Un responsable de Daesh tué lors d’une opération de la coalition anti-EI et des Forces démocratiques syriennes

Retrait des forces de la coalition anti-jihadiste des positions qu’elles occupaient dans le nord-est de la Syrie, offensive turque contre les milices kurdes syriennes [YPG], frappe contre le général iranien Qassem Soleimani en Irak, tensions entre l’Iran et les États-Unis… Les évènements survenus ces dernières semaines peuvent donner l’impression que le combat contre l’État islamique [EI ou Daesh] est passé au second plan, même si le chef de l’organisation, Abu Bakr al-Baghdadi, a été tué lors d’une opération des forces spéciales américaines dans la province syrienne d’Idleb, le 27 octobre dernier.

Justement, pour venger la mort de ce dernier, ainsi que celle d’Abou Hassan al-Mouhajir, son porte-parole, l’EI a lancé l’opération « Vengeance pour les deux cheikhs » le 22 décembre. Et, dans le numéro 215 de son hebdomadaire al-Naba, publié le 2 janvier, il a assuré avoir mené « 138 attaques » en dix jours, principalement en Irak et en Syrie [mais aussi au Nigeria].

Durant cette courte campagne, l’EI a notamment tiré des roquettes sur une base américaine installée dans la région d’al-Shadadi ainsi que sur le champ pétrolier d’al-Omar, tenu par les Forces démocratiques syriennes [FDS], dont font partie les milices kurdes syriennes.

Plus globalement, les attaques de Daesh ont significativement augmenté, tant en Irak qu’en Syrie, au cours de deux derniers mois de l’année 2019. Ainsi, l’organisation en a revendiqué 158 en novembre [dont 95 en Syrie et 63 en Irak] et 259 en décembre [avec une forte hausse constatée en Irak, avec 135 actes].

« Ce qui m’inquiète le plus, c’est la résurgence et la montée en puissance de l’État islamique au cours de l’année, pas seulement dans le sud-est syrien mais aussi dans l’ouest de l’Irak », a récemment affirmé le roi Abdallah II de Jordanie, dans le pays est aux premières loges. Résurgence à laquelle l’organisation jihadiste s’active, selon un rapport des Nations unies, publié avant la mort d’al-Baghdadi.

Pour autant, le général américain Alex Grynkewich, le commandant adjoint de l’opération Inherent Resolve [OIR – coalition anti-jihadiste, ndlr] a relativisé la menace.

« Le fait que l’EI ait échoué à tirer parti des manifestations qui se succèdent en Irak depuis plus de trois mois montre que le mouvement jihadiste est structurellement affaibli », a déclaré l’officier, devant le Mitchell Institute, à Washington, le 22 janvier. Sauf que la contestation politique et sociale agite surtout Bagdad et les sud de l’Irak, majoritairement chiite. En clair, les populations sunnites, que Daesh cherche à rallier à sa cause, s’en tiennent à l’écart.

Il s’agit de savoir « si l’EI se livre à une sorte de patience stratégique, attendant une opportunité qu’il pourrait exploiter, ou s’il est vraiment sous pression, en manque de capacités », a ensuite expliqué le général Grynkewich. Et les manifestations en Irak ont « beaucoup détourné l’attention » du groupe jihadiste et « aidé la coalition à affiner ses conclusions ».

Ainsi, a poursuivi le général américain, « l’EI est en fait davantage privé de capacités que patient stratégiquement ». Mais, a-t-il prévenu, il « reste indubitablement une menace » car il « peut potentiellement resurgir si nous allégeons la pression pendant trop longtemps. »

« À court terme, au moment où nous avons ajusté à la baisse certaines de nos activités en Irak et Syrie, je ne pense pas qu’il y ait une menace immédiate de résurgence. Mais plus nous allégeons la pression, plus la menace grandit », a estimé le général Grynkewich.

Justement, à propos de « pression », elle se limite actuellement à deux ou trois frappes aériennes par semaine contre les positions de l’EI. Ainsi qu’à des opérations ponctuelles, comme celle qui a été menée récemment par la « Special Ops Joint Task Force » d’Inherent Resolve et les commandos des Forces démocratiques syriennes.

Le 19 janvier, les FDS ont en effet annoncé que deux responsables de Daesh avait été tués dans un raid mené conjointement avec les forces spéciales de la coalition anti-jihadiste dans la province syrienne de Deir ez-Zor. L’un des deux cadres de l’EI a été identifié comme étant Abu al-Ward al-Iraqi, lequel était impliqué dans le financement des « cellules dormantes » de l’organisation terroriste.

Selon DeirezZor 24, Abu al-Ward était l’un des plus éminents dirigeants de Daesh étant donné qu’il fut « l’émir » du pétrole et du gaz quand le groupe occupait de vastes territoires en Irak et en Syrie. « Il avait une relation étroite avec al-Baghdadi », assure cette publication.

Après la défaite du « califat », Abu al-Ward était a priori le chef de l’EI à Deir ez-Zor, où il contribua au recrutement et au financement des cellules dormantes locales, via des « campagnes de collecte de la zakat » [impôt islamique] précise DeirezZor 24.

« La mort d’Abu al-Ward al-Iraqi perturbe et dégrade la capacité de l’EI à financer ses activités terroristes dans la vallée de l’Euphrate et le long de la frontière irako-syrienne », a confirmé le colonel Myles Caggins, le porte-parole de l’opération Inherent Resolve.
« Daesh aimerait mettre la main sur le pétrole. Nous aidons les commandos de nos partenaires syriens à l’en empêcher », a-t-il ajouté.

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