Le Parlement grec ratifie un accord visant à renforcer la coopération militaire avec les États-Unis

Parce que sa position géographique permet de contrôler les détroits reliant la Méditerranée à la mer Noire [et donc de surveiller les mouvements des navires militaires russes] et qu’elle accueille des militaires américains sur son sol ainsi que des bombes nucléaires tactiques B-61 et un radar dédié à la défense antimissile, la Turquie est importante pour l’Otan. Ce que ne cesse de rappeler Jens Stoltenberg, son secrétaire général.

Seulement, il s’avère que la Turquie est aussi un allié « difficile », en raison de ses rapports houleux avec la Grèce [autre membre de l’Otan] et la République de Chypre, de son rapprochement avec la Russie, au point de se doter de batteries de défense aérienne S-400 et d’envisager l’achat d’avions Su-35 pour compenser son exclusion du programme F-35, ou encore de son intervention contre les milices kurdes syriennes [YPG], qui combattent l’État islamique [EI ou Daesh] avec l’appui de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis.

Cela étant, la Grèce occcupe également une position stratégiquement intéressante.

« Si vous regardez la géographie ainsi que les opérations actuelles en Libye et en Syrie tout en considérant les autres opérations potentielles en Méditerranée orientale, la Grèce offre des opportunités importantes », avait expliqué le général Joseph Dunford, l’ex-chef d’état-major interarmées américains, en septembre 2018.

Aussi, en octobre dernier, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, s’est rendu à Athènes pour renforcer l’Accord de coopération de défense mutuelle [MDCA], qui lie la Grèce et les États-Unis depuis 1990.

« La Grèce peut jouer un rôle stratégique important dans la région » et « être un pilier de stabilité », avait justifié M. Pompeo à l’époque. Et, histoire de faire d’une pierre deux coups, un tel accord permettrait à Washington de contrer l’influence de Pékin dans le pays, lequel a cédé le contrôle du port du Pirée à des intérêts chinois.

Concrètement, cet accord « renforcé » autorise les forces américaines à utiliser des emprises militaires grecques, comme celles de Larissa [où des MQ-9 Reaper de l’US Air Force ont déjà été déployés, ndlr] et de Stefanovikio, pour le ravitaillement, l’entraînement, le stockage et les interventions d’urgence. Selon le ministre grec de la Défense, Nikos Panagiotopoulos, le Pentagone envisagerait d’y investir plus de 12 millions d’euros dans les infrastructures de certaines de ces bases.

En outre, l’accord donne la priorité à l’US Navy pour un « accès et une utilisation sans entrave » dans les 48 heures au port d’Alexandroupoli, qui a l’avantage d’être situé à une encablure du détroit des Darnadelles.

« Cet accord est bénéfique aux intérêts nationaux », a plaidé M. Panagiotopoulos, lors des débats au Parlement. Cependant, et alors que ce texte avait été négocié à l’époque où le gouvernement grec était dominé par Syriza [gauche radicale] et conduit par Alexis Tsipras, plusieurs formations politiques situées à la gauche de l’échiquier politique ne partagent pas ce point de vue.

Ainsi, le chef du Parti communiste grec Dimitris Koutsoumbas, a, sans surprise, dénoncé « l’aventurisme » du gouvernement grec, estimant que « où qu’elles se trouvent, les bases des Etats-Unis et de l’Otan sont des cibles pour des représailles. »

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