La Russie a invité des pays de l’Otan à participer à ses « olympiades » militaires

En août dernier, le président Macron avait invité les diplomates à faire preuve « d’audace » pour « repenser » le lien entre la France et la Russie, estimant que pousser Moscou loin de l’Europe – et donc vers Pékin – serait une « profonde erreur ». Depuis, pour ce qui concerne le domaine militaire, le dialogue entre les états-majors français et russes est pour le moment plutôt timide…

Il s’agit, a expliqué, cette semaine, le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA] d’avoir des discussions avec les Russes pour « maintenir au plus bas niveau possible les crises que nous cherchons à apaiser, et éviter des confrontations qui seraient malheureuses pour eux comme pour nous. » Et d’ajouter : « ce travail commence, on ne s’embrasse pas sur la bouche, ce n’est pas le souhait ni d’une partie ni de l’autre. »

En outre, le général Lecointre a aussi dit éventuellement « envisager des possibilités de préparations opérationnelles communes. » Mais, a-t-il poursuivi, « on n’en n’est pas encore là, on en est simplement à un niveau prospectif. »

Aussi, un des moyens pour casser la glace serait peut-être de répondre à l’invitation que vient de lancer Sergueï Choïgou, le ministre de russe de la Défense, à plusieurs membres de l’Otan. En effet, le 24 janvier, ce dernier a indiqué avoir invité les forces armées de 90 pays, dont certaines appartiennent à l’Alliance atlantique, à participer aux « jeux armés internationaux » qu’organise chaque année l’état-major russe depuis 2015. Cela étant, il n’a pas été précisé si la France a été invitée.

L’édition 2020 de ces « olympiades » militaires commencera le 23 août, pour se terminer le 5 septembre. Et elle devrait rassembler 250 équipes, soit 6.000 militaires.

Généralement, les pays ayant jusqu’à présent participé à ces « jeux armés mondiaux » cultivent une certaine proximité avec les forces armées russes, soit parce qu’ils ont appartenu à l’ex-URSS, soit parce qu’ils ont relations militaires anciennes avec la Russie [comme l’Angola, l’Algérie ou encore le Vietnam]. Cependant, il y a eu quelques exceptions. En effet, Israël, proche allié des États-Unis, et la Grèce, membre de l’Otan, y ont pris part par le passé. Ainsi, en 2019, les militaires grecs se sont classés 30e sur 39, sous l’oeil d’observateurs envoyés par la France, les États-Unis et la Turquie.

L’épreuve « reine » de ces jeux militaires est le « biathlon de chars », parce qu’elle est à la fois la plus populaire et la plus spectaculaire. Elle consiste en une course, avec des tirs de précision. « Pour rendre ces duels encore plus spectaculaires, nous avons augmenté la difficulté des parcours et les critères de notation », a expliqué M. Choïgou.

Reste à voir l’accueil que feront les pays de l’Otan concernés à cette invitation lancée par le ministre russe, d’autant plus qu’une participation à ces « olympiades militaires » ne manquerait pas de susciter quelques difficultés politiques au sein de l’Alliance, le dialogue au sein du Conseil Otan-Russie étant difficile, surtout après l’affaire de la Crimée. En outre, il faudrait avoir des garanties sur les conditions dans lesquelles se dérouleront les épreuves : à l’heure de la guerre des « perceptions », il s’agirait de ne pas jouer les faire-valoir au profit des forces armées russes, qui, jusqu’à present, ont toujours terminé à la première place du classement des médailles.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]