Les États-Unis confirment avoir éliminé Qassem al-Rimi, le chef d’al-Qaïda dans la péninsule arabique

Le 2 février, Site Intelligence, un groupe américain qui surveille les activités en ligne de la mouvance jihadiste, a indiqué avoir repéré un message audio de Qassem al-Rimi, le chef d’al-Qaïda dans la péninsule arabique [AQPA] dans lequel il revendiquait l’attaque commise contre la base aéronavale de Pensacola [Floride], en décembre dernier.

Pour rappel, un officier saoudien, le sous-lieutenant Mohammed Saeed Alshamrani, alors stagiaire sur la base américaine, avait tué trois marins avant d’être abattu par la police. Avant de passer à l’acte, l’auteur de la fusillade avait violemment critiqué les États-Unis et fait référence à Oussama ben Laden, le fondateur d’al-Qaïda, dans une série de messages publiés sur Twitter.

Cela étant, cet enregistrement aura probablement été le dernier de Qassem al-Rimi.

En effet, trois jours avant sa diffusion, CNN et le New York Times évoquèrent une frappe récemment effectuée au Yémen par les forces américaines contre le chef d’AQPA. Et trois responsables affirmèrent qu’il y avait des chances raisonnables de penser que Qassem al-Rimi avait été éliminé. Ce que le Pentagone et la CIA refusèrent de confirmer.

Finalement, la Maison Blanche a diffusé un communiqué, le 6 février, pour annoncer la mort d’al-Rimi, dont la tête avait été mise à prix pour 10 millions de dollars par le département d’État, dans le cadre du programme « Rewards for Justice. »

« Sur les instructions du président Donald Trump, les États-Unis ont mené une opération antiterroriste au Yémen et ont réussi à éliminer Qassem al-Rimi, un fondateur et le chef du groupe al-Qaida dans la péninsule arabique », a en effet affirmé l’exécutif américain. Et d’ajouter que, sous sa direction, AQPA a commis des « violences inqualifiables contre des civils au Yémen et a cherché à perpétrer et inspirer de nombreuses attaques contre les États-Unis et nos forces. »

La mort de Qassem al-Rimi « affaiblit davantage Aqpa et le mouvement mondial al-Qaida et cela nous rapproche de l’élimination des menaces que ces groupes posent à notre sécurité nationale », a estimé la Maison Blanche.

L’élimination d’al-Rimi survient après celles d’Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l’État islamique [EI ou Daesh], en octobre 2019, et du général Qassem Soleimani, qui dirigeait al-Qods, l’unité des Gardiens de la révolution iraniens chargée des opérations extérieures.

À noter que, selon le dernier rapport de l’inspection générale du Pentagone sur l’opération Inherent Resolve [nom de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis], la mort d’al-Bagdhadi n’a « pas conduit à une dégradation immédiate des capacités de l’EI » et que le groupe terroriste, désormais commandé par Amir al-Salbi [alias Abu Ibrahim al-Hashemi al-Qurashi] a « gardé sa cohésion, avec une structure de commande et de contrôle intacte, des réseaux urbains clandestins et une présence des insurgés dans la plupart des zones rurales de Syrie. »

Ces conclusions rejoignent peu ou prou celles des Nations unies, via l’Équipe d’appui analytique et de surveillance du Comité des sanctions concernant Daesh et al-Qaida.

Quoi qu’il en soit, al-Rimi avait été nommé à la tête d’AQPA en juin 2015, après la mort celui qui était son chef à l’époque, à savoir Nasser al-Wahichi, commanditaire de plusieurs attaques [et tentatives d’attaques] aux États-Unis [Fort Hood] et en France [Charlie Hebdo]. Ce dernier passait pour être le second d’Ayman al-Zawahiri, le chef d’al-Qaïda. Un titre repris par son successeur.

Âgé d’une quarantaine d’années, al-Rimi était un « vétéran » de la mouvance jihadiste. Passé par les camps d’entraînement d’al-Qaïda dans les années 1990, il était retourné au Yémen, où il fut condamné à cinq ans de prison, en 2005, pour une tentative d’assassinat sur la personne de l’ambassadeur des États-Unis à Sanaa. Il ne resta pas longtemps en détention puisqu’il s’évada l’année suivante. Puis, au fil des éliminations successives des responsables d’AQPA, il grimpa les échelons pour devenir le chef militaire de l’organisation, jusqu’à la mort d’al-Wahichi.

En 2017, et après avoir condamné un raid conduit en janvier par les forces spéciales américaines au Yémen, au cours duquel un commando fut tué [« Le nouvel imbécile de la Maison Blanche a reçu une gifle douloureuse sur son visage », dira-t-il, alors qu’AQPA perdit 14 combattants, dont trois chefs, dans cet épisode], al-Rimi avait exhorté les sympathisants d’al-Qaïda vivant dans les pays occidentaux à mener des attaques « simples et faciles ». Il avait en outre félicité Omar Mateen, l’auteur d’une fusillade ayant fait 49 tués dans une discothèque d’Orlando [Floride] en 2016, même si ce dernier avait fait allégeance à l’EI.

De l’avis de la plupart des spécialistes du contre-terrorisme, AQPA est l’une des branches les plus dangereuses d’al-Qaïda. Cependant, d’après le dernier rapport du groupe d’experts de l’ONU sur le Yémen, si l’organisation est « toujours active dans plusieurs provinces du sud du Yémen et dans la province de Taëz », elle « a vu ses capacités réduites en 2018 par rapport aux années précédentes. » Pour autant, elle s’est « efforce de diriger le mouvement jihadiste mondial depuis ses plateformes en ligne, en affichant des publications sur le conflit au Yémen et le jihad mondial », est-il expliqué dans le document.

Le site américain Long War Journal estime que quatre personnalités peuvent prétendre à la succession d’al-Rimi, dont Khalid Saeed al-Batarfi, un idéologue « largement respecté à travers le réseau mondial d’al-Qaïda » et dont la tête a déjà été mise à prix pour 5 millions de dollars par les États-Unis, l’égyptien Ibrahim al-Banna, qui est l’un des membres fondateurs d’AQPA, le soudanais Ibrahim al-Qosi, qui a servi Ben Laden durant les années 1990 avant d’être capturé, détenu à Guantanamo et transféré au Soudan en 2012, et Sa’ad bin Atef al-Awlaki, un yéménite pour lequel Washington offre 6 millions de dollar pour tout renseignement susceptible de conduire à son élimination.

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