Un groupe jihadiste implanté dans le centre du Mali a fait allégeance à l’État islamique
Dirigé par Adnane Abou Walid Al-Sahraoui, l’État islamique au grand Sahara [EIGS] est né en 2015, d’une scission de l’organisation « Al-Mourabitoune », qui réunissait alors des combattants du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest [Mujao] et du groupe « Les signataires par le sang » de Mokthar Belmokhtar, dont tout laisse à penser qu’il n’est actuellement plus de ce monde.
Depuis, l’EIGS a concentré son action sur le Liptako-Gourma, c’est à dire la région des « trois frontières », aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger. En outre, il s’est rapproché de l’organisation « Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique » [ISWAP], issu des rangs du groupe jihadiste nigérian Boko Haram.
En effet, l’EIGS et l’ISWAP ont adopté un « discours unique » et partagent désormais les mêmes modes opératoires.
L’EIGS « utilise des tactiques qui sont d’ordinaire propres aux opérations menées par le groupe ‘Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique’ contre les forces militaires nigérianes. Il s’agit d’attaques perpétrées aussi bien contre de petits avant-postes que contre de grands camps militaires, l’objectif étant de s’emparer d’une quantité importante d’armes, de munitions, de véhicules et d’essence », explique en effet le dernier rapport du Comité de l’ONU relatif au suivi des sanctions visant la mouvance jihadiste.
Les attaques récemment menées par l’EIGS contre les camps militaire d’Indelimane [Mali], d’Inatès et de Chinégodar [Niger] en sont une illustration.
En outre, poursuit le rapport, l’EIGS et l’ISWAP ont « déjà des falicitateurs communs, ce qui laisse présager un renforcement du lien opérationnel entre les théâtres du Sahel et du bassin du lac Tchad ». Mais, a priori, l’EIGS disposerait encore d’une « indépendance opérationnelle » vis-à -vis de l’ex-faction de Boko Haram, laquelle ne cesse de monter en puissance à mesure des succès qu’elle obtient face aux forces nigérianes.
Ainsi, étant accumulé un « important butin de guerre sous forme d’équipements et autre fournitures », l’ISWAP compterait jusqu’à 5.000 combattants, dont, selon le rapport, un « nombre indéterminé de combattants terroristes étrangers, sans doute issus du Tchad, de Libye ou d’autres pays d’Afrique du Nord. » Voire d’Asie centrale, étant donné que « plusieurs États membres ont signalé que des ressortissants » de cette région « quittaient la Syrie pour rejoindre des pays d’Afrique, notamment l’Égypte, la Guinée-Bissau, la République centrafricaine et le Soudan », dans le but présumé de « s’y cacher » ou de « rallier les groupes affiliés à l’EI en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel. »
Cela étant, le rapport évoque également une « collaboration opérationnelle » entre l’EIGS et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM], né de l’alliance de plusieurs formations jihadistes liées à al-Qaïda. Cette organisation « qui commet des attentats terroristes, fomente des insurrections et continue de disposer d’asiles sûrs dans le nord du Mali, reste la principale menace terroriste internationale dans cette région », souligne-t-il.
« Les États Membres de la région signalent que des influences externes en provenance de la région du Golfe façonnent l’environnement dans lequel opère le GSIM : il s’agit de militants étrangers qui diffusent une idéologie radicale par le biais d’organisations à but non lucratif se substituant à l’autorité publique. Le GSIM poursuit son programme à long terme de transformation et de radicalisation de la société dans les zones où le groupe étend ses activités », explique encore le rapport du comité de suivi des Nations unies.
Si l’EIGS est surtout présent dans le Liptako-Gourma, le GSIM opére essentiellement dans le nord et le centre du Mali, plus précisément dans la région de Ségou, près de la frontière avec la Mauritanie. La semaine, cette organisation a revendiqué l’attaque d’un camp de la gendarmerie malienne à Sokolo [20 gendarmes tués]. Mais, a priori, l’État islamique s’est invité dans la zone où opèrent les sympathisants d’al-Qaïda.
Peu après l’attaque de Sokolo, les médias locaux ont rapporté que deux postes militaires installés dans les environs de la localité de Markala [cercle de Segou] avaient également subi les assauts de jihadistes. Ces derniers seraient repartis après avoir fait main basse sur les équipements et armes trouvés sur place.
