Une « Coalition pour le Sahel » réunissant la France, le G5 Sahel et les pays partenaires va se mettre en place

Le président Macron souhaitait des clarifications auprès de ses homologues du G5 Sahel [Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Tchad et Niger] sur la présence militaire française dans la bande sahélo-saharienne. Et il les a obtenus, lors du sommet de Pau, organisé le 13 janvier.

« Les chefs d’État du G5 Sahel ont exprimé le souhait de la poursuite de l’engagement militaire de la France au Sahel et ont plaidé pour un renforcement de la présence internationale à leurs côtés » et ils « ont réaffirmé que cette action commune vise à protéger les populations civiles, à défendre la souveraineté des Etats du G5 Sahel [conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité des Nations unies et aux accords bilatéraux en vigueur], à prévenir une extension de la menace terroriste dans les pays frontaliers et à ramener la stabilité, condition indispensable du développement », lit-on effet dans la déclaration finale publiée à l’issue du sommet.

À noter que cette dernière a souligné la nécessité de trouver une « solution rapide » à la crise libyenne, laquelle alimente l’instabilité au Sahel.

Cela étant, ce maintien de la présence militaire française au Sahel se fera dans un nouveau cadre, qui prendra la forme d’une « Coalition pour le Sahel », dont le commandement sera assuré conjointement par la Force Barkhane et la Force conjointe du G5 Sahel [FC-G5S].

« Le commandement conjoint de cette coalition accueillera progressivement l’ensemble des pays volontaires et partenaires, dont les contributions militaires rejoindront l’opération Barkhane, comme le futur groupement de forces spéciales européennes, baptisé ‘Task Force Takuba’, qui s’inscrira dans le cadre de ce premier pilier », est-il expliqué dans la déclaration conjointe.

Ainsi, les efforts se concentreront sur la zone dite des « trois frontières », qui s’étend sur le Mali, le Niger et le Burkina Faso, et cibleront en priorité l’État islamique au grand Sahara [EIGS] qui y est actuellement particulièrement actif. L’organisation jihadiste y a revendiqué récemment plusieurs attaques ayant infligé de lourdes pertes aux forces armées locales, comme à Inates, en décembre.

En outre, ajoute le texte, le « concept d’opération de la Force conjointe sera révisé afin qu’elle puisse agir avec une marge de manœuvre renforcée au-delà de la zone des 50 km de part et d’autre des frontières. »

Sur ce point, des travaux de planification ont été présentés au général Namata, le commandant de la FC-G5S, ainsi qu’au général Facon, le chef de la Force Barkhane, lors d’une réunion organisée à Niamey, fin décembre.

Lors de la conférence de presse donnée après le sommet aux côtés de ses homologues du G5 Sahel, le président Macron a expliqué que ce commandement conjoint entre Barkhane et la FC-G5S permettrait de mieux partager le renseignement, d’améliorer la coordination et donc d’accroître la capacité de projection dans cette zone dite des trois frontières.

Par ailleurs, le président Macron a annoncé que la force Barkhane serait renforcée par le déploiement de 220 militaires supplémentaires [ce qui peut correspondre à un renforcement des moyens aériens, ndlr].

La Coalition pour le Sahel « pourra développer les capacités opérationnelles des forces sahéliennes sur l’ensemble de l’espace G5 Sahel afin de réduire la menace des groupes terroristes et d’assurer un meilleur contrôle des frontières », indique encore la déclaration finale, qui évoque également des mesures pour restaurer la présence de l’État, des administrations et des services publics dans les zones où elle en est absente ainsi que pour continuer les efforts dans le domaine de l’aide au développement.

Cependant, dans son dernier rapport sur le Mali, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a décrit une situation « complexe » et « inquiétante » dans le nord du pays, où sévit notamment le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM], qui n’a pas été cité nommément dans la déclaration finale du sommet de Pau.

En effet, selon M. Guterres, le nord du Mali n’est pas à l’abri d’une intensification des affrontements intercommunautaires entre les populations arabes et touareg. Ce qui, conjugé « à l’expansion des groupes extrémistes, devraient être la principale source de violence dans les mois à venir », écrit-il.

Qui plus est, explique le secrétaire général de l’ONU, la « volonté de contrôler les principaux itinéraires du trafic amène certains à prendre les armes » alors que les « facteurs de conflit économique restent difficiles à traiter, les groupes dissimulant leurs motivations en tenant des discours idéalistes, politiques ou religieux. » Et de noter par ailleurs une « infiltration constante de groupes terroristes armés a été constatée, à tel point que certains interlocuteurs ont comparé la situation à celle de 2012. »

Enfin, la déclaration finale du sommet de Pau ne dit pas un mot sur la MINUSMA, la mission des Nations unies au Mali, qui encore a été visée par des tirs d’obus de mortier à Kidal [nord], la semaine passée. Pourtant, certains pays membre du G5 Sahel contribuent à cette mission, dont le Tchad.

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