Le ministre indonésien de la Défense ne veut pas faire de commentaire sur l’achat possible de 48 avions Rafale

Ces dernières semaines, la tension monte progressivement entre l’Indonésie et la Chine. En cause? Les îles Natuna qui, bien que situées à 3.000 km des côtes chinoises, en mer de Chine méridionale, sont revendiquées par Pékin alors qu’elles sont placées sous souveraineté indonésienne.

Certes, le contentieux n’est pas nouveau. En 2014, par exemple, Djakarta fit part de sa « consternation » de voir que la Chine avait englobé des parties de cet archipel dans sa ligne en neut traits [c’est à dire les neuf lignes de division dans la mer de Chine méridionale]. Par la suite, des navires de pêches chinois furent arraisonnés par la marine indonésienne dans les eaux des îles Natuna, ce qui susicta des réactions courroucées à Pékin.

En juin 2016, un navire indonésien alla jusqu’à procéder à des tirs de semonce pour faire déguerpir un bateau de pêche chinois. Ce qui provoqua la « colère » de la Chine, qui dénonça une « usage excessif de la force. »

Mais, désormais, Pékin envoie dans les environs des îles Natuna des flottilles de bateaux de pêche, accompagnés par des navires de la garde-côtière chinoise. Un tel procédé n’est pas nouveau : les Philippines en fit les frais, avec la perte de l’atoll de Scorborough. Ce qui motiva la saisie de la Cour permanente d’arbitrage, laquelle donna raison à Manille… Ce qui eut aucun effet sur les autorités chinoises.

Quoi qu’il en soit, les violations de la zone économique exclusive indonésienne dans le secteur des îles Natuna se multiplient. « Le nombre de bateaux de pêche sur zone est de 50 à 60 à ce jour », escortés par des garde-côtes chinois, a en effet affirmé Achmad Taufiqoerrochman, le directeur de l’Agence de sécurité maritime indonésienne. À Pékin, on explique que la Chine a des « droits historiques » sur cette région et que ses pêcheurs se livrent à des « activités légales et raisonnables. »

Début janvier, le président indonésien, Joko Widodo, s’est rendu sur cet archipel convoité par Pékin afin de marquer le coup. « J’ai affirmé à de nombreuses reprises que Natuna était notre territoire souverain. Il n’y a rien à débattre, j’espère que c’est clair », a-t-il lancé, à cette occasion. Et Djakarta y a déployé 600 militaires, 8 navires militaires et des avions F-16.

Cela étant, ces incidents à répétition font que les autorités indonésiennes ont désormais l’intention de muscler les capacités des forces armées du pays, notamment dans les domaines aérien et naval. Ces dernières disposent notamment de 16 Su-27/30, de 33 F-16 et d’une quinzaine d’avions d’attaque légers KAI-50. Quant à la marine indonésienne, elle peut compter sur des sous-marins [construits en coopération avec la Corée du Sud], sur 7 frégates et 24 corvettes de différents modèles.

Le 13 janvier, le ministre indonésien de la Défense, Prabowo Subianto, a été reçu à Paris par Florence Parly, son homologue française.

Selon le compte-rendu qui a été fait de cette rencontre par l’ambassade d’Indonésie à Paris, M. Subianto a « discuté des efforts visant à renforcer la coopération en matière de la défense entre les deux pays. »

« En tant que deux partenaires stratégiques, l’Indonésie et la France ont une bonne coopération en matière de défense. L’Indonésie souhaite continuer à renforcer la coopération en matière de défense, en particulier dans les domaines qui peuvent améliorer l’équipement du TNI [l’armée indonésienne] et faire progresser l’industrie de la défense indonésienne », a expliqué M. Prabowo.

Et quand il s’agit de « renforcer » les armées indonésiennes, Djakarta n’a pas a priori pas l’intention de mégoter, à en croire La Tribune. Selon l’hebdomadaire économique, qui évoqué des « sources » interrogées par ses soins, M. Subianto aurait évoqué l’achat de 48 avions de combat Rafale, jusqu’à 4 sous-marins Scorpène dotés de missiles anti-navire Exocet SM39 et 2 corvettes Gowind.

Le Djakarta Post a précisé, le 14 janvier, que le ministre indonésien s’était entretenu, durant son séjour en France, avec des représentants d’entreprises françaises produisant des « munitions [MBDA?], des avions de chasse [Dassault Aviation, ndlr], des navires [Naval Group], des radars [Thales]. » Et il aurait également exprimé « l’espoir de voir l’industrie française aider l’Indonésie à améliorer ses capacités de défense grâce à des transferts de technologie. »

Une semaine, l’hebdomadaire indonésien Tempo, a rapporté que M. Prabowo venait « officiellement de demander une amélioration substantielle » des capacités de défense du pays, lors d’une réunion à huis clos à la Chambre des représentants. « Des efforts particuliers sont nécessaires, au nom de le souverainenté. Notre indépendance et notre souveraineté doivent être défendues. Et cela nécessite des investissements, » a-t-il plaidé.

Seulement, interrogé par la presse sur l’intention prêté à Djakarta d’acquérir 48 Rafale, le ministre n’a pas souhaité faire de commentaire. Si ce n’est qu’il maintiendra une étroite coordination avec le ministre des Finances, Sri Mulyani, pour avoir les marges de maneuvres budgétaires nécessaires pour modernier les forces armées du pays. « C’est peut-être ce que les Français espèrent », a-t-il seulement dit.

Selon la presse indonésienne, l’ambassadeur d’Indonésie en France, Arrmanatha Nasir, a souligné qu’il existe de « nombreuses possibilités d’accroître la coopération en matière de défense parce que » Paris et Djakarta « entretiennent de bonnes relations bilatérales et ont chacun une politique étrangère indépendante. »

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