#Mali: #ISGS (#ISWAP) claimed yesterday's attack against two gendarmerie positions in Markala, #Ségou Region, in a video showing (2) vehicles, (8) motorbikes, arms (incl. W85 + PK/M), ammunition, and other equipment seized pic.twitter.com/2liw59cIyq
— MENASTREAM (@MENASTREAM) January 31, 2020
Le 31 janvier, l’ISWAP a revendiqué, au nom de l’EIGS, ces deux attaques. Et de prétendre que deux véhicules, 8 motos, des armes et des munitions avaient été récupérés. Puis, le même jour, des jihadistes, affirmant être implanté à Nampala [dans cercle de Ségou] et se présentant comme « les soldats du califats au Mali » [Jund al khilafa Mali], a publiquement fait allégeance à Abu Ibrahim al-Hashemi al-Qurashi [alias Amir al-Salbi, ndlr], le successeur d’Abou Bakr al-Baghdadi, l’ex chef de l’֤État islamique.
Et cela pose plusieurs questions… Tout d’abord, on ignore s’il s’agit ou non d’une nouvelle formation ou bien d’un groupe issu qui aurait opté pour un changement d’allégeance, sachant que des tensions entre le le GSIM et l’EIGS ont été signalées récemment, le premier étant contraint de se justifier sur sa manière d’appliquer la charia [loi islamique, nldr].
Une autre possibilité est que, étant donné que la force française Barkhane et la force conjointe du G5 Sahel doivent concentrer leur effort sur le Liptako-Gourma, l’État islamique cherche à ouvrir un second front dans le centre du Mali.
Visiblement ils sont mal équipés, mais ils pourront abattre l’armée française.
« Visiblement ils sont mal équipés, mais ils pourront abattre l’armée française. » Victoiremont(con) nous souhaitons tous ici sur ce blog que vous continuiez à nous faire part de vos remarquables analyses issues de votre immense expertise pour la chose militaire. N’hésitez pas il est vraiment très rare d’avoir à faire avec un esprit aussi………………… subtil!
Ça va? Pas trop dur de gérer tous ces pseudos?
Que fait la modération ….s’il y en a une !
La similitude de la situation au Mali avec tout ce qu’on a observé dans le monde depuis l’Afghanistan est cruelle : dès que des troupes occidentales posent leurs rangers sur le sol de ces pays , monte en parallèle la haine contre elles . Réaction humaine sans doute , mais dont la répétition devrait faire partie de la réflexion stratégique de nos politiques ; et il devrait être de la responsabilité des hauts responsables militaires d’avoir ce rôle d’avertisseur , et non pas seulement d’exécutant . On est donc une fois de plus au pied du mur : que fait-on ?
Le sahel , c’est trop gros pour l’armée française ; la partie est dès maintenant injouable pour nos soldats . Seule une coalition , même si le terme est vague , des états de la zone , et notamment de l’Algérie qui connaît , à défaut de les contrôler , les mouvements de ces trafiquants et pillards , devenus « djihadistes » pour l’occasion , aurait une chance de diluer a minima leur influence . Macron l’Africain va devoir prendre , et vite , des décisions qui vont transformer la géopolitique de la zone . En est-il capable ?
@ philbeau
A-t’il vraiment des leviers sur l’action américaine ?
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/02/03/en-afrique-la-france-et-les-etats-unis-sont-de-moins-en-moins-alignes_6028212_3212.html
L’union fait la force et l’allégeance la subvention.Le vol de bétail et autres bricolages,ça eut payé,mais ça paie plus.
Il n’y a pas de solution politique à l’horizon pour sortir de ce formidable foutoir africain.
à lire cet article
http://lafautearousseau.hautetfort.com/archive/2019/12/24/l-enjeu-africain-par-christian-vanneste-6199985.html#more
extrait :
« La présence d’armées étrangères dans ces pays musulmans dont les peuples ont appris de leurs gouvernements souvent corrompus que tous leurs malheurs venaient de la colonisation présente un risque majeur : celui d’un basculement de la population. Des manifestations ont déjà visé les troupes françaises. Des Maliens nombreux réfugiés en France et des soldats français risquant leur vie au Mali pour y assurer la paix, avec un courage et une intelligence qui compensent la faiblesse des moyens, et qui se font insulter sur place, c’est insoutenable !  »
« il y a une priorité stratégique qui peut seule mettre fin au djihadisme : il faut rétablir le verrou que constituait la Libye de Kadhafi. Celui-ci avait des visées d’expansion qui nous avaient amenés à le combattre au Tchad, mais il s’opposait aux islamistes et contrôlait la marqueterie tribale de son pays. L’intervention en faveur de ses ennemis, notamment les Frères musulmans de Misrata, a été plus qu’une faute. Il est indispensable que la Libye retrouve un régime fort sur l’ensemble de son territoire. » (….)
