Les forces spéciales américaines voudraient au moins 75 avions d’attaque légers

En 2017, le sénateur John McCain avait remis l’idée de doter l’US Air Force d’avions d’attaque légers, estimant que la mise en oeuvre de chasseurs-bombardiers aussi modernes que coûteux, comme les F-35A Lightning II et autres F-22A Raptor, n’était pas forcément adaptée à l’ensemble de scénarios d’engagement.

En clair, il s’agissait de concentrer les avions les plus performants pour des engagements de « haute intensité » afin d’économiser leur potentiel et d’accroître la préparation opérationnelle des équipages en vue de tels scénarios. Dans le même temps, des appareils plus simples pouvaient parfaitement convenir pour des missions de contre-terrorisme et de contre-insurrection.

Une telle idée n’était pas nouvelle : elle avait déjà été avancée dans les années 2000, l’Irregular Warfare Office de l’US Navy et l’US Air Force ayant respectivement lancé les programmes « Imminent Fury [ou « Combat Dragon II »] et LAAR [Light Attack/Armed Reconnaissance]. Seulement, à l’époque, le Congrès s’opposa à de tels plans pour des raisons budgétaires, le financement du F-35 ayant été alors jugé prioritaire.

Mais, visiblement, les esprits étaient devenus assez « mûrs » pour accueillir favorablement l’idée que le sénateur McCain avait développée dans son « livre blanc », intitulé « Restoring American Power. » Dans ce document, il préconisait de doter l’US Air Force de 300 avions d’attaque légers à « faible » coût pour les interventions dans les environnements « permissifs ». Et d’estimer que les choses pourraient aller vite, avec 200 exemplaires livrés d’ici 2022.

Le chef d’état-major de l’US Air Force, le général David Goldfein, avait même affirmé qu’il s’agissait d’une « grande idée » pourvant permettre d’atténuer les « problèmes de préparation opérationnelle ». D’où le lancement du programme OA-X, dont la première phase a consisté à évaluer quatre appareils différents.

Cependant, cela pouvait sembler superflu : les deux avions retenus, à savoir l’A-29 Super Tucano et Beechcraft AT-6B, l’avaient déjà été pour le programme LAAR [réorienté, par la suite, pour répondre aux besoins de la force aérienne afghane]…

Quoi qu’il en soit, et même s’il a fait part de son intention d’acquérir quelques A-29 Super Tucano et Beechcraft AT-6B à des fins d’évalution, l’US Air Force traîne maintenant des pieds pour ce programme. Du moins est-ce le sentiment du Congrès… Mais ce peu d’empressement s’explique par la nouvelle stratégie de défense qui, adoptée en janvier 2018, fait de la rivalité avec la Chine et la Russie une priorité, la lutte contre le terrorisme passant au second plan.

Dans ces conditions, l’utilité d’acquérir 300 avions d’attaque légers n’est plus avérée, d’autant plus cela impliquerait de mobiliser un nombre important de pilotes alors que l’US Air Force peine à en recruter…

Aussi, à l’occasion de la loi de financement du Pentagone [National Defense Authorization Act, NDAA], a offert une porte de sortie à l’US Air Force en lui demandant d' »explorer les options visant à coordonner les activités d’expérimentation des avions d’attaque légers entre les forces générales et les forces d’opérations spéciales afin d’en maximiser l’efficacité et l’efficience et de répondre aux exigences des missions des deux forces. »

En clair, le commandement américain des opérations spéciales [USSOCOM] prendrait la main sur ce dossier, le NDAA ayant ouvert la voie à un transfert des fonds dédiés au programme OA-X à son profit. En outre, les forces spéciales américaines avaient de nouveau exprimé le besoin de se doter d’avions d’attaque léger en 2017, dans le cadre du programme LASSO [Light Attack Support for Special Operations]

« Un avion d’attaque léger est un besoin pour le SOCOM », avait encore insisté son chef, le général Richard Clarke, lors d’une audition parlementaire, en avril 2019.

Contrairement à l’US Air Force, l’USSOCOM entend aller vite. Selon le site spécialisé Military.com, il vient en effet d’émettre un avis dans lequel il indique vouloir se procurer au moins 75 avions d’attaque légers « pour des missions d’appui aérien rapproché, de frappes de précision, de surveillance et de reconnaissance dans des environnements rustiques et permissifs ».

L’USSOCOM organisera une séance d’information sur ce projet à l’intention des potentiels candidats à l’occasion de ses « journées de l’industrie », les 4 et 5 mars prochains, en Floride.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]