Boeing abandonne le projet d’un avion spatial qui devait réduire le coût des lancements de satellites militaires

Les temps sont difficiles pour Boeing. Ayant perdu sa place de numéro un mondial au profit d’Airbus dans le secteur de l’aviation commerciale après une chute historique de son niveau de livraisons en 2019 [380 appareils, contre 806 en 2018] et, donc, de son chiffre d’affaires, le constructeur américain est toujours englué dans la crise du B-737 MAX et n’en finit pas d’accumuler les déboires.

Le vol inaugural du B-777X, dont la mise au point a pris déjà un an de retard, a été reporté en raison des conditions météorologiques. Mais si c’est anecdotique, cela tombe mal… Car, dans le même temps, Boeing a annoncé son intention de repartir de zéro pour le B-797, son nouveau moyen courrier qui était appelé à remplacer les B-757 et B-767. Quant à son activité militaire, l’industriel a eu quelques soucis avec l’avion ravitailleur KC-46A Pegasus, destiné à l’US Air Force.

Enfin, dans le secteur spatial, la situation pourrait être meilleure… Si la capsule CST-100 Starliner avait pu aller jusqu’au bout de sa mission, en décembre dernier… Si elle a pu revenir sur Terre, elle a en effet échoué à rejointe la Station spatiale international [ISS]… alors que, dans le même temps, la caspsule Crew Dragon de SpaceX a passé plusieurs tests avec succès.

C’est donc dans ce contexte que Boeing a fait savoir, le 22 janvier, son intention d’abandonner le programme « Experimental Spaceplane » [XSP, appelé initialement XS-1], pour lequel la DARPA [l’agence de recherche et développement du Pentagone] l’avait retenu en 2017, avec le motoriste Aerojet Rocketdyne.

Le porte-parole de la DARPA, Jared Adams, a en effet déclaré auprès du site SpaceNews que Boeing avait pris la décision de quitter ce programme « immédiatement ». Plus tard, l’industriel a expliqué que cette mesure était le fruit d’un « examen détaillé » et que ses moyens affectés aux programme XSP allaient être réorientés vers d’autres projets.

Pour rappel, le programme XSP fut lancé en 2013 par la DARPA, avec l’objectif de pouvoir placer sur une orbite basse des engins d’une masse inférieure à 1,8 tonnes, à un coût de ne devant pas excéder 5 millions de dollars, grâce à un avion suborbital pouvant assurer 10 lancements successifs en 10 jours.

« Le XS-1 ne sera ni un avion traditionnel ni une fusée de lancement conventionnelle, mais une combinaison des deux, avec pour objectif un coût de lancement divisé par dix et le remplacement des longs délais contrariants actuels par un lancement à la demande », avait expliqué l’agence du Pentagone.

Le concept « Phantom Express » de Boeing avait alors séduit la DARPA. Il consitait à développer un appareil qui, propulsé par un moteur Aerojet Rocketdyne AR-22 et présentant des dimensions similaires à celles d’un avion de combat, devait décoller verticalement et voler à une vitesse hypersonique afin d’atteinte une altitude surorbitale et et libérer un lancer non-réutilisable chargé de mettre en orbite une charge utile. Les premiers vols d’essais étaient programmés pour 2020.

À noter que, en France, s’agissant de l’accès à l’espace, qui est aussi une affaire de souveraineté, l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA] étudie, selon son président, Bruno Sainjon, « un nouveau concept de petits lanceurs qui, pour une utilisation militaire, permettrait de mettre à poste avec un préavis très court une charge utile autorisant le remplacement d’une capacité détruite ou neutralisée. »

Ce concept « serait en particulier utilisable depuis un aéroport standard et ne nécessiterait pas d’infrastructures lourdes de type ‘pas de tir' », avait ajouté M. Sainjon, lors d’une audition au Sénat. Et de préciser : « Ce programme a été développé grâce à des financements européens. Il a comme objectif le lancement de petits satellites de 50 kilos à 150 kilos sur des orbites situées entre 400 kilomètres et 1000 kilomètres. C’est un petit drone semi-réutilisable qui utilise un lanceur consommable. »

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