Et on ne se fait pas pourrir parce que l’on aiguille un peu -juste un peu- le maréchal Haftar? Ily deux ou trois ans, les enjeux du double gouvernement Libyens était déjà présenté par TTU comme n’ayant qu’un seul parti valable: Haftar, déjà épaulé par des proches de Mr Le Drian.
Alors l’étape finale, c’est de couler les bateaux Turcs qui alimentent Tripoli, où on laisse la situation à l’unique avantage… des Russes (qui sont colère après Ankakra en ce moment…)?
@ Petitjean
Les Etats africains peuvent-ils se payer des mercenaires ?
https://www.franceculture.fr/emissions/entendez-vous-leco/entendez-vous-leco-emission-du-mardi-19-novembre-2019
Sachant que la tactique des milices d’auto-défense a montré ses limites notamment au Nigeria voisin.
https://www.areion24.news/2019/12/09/la-securite-au-nigeria-des-milices-en-guise-de-police/
C’est le bololo…
Cela devient byzantin comme un épisode de télé-réalité tragique :
http://www.rfi.fr/fr/afrique/20200128-sont-jihadistes-afrique-ouest-sahel-sahara
http://www.rfi.fr/fr/afrique/20200129-guerre-contre-jihadistes-peut-elle-s-étendre-afrique-ouest-22
Le Burkina Faso a un sacré nombre de parasites sur son territoire :
http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2020/01/28/les-djihadistes-sont-les-fossoyeurs-de-l-armee-du-burkina-fa-20840.html
@ »Jyb » parle souvent de la Mauritanie, mais il est rare de pouvoir lire un article sur ce pays :
https://www.lepoint.fr/afrique/terrorisme-au-sahel-un-nouveau-front-a-la-frontiere-mauritanienne-27-01-2020-2359869_3826.php
D’ailleurs les Émirats arabes unis sont généreux avec ce pays…
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/02/03/les-emirats-allouent-2-milliards-de-dollars-a-la-mauritanie_6028242_3212.html
@pdp
à défaut d’être un sanctuaire la zone frontalière mauritanienne djebel al ghaila est au moins une zone refuge est reste une zone de circulation relativement safe.
Les autorités mauritaniennes aussi « bonnes » soient elles ne sont absolument pas équipées et dimensionnées pour surveiller 2500 km de frontière…soyons sympa réduisons là à 1200 km de zone infectée
@ plus de pognon : une de mes nièces est infirmières humanitaire à Nouackchott. La situation en mauritanie reste relativement secure malgré des tensions potentielles toujours possible à la frontière Est. … coup de pouce économique des EAU
http://www.rfi.fr/fr/afrique/20200203-mauritanie-%C3%A9mirats-arabes-unis-versent-deux-milliards-dollars-ghazouani
L’axe sud est vers le Burkino faso est beaucoup plus inquiétant.
@ Gosthrider
Elle a beaucoup de courage.
Merci pour votre lien.^^
Les terroristes se sont alliés pour bousiller le Burkina Faso, c’est réussi. Casser leur petit jeu vicieux, c’est l’enjeu des prochains moins.
