Sahel : M. Macron dénonce le discours anti-français et les puissances étrangères ayant un « agenda de mercenaire »

Depuis maintenant plusieurs mois, une petite musique anti-française se fait entendre au Sahel, que ce soit dans les discours de certains responsables et élus politique ou sur les réseaux sociaux. Le plus souvent, la France est accusée de maintenir sa présence militaire dans la région pour faire main basse sur les ressources minières [pétrole, or, uranium etc] du Mali, du Burkina Faso ou du Niger. Et l’accusation de colonialisme, portée également par quelques idéologues politiques, ne tarde généralement pas à suivre.

Pourtant, de telles affirmations ne reposent sur rien de concret. « Les interventions de l’armée française n’ont pas permis à l’ancienne puissance coloniale de compenser son déclin économique en Afrique, y compris en Libye depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 », ont ainsi récemment constaté, chiffres à l’appui, Marc-Antoine Pérouse de Montclos, directeur de recherches à l’Institut de recherche pour le développement [IRD] et Thierry Hommel, Economiste, École des Ponts ParisTech [ENPC].

Alors que de se développe ce discours anti-français, la force Barkhane est régulièrement visée par des campagnes « d’infox » sur les réseaux sociaux, alors que, dans le même temps, certaines associations, comme « Les patriotes du Mali » ne ménage pas sa peine en faveur d’une intervention militaire russe tout en ne cachant pas son hostilité à la France.

Le 10 janvier dernier encore, une manifestation ayant rassemblé un millier de manifestants à Bamako à l’appel d’organisations de la société civile et de partis politiques, a exigé le départ de Barkhane. Selon l’AFP, des députés du Rassemblement pour le Mali [RPM], le parti du président Ibrahim Boubacar Keïta, y ont pris part.

Ce climat explique en grande partie la tenue, le 13 janvier, du sommet de Pau, le président Macron voulant obtenir des « clarifications » auprès de ses homologues du G5 Sahel [Burkina Faso, Mali, Niger, Mauritanie, Tchad]. Clarifications qu’il a obtenues.

Cela étant, le président Keïta avait déjà dénoncé, lors de ses voeux pour la nouvelle année, une « minorité d’activistes, de francs-tireurs ou de forces centrifuges qui cherchent à faire feu de tout bois, y compris le jeu des terroristes » en critiquant la présence militaire française. Et, selon lui, elle ne saurait être confondue avec l’ensemble des Maliens.

Lors de la conférence presse donnée à l’issue du sommet de Pau, le président Macron a remis les pendules à l’heure en évoquant ce discours anti-français.

« À chaque fois qu’un État demandera à l’armée française de ne plus être là, nous le quitterons. Notre seul intérêt, c’est la lutte contre le terrorisme, la stabilité et la souveraineté des États où nous sommes présents », a commencé par souligner M. Macron.

« J’entends beaucoup de choses sur les réseaux, dans les déclarations. J’entends beaucoup de gens qui disent tout et n’importe quoi. Demandez-vous par qui ils sont payés et quels intérêts ils servent », a enchaîné le président français. « Mais que ces gens-là disent qui se fait tuer pour leurs enfants! Moi, je sais qui est tombé pour la sécurité des Maliennes et des Maliens, des Nigériens, des Burkinbè : des soldats français! », a-t-il continué.

« Donc, les discours que j’ai peu entendre ces dernières semaines sont indignes. Ils sont combattus avec beaucoup de fermeté » par les dirigeants du G5 Sahel et « je les en remercie », a dit M. Macron.

Mais, a-t-il ensuite accusé, ces discours sont « indignes parce qu’ils servent d’autres intérêts, soit ceux des groupements terroristes […], soit ceux d’autres puissances étrangères qui veulent simplement voir les Européens plus loin, parce qu’elles ont leur propre agenda, un agenda de mercenaires. »

Le président Macron n’a pas livré de détails sur ces « puissances étrangères à l’agenda de mercenaire » qui seraient à l’oeuvre au Sahel… Mais son propos rappelle celui qu’avait tenu Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, pour dénoncer les menées de la société militaire privée russe Wagner en Centrafrique, pays où un discours anti-français s’était également développé concomitamment avec l’arrivée des mercenaires russes.

Pour rappel, la SMP Wagner, fondée par Dmitri Outkine, un ancien du GRU [renseignement militaire russe, ndlr]. Elle compterait l’homme d’affaires Evguéni Prigojine, un proche du Kremlin, parmi ses principaux actionnaires. Ces derniers mois, elle aurait multiplié les engagements en Afrique, notamment en Libye [ce que Moscou dément], au Soudan, à Madagascar, dans le nord du Mozambique et, plus récemment au Mali, l’une de ses équipes ayant séjourné à Bamako.

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