit de Formose [ou de Taïwan]. Cependant, cela n’a pas été toujours respecté, notamment par Pékin.

Ainsi, en 2011, deux avions militaires chinois, s’aventurèrent au-delà de cette ligne médiane. Mais cet incident fut décrit, à l’époque, comme ayant été une « malencontreuse erreur ».

En revanche, en mars 2019, le ton fut radicalement différent après une nouvelle incursion de deux chasseurs J-11 de l’Armée populaire de libération [APL], dans un contexte marqué par une intensification des activités militaires chinoises dans les environs de Taïwan, que Pékin considère comme une province « rebelle ».

« C’était une action intentionnelle, dangereuse et provocatrice. Nous avons informé nos partenaires régionaux et nous condamnons la Chine pour sa conduite », avait en effet commenté le ministère taïwanais des Affaires étrangères.

Or, quelques semaines plus tôt, le président chinois, Xi Jiping, avait tenu un discours musclé à l’égard de Taïwan. « S’écarter du principe de la Chine unique conduirait à la tension et au chaos dans les relations inter-détroit et nuirait aux intérêts vitaux des compatriotes de Taïwan. […] Nous ne laisserons jamais aucune place aux actions séparatistes en faveur de l’indépendance de Taïwan », avait-il prévenu.

Et M. Xi d’insister : « La Chine doit être réunifiée et le sera, l’indépendance de Taïwan ne pourra conduire qu’à une impasse […]. Nous ne promettons pas de renoncer au recours à la force et nous nous réservons le droit de prendre toutes les mesures nécessaires. »

Ce 10 février, soit un peu plus d’un mois après la réélection confortable de l’indépendantiste Tsai Ing-wen à la tête du pays, le ministère taïwanais de la Défense a fait savoir que formation chinoise, comprenant un bombardier stratégique Xian H-6 [une copie du Tupolev Tu-16 soviétique, ndlr] et un nombre non précisé d’autres appareils assurant son escorte, venait de faire une brève incursion dans l’espace aérien de Taïwan après avoir franchi la ligne médiane.

La force aérienne taïwanaise a alors fait décoller des F-16 pour intercepter les appareils chinois. « Nos avions de chasse ont pris les mesures appropriées et lancé des avertissements » pour contraindre les intrus à faire demi-tour, a indiqué Taipeh. Ce qu’ils ont donc fait.

À Pékin, le ministère chinois de la Défense a reconnu avoir envoyé une patrouille aérienne dans les environs de Taïwan, expliquant qu’elle entrait dans le cadre d’actions « nécessaires » et « légitimes » pour « remédier à la situation sécuritaire actuelle dans le détroit de Taiwan et protéger la souveraineté de la Chine. » Et d’afficher sa « détermination » à « contrecarrer toutes les activités séparatistes visant à l’indépendance de Taïwan. »

L’APL « protégera résolument la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Chine et maintiendra la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan », a encore fait valoir le ministère chinois de la Défense.

À Pékin, la réélection de Tsai Ing-wen, résolument hostile au principe de « Chine unique », a été très mal accueillie. Les séparatistes taïwanais « laisseront une odeur répugnante pendant 10.000 ans », s’était emporté Wang Yi, le chef de la diplomatie chinoise, le 13 janvier dernier.

Photo : Ministère taïwanais de la Défense

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