Boeing veut faire décoller un F/A-18 Super Hornet depuis un porte-avions doté d’un tremplin

La marine indienne [Indian Navy] dispose actuellement d’un porte-avions, en l’occurrence l’INS Vikramaditya, acquis à prix d’or auprès de la Russie. Seulement, ce navire est dit « STOBAR », parce qu’il est doté d’un tremplin et de brins d’arrêt pour faire décoller et récupérer les avions qu’il met en oeuvre. Et il doit être rejoint à terme par l’INS Vikrant qui, de conception locale, aura la même configuration.

Puis, à un horizon plus lointain, l’INS Vishal viendra compléter les capacités aéronavales indiennes. Mais ce porte-avions sera en configuration dite CATOBAR, c’est à dire qu’il sera équipé de catapultes et de brins d’arrêt, à l’instar des navires du même type en service au sein de la Marine nationale et de l’US Navy.

Cette configuration CATOBAR présente l’avantage de pouvoir faire décoller des chasseurs-bombardiers emportant plus de carburant [et donc disposent d’un rayon d’action plus important] et de munitions.

En janvier 2017, au regard du retard pris dans le développement d’une version navale de l’avion de combat HAL Tejas, l’India Navy a annoncé son intention de se procurer 57 avions de combat embarqués dans le cadre du programme Multi Role Carrier Borne Fighters [MRCBF].

Déjà que les candidats potentiels ne sont pas nombreux [les chasseurs-bombardiers embarqués modernes se comptent sur les doigts d’une main], la marine indienne a mis un exigence susceptible de compliquer la donne : l’appareil qu’elle souhaite acquérir devra être en mesure d’être mis en oeuvre depuis un porte-avions STOBAR et CATOBAR.

Le MiG-29K, de facture russe, est sur les rangs. Mais l’Indian Navy, qui en est déjà équipée, a connu quelques soucis avec cet appareils par le passé. Le constructeur suédois Saab a assuré qu’il était capable de mettre au point une version navale de son JAS-39 Gripen E/F. Seulement, il n’a aucune expérience de l’aviation embarquée et il ne suffit pas de mettre un crosse d’appontage sur un avion pour qu’il soit apte à opérer depuis un pont d’envol, ses structures, par exemple, devant être renforcées significativement.

Le Rafale Marine de Dassault Aviation fait office de candidat sérieux, d’autant plus que l’Indian Air Force a commandé 36 appareils en version « classique ». Quant à savoir s’il est capable de décoller d’un porte-avions muni d’un tremplin, le site spécialisé Mer&Marine assure qu’il le peut.

« À l’issue d’études et de simulations, les ingénieurs de Dassault Aviation ont déterminé que le Rafale Marine serait capable de décoller de porte-avions dépourvus de catapultes mais dotés d’un tremplin. Pour cela, aucune modification de structure ne serait nécessaire par rapport aux Rafale de l’aéronautique navale française, mis en oeuvre depuis le Charles de Gaulle au moyen de catapultes. Pour le recueil de l’avion, une piste oblique avec des brins d’arrêt est toutefois nécessaire », avait-il en effet expliqué, en juin 2012. Soit bien avant l’appel d’offres de la Marine indienne.

Autre candidat sérieux : le F/A-18 Super Hornet de Boeing. En 2017, un responsable du constructeur américain avait expliqué qu’un travail de simulation pour « mieux comprendre les besoins de la marine indienne » avait été réalisé. Et d’assurer que le F/A-18 Super Hornet pouvait « fonctionner sur tous ses porte-avions, sur ceux qui sont en service aujourd’hui comme sur ceux qui le seront à l’avenir. »

Mais, visiblement, Boeing veut en avoir le coeur net. À l’occasion du salon de l’armement DefExpo 2000, organisé à Lucknow, la capitale de l’État de l’Uttar Pradesh, Thom Breckenridge, le vice-président de l’industriel américain chargé des ventes internationales, a confié que des « plans » portant sur des essais d’un F/A-18 Super Hornet à bord d’un porte-avions doté d’un tremplin étaient « en cours », soulignant qu’une évaluation « rigoureuse » allait être conduite.

Pour cela, Boeing discute avec l’Indian Navy pour pouvoir mener à bien ces essais. Quand auront-ils lieu? M. Breckenridge s’est gardé de le préciser, se contentant seulement d’affirmer que le F/A-18 Super Hornet « répondra aux exigences indiennes » et que son choix « rapprocherait les États-Unis et l’Inde ».

Pour rappel, et outre l’exigence portant sur la capacité d’être mis en oeuvre depuis un porte-avions CATOBAR ou STOBAR, l’Indian Navy veut un avion pouvant assurer des missions de défense aérienne, de frappes, de reconnaissance et de guerre électronique et équipés de capteurs performants comme peut l’être un radar AESA [Active Electronically Scanned Array]. Enfin, la possibilité d’assembler ces appareils en Inde, assortie de transferts de technologie, est l’un des points sensibles.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]