Pour un groupe d’experts de l’ONU, les Houthis ne sont pas les auteurs des attaques contre les sites pétroliers saoudiens

Le 14 septembre 2019, l’usine de de traitement d’Abqaiq et le champ pétrolier de Khurais, situés dans l’est de l’Arabie Saoudite, furent visés par des frappes. Cette action fut revendiquée par les rebelles Houthis, qui affrontent, au Yémen, une coalition dirigée par Riyad, avec le soutien de l’Iran. Et ils précisèrent qu’ils avaient eu recours à des « essaims de drones » et à des missiles Qods-1, mis au point par leurs propres moyens.

Ainsi, 18 drones furent envoyés contre l’usine d’Abqaid quand plusieurs missiles étaient lancés en direction de Khurais. Au total, 25 systèmes furent utilisés pour ces attaques.

Seulement, au regard des distances à parcourir depuis les zones contrôlées par les Houthis au Yémen, cette revendication n’a pas été prise au sérieux. D’autant plus que faire voler des drones en essaim sur une distance supérieure à 1.000 km est très compliqué. Quant aux missiles Qods-1, propulsés par un moteur TJ100 de conception tchèque], leur portée est insuffisante pour réaliser de telles attaques.

« Il semblerait plus probable que l’attaque provienne d’un endroit plus proche de l’est de l’Arabie saoudite que du nord du Yémen – potentiellement de l’Irak, de l’Iran ou peut-être même de navires », avaient alors estimé les experts du site Arms Control Wonk.

Aussi, plusieurs pays, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France, accusèrent l’Iran d’être responsable des attaques ayant visé le secteur pétrolier saoudien. Ce qu’ont évidemment démenti les dirigeants iraniens.

« Il est clair pour nous que l’Iran porte la responsabilité de cette attaque. Il n’y a pas d’autre explication plausible », avaient ainsi estimé le président Macron, la chancelière Merkel et Boris Johnson, le Premier ministre britannique, dans un communiqué commun.

Pour autant, en décembre, dans un rapport remis au Conseil de sécurité, le secrétaire général des Nations unis, Antono Guterres, a indiqué qu’il n’était pas en mesure de dire, de manière indépendante, si les systèmes d’armes utilisés contre les sites saoudiens étaient ou non d’origine iranienne.

« Le secrétariat de l’ONU a pu examiner les débris d’armes utilisées contre une installation pétrolière à Afif en mai 2019, contre l’aéroport international d’Abha en juin et août 2019, et contre des installations pétrolières de l’entreprise saoudienne Aramco à Khurais et Abqaiq en septembre 2019 », avance ce rapport. « À ce stade, il n’est pas en mesure de confirmer de manière indépendante que les missiles de croisière et les drones utilisés dans ces attaques sont d’origine iranienne et ont été transférés de façon non conforme avec la résolution 2231 [relative à l’accord nucléaire conclu iranien », poursuit le texte.

Quoi qu’il en soit, si le secrétaire général de l’ONU n’est pas en mesure de dire si l’Iran est responsable des attaques, le groupe d’experts des Nations unis chargé du Yémen a cependant avancé une certitude.

« Malgré leurs affirmations contraires, les forces houthies n’ont pas lancé les attaques contre Abqaiq et Khurais le 14 septembre 2019 », avancent-ils en effet, dans un rapport qui sera prochainement remis Comité des sanctions du Conseil de sécurité et que l’agence Reuters a pu consulter.

Ainsi, les enquêteurs disent douter que les drones et les missiles de croisière dont disposent les rebelles yéménites, « aient une portée suffisante pour avoir été lancés du territoire yéménite sous [leur] contrôle.

Et d’ajouter que la « commission note que les projectiles tirés en direction d’Abqaiq et de Khurais sont respectivement arrivés du nord-nord-ouest et nord-nord-est, et non pas du sud comme on pourrait s’y attendre dans le cas d’un lancement depuis le territoire yéménite. »

Par ailleurs, les experts doutent également que les drones et les missiles ayant visé les installations saoudiennes et qui sont « relativement sophistiqués », aient pu être « développés et fabriqués au Yémen ».

Cependant, ce groupe d’experts n’a pas le mandat d’attribuer la responsabilité des attaques contre le territoire saoudien. Or, Riyad avait indiqué attendre le résultat de l’enquête des Nations unies pour décider de la réponse à donner.

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