Selon Mme Parly, les « caractéristiques essentielles des pensions militaires seront préservées »

Alors que le gouvernement s’apprête à dévoiler son projet de loi instaurant un système universel de retraite à points, selon lequel chaque euro cotisé ouvrira les mêmes droits, et qu’une nouvelle journée d’action syndicale se profile, la ministre des Armées, Florence Parly, a tenu à rassurer les militaires sur l’avenir de leurs pensions.

Ce qui est loin d’être gagné, si l’on en juge par l’avis qu’a rendu, la semaine passé, le Conseil supérieur de la fonction militaire [CSFM] au sujet de cette réforme.

Ainsi, selon le Parisien et l’Essor de la Gendarmerie, qui ont pu avoir accès à ce document signé par le contrôleur général des armées Olivier Schmit, le CSFM « ne peut, en ce qui concerne la condition militaire, émettre un avis favorable » à ce projet de réforme.

Ainsi, le CSFM « désapprouve les dispositions restrictives voir le recul significatif dans plusieurs domaines et la persistance d’incertitudes concernant le devenir des pensions militaires : ouverture des droits, réversion, modalités de calcul, cotisations employeurs, pensions minimales garanties, emploi des réservistes, disparition de la pension à jouissance différée. »

Et d’estimer que « certaines dispositions fragilisent notre modèle d’armée et la condition militaire », comme celles relatives aux « modalités de calcul de la pension militaire qui suivraient le régime de droit commun. » Incitant à prolonger l’activité professionnelle, ces dernières participeraient « au vieillissement de la population militaire », ce qui est « une discordance entre l’objectif poursuivi par le projet de loi et l’impératif de jeunesse imposé par la loi à nos armées », explique le CSFM.

Lors d’un entretien avec l’Association des journalistes de la Défense [AJD], le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA], a assuré que les armées « ont été parfaitement entendues » par le président Macron.

Ainsi, L’Essor de la gendarmerie rapporte que le CEMA souhaite que les armées puissent garder la main sur les « modalités spécifiques d’application », comme l’âge de départ, le calcul des bonifications et les primes de spécialité.

« Il faut que ces outils soient à la main des directeurs des ressources humaines des armées pour qu’ils puissent préserver la capacité à gérer avec finesse les flux entrants et sortants, ainsi que l’attractivité du métier militaire », a expliqué le général Lecointre. En clair, il s’agit pour les armées d’avoir un « régime séparé » du régime universel que veut mettre en place le gouvernement.

Cependant, le CEMA a dit partager les « questionnements » du CSFM, en particulier sur « financement de notre régime ou l’absence de simulateurs. » Mais, a-t-il continué, les « choses se feront progressivement. »

Lors de ses voeux, Mme Parly a fait valoir que son « engagement a été total pour faire reconnaitre les besoins de nos forces armées. » Et d’insister sur le fait que les « caractéristiques essentielles des pensions militaires seront préservées. »

« Le Président de la République a rappelé lors de ses vœux aux armées […] que le système universel prendra en compte les exigences de la condition militaire et du modèle de ressources humaines de nos armées », a encore affirmé la ministre sur ce point.

Reste à voir les dispositions prévues par ce projet de loi… Et les débats qu’elles ne manqueront sans doute pas de susciter au Parlement.

Par ailleurs, Mme Parly a aussi indiqué qu’elle présenterait, « dans les mois qui viennent », une « nouvelle architecture pour la rémunération des militaires, plus lisible et qui répond aux enjeux actuels. » Aux dernières nouvelles, ce projet, très sensible, vise à définir 8 rubriques « permettant de rendre compte des sujétions militaires singulières – vie en garnison, mobilité géographique imposée, etc », ce qui permettra de faire le ménage dans le maquis des 174 primes, dont certaines sont tombées en désuétude.

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