Un ancien militaire condamné à 8 ans de prison pour avoir préparé un attentat contre la base aérienne d’Évreux

Dans la nuit du 4 au 5 mai 2017, peu après minuit, un véhicule suspect fut repéré à proximité de la base aérienne 105 d’Évreux. Or, il s’avéra qu’il appartenait à un certain Alain Feuillerat, un invididu faisant l’objet d’une fiche S pour s’être radicalisé au contact de la mouvance jihadiste. Ce dernier fut ensuite interpellé par les gendarmes quelques heures plus tard, alors qu’il portait une tenue de combat avec la marque de l’État islamique [EI ou Daesh].

La fouille de son véhicule permit de découvrir des armes de poing ainsi qu’une vidéo d’allégeance à l’EI. Au moment de son arrestation, il avait commencé à découper le premier grillage d’enceinte de l’emprise militaire, avant d’abandonner, a priori, son projet. En outre, il venait d’abandonner dans les champs un fusil à pompe, deux revolvers et trois couteaux de combat. Son intention était claire : il comptait s’en prendre aux militaires de la base d’Évreux, laquelle abrite notamment plusieurs unités spécialisées, comme le Groupe aérien mixte 56 « Vaucluse », qui soutient les opérations de la Direction générale de la sécurité extérieure [DGSE].

Or, il apparut que le suspect était lui-même un ancien brigadier-chef de l’armée de Terre, qu’il avait quittée au bout de dix ans de service, après avoir participé à plusieurs opérations extérieures.

En outre, avant d’être interpellé, Alain Feuillerat avait envoyé une lettre à l’AFP et au quotidien belge L’Avenir pour revendiquer l’attentat qu’il s’apprêtait à commettre.

« Je m’appel [sic] Alain Feuillerat, soldat musulman défendant ma patrie : l’État Islamique. c’est moi qui est [sic] préparé avec l’aide d’Allah l’attaque contre la base militaire aérienne 105 (BA 105) d’Evreux Fauville », avait-il écrit.

D’après un rapport du Centre d’analyse sur le terrorisme [CAT], intitulé « Les militaires et le jihad », Alain Feuillerat, désormais âgé de 37 ans, avait voulu rejoindre la Syrie sans avoir initialement eu l’intention de commettre un attentat sur le sol français. Cependant « faute d’avoir pu se rendre en zone irako-syrienne, il envisagea alors un attentat contre une structure militaire, la BA 105 à Evreux, avant d’être interpellé », avance le document [.pdf].

Un peu moins de trois ans après les faits, l’ancien militaire a été jugé devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour « entreprise individuelle terroriste », « tentative d’introduction frauduleuse dans une enceinte militaire » et « port prohibé d’armes de catégorie C ».

La personnalité de l’accusé, décrit comme « fragile », « paranoïaque » mais surtout « dangereux », car « incapable de la moindre remise en cause », aura été au coeur des débats, notamment à cause de son rapport « mystique » et « radical » à la religion musulmane, à laquelle il s’était converti en 2014, après avoir reçu le baptême catholique, suite au décès brutal de sa compagne. Cependant, aucune expertise psychiatrique n’avait conclu à une « altération de son discernement » au moment de son arrestation.

Lors de l’audience, Alain Feuillerat a fait part de « colère » face aux « souffrances » des musulmans et évoqué une « vengeance » après des « persécutions inutiles » ayant « bousillé [sa] vie », en faisant allusion aux perquisitions administratives dont il fit l’objet en 2015 et en 2017 en raison de sa radicalisation et de son prosélytisme.

Interrogé sur la raison qui l’aurait conduit à abandonner son projet [déjà bien avancé] de s’en prendre aux militaires de la BA 105, l’ex-brigadier-chef a répondu que « ça ne valait pas le coup » parce que « ça n’allait pas le réconforter ». Le procureur n’a pas été convaincu… Et d’expliquer que l’accusé avait renoncé « parce qu’il n’avait  pas eu le courage » ou parce que l’alerte avait été donnée. » Quoi qu’il en soit, a-t-il continué, là « n’est pas le problème : c’est la préparation de l’attentat qui lui est reprochée. »

Aussi, le Parquet national antiterroriste a demandé la peine maximale, soit dix ans d’emprisonnement assortis d’une période de sûreté des deux tiers, à l’encontre de l’ancien militaire, soulignant qu’il avait planifié un « projet criminel meurtrier ». Quant à la défense, elle s’est attachée à souligné les « fragilités » d’Alain Feuillerat et le fait qu’il avait finalement renoncé à son projet.

Finalement, le 5 février, Alain Feuillerat, reconnu coupable « d’entreprise terroriste individuelle », a été condamné à une peine de 8 ans de prison, assortie d’une période de sûreté des deux tiers et d’un suivi socio-judiciaire, avec une injonction de soins, de cinq ans à l’issue de sa libération. Le tribunal a en effet considéré que l’accusé avait « mené une action devant conduire à [sa] propre mort », avec « l’élaboration matérielle d’un projet violent à l’égard de militaires français », « mûrement réfléchie. »

Photo : BA 105 d’Évreux

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