Harpie : Malgré les efforts des Forces armées en Guyane, l’orpaillage illégal peine à reculer

Le 4 février, le préfet de Guyane, Marc Del Grande, a dressé un bilan contrasté s’agissant des questions sécuritaires. Au chapitre des satisfactions, il a fait état d’une nette baisse des accidents de la route [-24% par rapport à 2018] et d’un nombre de cambriolages et de vols à la roulotte en diminution.

La lutte contre la pêche illégale dans les eaux guyanaises a donné de bons résultats, grâce aux efforts et aux moyens de la Marine nationale et de la Gendarmerie maritime, avec 169 embarcations contrôlées, 255 kilomètres de filets relevés notamment par l’ERF « Caouanne » et la saisie de 80 tonnes de poissons.

En revanche, les vols avec violence et armes à feu ont affiché une forte augmentation. Et, avec 32 homicides constatés en 2019, les crimes de sang ont suivi la même tendance, sans pour atteindre le niveau de 2017.

En outre, le bilan est en demi-teinte pour la lutte contre l’orpaillage illégal, un fléau environnemental à cause des rejets de mercure et de cyanure qui a également de lourdes conséquences sur la criminalité [crimes de sang, prostitution, etc…] tout en entraînement un important manque à gagner pour les collectivés locales guyanaises [estimé à 400 millions d’euros par an, selon un député]. Ainsi, selon le préfet, et malgré les efforts des Forces armées en Guyane [FAG] et de la Gendarmerie dans le cadre de l’opération Harpie, le phénomène « n’a pas diminué ».

Ce que confirme l’État-major des armées [EMA]. « Au terme de cette année d’opérations, l’orpaillage illégal a été contenu », a-t-il avancé, dans un communiqué publié le 6 février. Et cela, malgré les actions menées par les FAG et la Gendarmerie en 2019.

Ainsi, 1.870 patrouilles ont été effectués en forêt et sur les cours d’eau, ce qui a permis de détruire 5.254 carbets [abri en bois], 73 puits et galeries, 82 concasseurs [grâce à l’apport d’une nouvelle « arme » : l’oxycoupeur, chalumeau découpeur], 721 tables de levée et 1.092 motopompes. Pour compléter ce bilan, 88 quads, 191 pirogues 132 armes, 69 kilos de mercure [en vente libre au Surinam mais pas en Guyane, ndlr] et 2,4 kilos d’or ont été saisis. Enfin, 25,4 millions d’euros d’avoirs criminels ont été confisqués selon le préfet [l’EMA parle de plus de 24 millions].

« L’adaptation du mode d’action des FAG, consistant à occuper le terrain le plus longtemps possible et à rester dans les zones frappées puis revenir sur les sites déjà visités, dissuade certains ‘garimpeiros’ de se réinstaller sur les sites d’extraction aurifère clandestins et les gêne dans leur réapprovisionnement », explique l’état-major.

À noter que, outre le 9e Régiment d’Infanterie de Marine [RIMa], le 3e Régiment Étranger d’Infanterie, l’escadron Antilles-Guyane et la gendarmerie, la Marine nationale est aussi impliquée dans l’opération Harpie étant donné qu’elle assure une surveillance au niveau des embouchures des fleuves pénétrants Nord-Sud. Cette présence « aura permis de démanteler leurs plots logistiques et avec le concours des FSI [forces de sécurité intérieures, ndlr] de saisir ou détruire un grand nombre d’équipement », explique l’EMA.

Si ces actions ont permis de « contenir » l’orpaillage illégal, alors on imagine sans peine ce que serait la situation sans l’opération Harpie… Quoi qu’il en soit, selon le préfet de Guyane, la « décrue » de ce phénomène ainsi qu’un « objectif d’éradication » dans les « réserves biologiques intégrales » jugées « prioritaires d’un point de vue environnemental » font partie des priorités de cette année.

En attendant, une commission d’enquête parlementaire devrait être créée à l’initiative du groupe « Gauche démocrate et républicaine » à l’Assemblée nationale, qui va utiliser à cette fin son « droit de tirage ».

Photo : État-major des armées

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