Inde : La version navale du HAL Tejas a franchi un pas décisif en appontant et en décollant d’un porte-avions

Il y a encore peu, la marine indienne était l’une des rares à disposer de capacités aéronavales. Son homologue chinoise l’a récemment rejointe avec la mise en service des porte-avions CNS Liaoning et CNS Shandong, lesquels mettent en oeuvre le chasseur embarqué J-15 « Flying Shark ». La Thaïlande est un autre pays asiatique qui fait partie de ce club très fermé, avec le HTMS Chakri Naruebet, même si ce bâtiment n’accueille plus d’avion AV-8S Harrier depuis 2006. Quant au Japon, il a été contraint d’abandonner cette capacité après la Seconde Guerre Mondiale.

Actuellement, l’Indian Navy ne dispose plus que d’un seul porte-avions, en l’occurrence l’INS Vikramaditya, un navire en configuration STOBAR [plan incliné et brins d’arrêt] acquis auprès de la Russie en 2004. Ayant réformé ses chasseurs embarqués Harrier, elle met uniquement en oeuvre des MiG-29K, dont il a été dit qu’ils lui causaient beaucoup de soucis en terme de maintien en condition opérationnelle.

Bientôt, l’INS Vikramaditya devrait être rejoint par l’INS Vikrant, un porte-avions également en configuration STOBAR de conception locale. Puis, à un horizon plus lointain, l’Indian Navy espère disposer d’un troisième bâtiment avec l’INS Vishal, qui, contrairement aux deux autres, sera en configuration CATOBAR, c’est à dire qu’il sera doté de catapultes et de brins d’arrêt.

Mais au-delà des questions relatives à la construction navale, l’Inde vient de franchir un nouveau palier grâce à la version navale du chasseur léger HAL Tejas, développé par Hindustan Aeronautics Limited [HAL] et la DRDO, l’agence de recherche et développement du ministère indien de la Défense.

En 2016, il avait été avancé que l’Indian Navy renonçait à acquérir des Tejas-N, en raison du retard accumulé dans son développement, commencé en 2003, de ses lacunes techniques [son unique moteur étant jugé insuffisant et sa masse trop importante pour lui permettre d’emporter une charge utile suffisante]. Cependant, les travaux ont continué et l’appareil est désormais considéré comme étant un prototype devant servir à mettre au point un nouvel appareil bimoteur, à savoir le « Twin Engine Deck Based Fighter » [TEDBF, encore appelé « Tejas Mk2 »] d’ici 2026.

C’est donc dans ce contexte que, après des essais d’appontage prometteurs effectués à terre en septembre dernier, le Tejas-N a réussi à apponter à bord de l’INS Vikramaditya, le 11 janvier. Puis, le lendemain, il a franchi une nouvelle étape décisive en parvenant à décoller du pont incliné de ce même porte-avions.

Ces deux succès font du Tejas-N le premier avion de combat indien capable d’apponter sur un porte-avions et d’en décoller. Ce qui fait entrer l’Inde dans le cercle très fermé des pays actuellement capable de développer de tels appareils [France, États-Unis et Russie, voire la Chine, même si son J-15 est largement inspiré du Su-33 russe]. Et, comme le souligne le magazine indien « The Week », cela ouvre évidemment la voie au TEDBF que souhaite l’Indian Navy.

Cela étant, ce programme ne remet nullement en cause l’appel d’offre « MRCBF » [Multi-­Role Carrier Borne Fighter], qui vise à acquérir 57 chasseurs embarqués multi-rôles pour l’Indian Navy. Sont en lice pour ce marché : Dassault Aviation avec le Rafale M, Boeing avec le F/A-18 Super Hornet et Saab, avec une version navalisée du Gripen E/F qui n’existe, pour le moment, que sur la planche à dessin. Le MiG-29K est également sur les rangs.

Par ailleurs, le 12 janvier, le secrétaire indien à la Défense, Ajay Kumar, a annoncé la commande prochaine de 83 avions LCA Tejas Mark 1 au profit de l’Indian Air Force [IAF].

« Nous sommes en train de finaliser le contrat pour 83 avions de combat légers [LCA Tejas] Mark 1A, qui sont des chasseurs avancés pour répondre aux besoins urgents de l’Inde », a en effet déclaré ce responsable, en marge d’une cérémonie marquant la mise en service de nouveaux navires destinés à la garde-côtière indienne. « Nous voulons le faire le plus tôt possible », a-t-il ajouté, espèrant que le contrat serait signé dans le courant de cette année, alors que l’IAF vient de voir le nombre de ses avions de combat en service encore diminuer, avec le retrait, le 27 décembre, de ses derniers MiG-27.

Cette commande de 83 Tejas Mark 1A ne remet pas non plus en cause le programme visant à acquérir de 110 autres avions de combat, dans le cadre d’un appel d’offres de type MMRCA [Medium Multi-Role Combat Aircraft]. Le Rafale est aussi en lice, comme le F-21 de Lockheed-Martin, le F/A-18 Super Hornet et le JAS-39 Gripen. Un constructeur russe serait aussi en course [Su35 ou MiG-35?].

En revanche, et le secrétaire indien à la Défense n’a pas évoqué une commande de 36 Rafale supplémentaires, comme l’avancent certains bruits de coursive. Un indice, peut-être? Le 10 janvier, l’Élysée a fait savoir que le président Macron avait eu une conversation téléphonique avec Narendra Modi, le Premier ministre indien. « Les deux dirigeants ont marqué leur intérêt pour poursuivre le renforcement de notre partenariat dans le domaine militaire et celui du nucléaire civil, ainsi que pour renforcer notre coopération opérationnelle dans la région Indopacifique », a indiqué la présidence française.

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