Le Burkina Faso est désintégré au moins moralement, si l’on en croit les articles récents de nos contrées:
http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2020/02/04/au-burkina-faso-20862.html
Un des pays les plus pauvres du monde, les terroristes se sont régalés. À voir si le « surge  » va leur rendre la monnaie de leurs pièces…
Ce sont des éléments de la Macina de Kouffa qui l’ont quitté et rejoint l’EIGS. La porosité existait déjà mais là , la différence réside dans le fait que l’un des plus important lieutenants de Kouffa (Ahmadou Mobbo, à droite sur la photo) est parti avec ses combattants (du moins en grande partie). Le différent porte sur les négociations entre Kouffa et les autorités maliennes. Une fraction de la Macina refuse ces négociations et ont donc quitté le mouvement. Il y a eu quelques clashes dans la zone de Douentza mais aussi vers Nampala. Sans plus pour le moment. En revanche, ce groupe descend vers le Sud…
c’est ce que j’évoquais en novembre :
« 1 idéologiquement, kouffa présente des marges de manœuvres. La katiba macina n’a jamais été affiliée à daesh-gs ou à aqmi et au sein du jnim sa singularité demeure. idéologiquement toujours, un certain nombres d’arbitrages de kouffa sur les chrétiens, médecins, marabouts apparaissent comme mesurés, voire modérés.
2 tactiquement. La katiba macina est l’articulation physique entre les gat du jnim. Sa defection porterait un coup considérable à la logistique et aux capacités opérationnelles de ces katiba.
3 stratégiquement. implantée dans la zone des trois frontières et avec le risque ethnique (peule) de diffusion du djihad à la sous région affaiblir la katiba macina est un moyen d’endiguer la menace.
Donc; un calcul de risques compliqué mais nécessaire, avec au final, la possibilité de compromettre kouffa, d’apporter la zizanie dans le jnim mis aussi avec daesh-gs…
Soulignons que si kouffa prend langue lui aussi avec des médiateurs c’est qu’il considère que l’option « terro-militaire » a atteint ses limites et que le moment (momentum) ou il peut négocier en premier, et avec ses meilleurs cartes est arrivé. »
MAIS négocier avec kouffa et ag Ghali en même temps comme veulent le faire les maliens est une erreur monumentale.
C’est l’humanité a son niveau le plus archaîque, qui reste bien représentée, en l’absence d’instruction, d’éducation, de connaissances, de sciences, d’arts sous toutes leurs formes, d’activités sportives, voila ce qu’il reste, l’expression de l’égo individuel et groupal le plus frustre et pulsionnel, par la violence les armes et la domination de l’autre. Il n’y a que le matériel qui a changé, le mental est resté figé comme il y a 2000 ans, maintenu dans le carcan des fixations culturelles et religieuses, qui sont bien souvent les ennemies de l’évolution de l’être humain …
bah comme cela il sera sur la liste de ceux à défoncer grave
Bon, on a vu le débat, ce groupe, un de plus vogue au sens du vent qu’il perçoit, selon des alliance reconductibles à la première occasion… Restons calmes… mais 600 hommes de plus, fuissent-ils les meilleurs parmi les meilleurs, ne règleront pas le problème. Que les politiques mettent leurs c* sur la table au lieu d’engager celles des enfants de la grande muette qui crient moins fort. Qu’on cesse de financer des « états » corrompus et déliquescents de compromission et affairisme au prix des deniers de la république et du sang des hommes engagés. Au lieu des phrases, des actes, qu’on »débarque » ces dirigeants népotismes et corrompus jusque’à la moelle qui laissent se sacrifier ce qui reste de leurs armées, sous équipées, sous encadrées, impayées et démoralisant les populations.
Notre système politique abandonne et l’Armée et la France, même si je respecte Madame le Ministre qui se bat comme elle peut contre des ploutocrates.
@ Faublas
D’autant que les « vehicules lourds » prévus sont nos vieilles rosses habituelles :
http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2020/02/03/barkhane-le-parc-va-passer-de-800-a-900-vehicules-20860.html
Concernant les nouveaux véhicules, ils arriveront au compte-goutte à Vannes :
http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2020/02/04/trois-vbmr-griffon-arriveront-a-vannes-mercredi-matin-20864.html#comments
Bon courage !
@ PDP : (lien) vous êtes plus rapide que lucky luke, vous m’avais devancé. 2 Milliars ce n’est pas une mince somme pourquoi les EAU ont choisi la mauritaine plus qu’un autre pays ? .. comprendre l’interaction entre les GAT et leurs aspects  » proteiformes » devient complexe. Ma nièce devrait changer d’affection et partir pour Ndjamena. L’influence musulmane est plus prégnante me semble t’il d’après ces retours et la discrimination vers les femmes y est plus sensible.
Nos forces spéciales ne doivent surtout pas être transformé en DAO, ce serait un gag!