Le ministère des Armées s’intéresse au Stratobus, le dirigeable autonome de Thales Alenia Space

En 2014, Thales avait indiqué qu’il travaillait sur le projet « Stratobus », c’est à dire un appareil « à mi-chemin entre le drone et le satellite » capable mener plusieurs types de missions sans avoir nécessairement recours à un satellite.

L’idée consistait alors de faire prendre à une sorte de dirigeable autonome, pouvant emporter une charge de 200 kg, une position stationnaire à 20 km d’altitude, c’est à dire juste au-dessus du trafic aérien. Pour cela, il fallait faire en sorte qu’il pût compenser la force du vents pour se maintenir. D’où l’ajout de deux moteurs électriques alimentés par des panneaux photovoltaïques, associés à un système d’amplification d’énergie solaire, ainsi quepar une pile à combustible.

Plus économique qu’un satellite, le Stratobus, assurait Thales à l’époque, serait en mesure d’avoir des applications militaires, allant du relai de télécommunication à la surveillance maritime en passant par l’observation en temps réel.

Il aura fallu attendre près de six ans pour voir ce projet susciter l’intérêt du ministère des Armées. En effet, le 8 janvier, la Direction générale de l’armement [DGA] a confié un contrat d’étude de concept à Thales et à Thales Alenia Space.

Les travaux porteront notamment sur les applications ISR [renseignement, surveillance reconnaissance] du StratobusTM. Il s’agira de voir si cet appareil est en mesure de répondre aux besoins opérationnels des forces françaises.

« Ce contrat vise à étudier l’apport des plateformes stratosphériques persistantes pour compléter et améliorer la capacité de défense de la France », explique Thales, via un communiqué.

Il portera sur une « étude d’un concept opérationnel d’une mission ISR, incluant des exercices de simulation de son fonctionnement sur des théâtres d’opération » ainsi que sur « étude d’un concept de démonstrateur échelle 1 capable de voler dans la stratosphère afin de démontrer les performances en vol d’une mission ISR. »

« Ce contrat a pour objet d’évaluer la pertinence des solutions stratosphériques persistantes de type StratobusTM, pour les besoins de défense et marque une étape clé vers la définition d’une éventuelle solution opérationnelle en lien avec les utilisateurs. Il permettra de préparer les entrées nécessaires au développement de la solution complète incluant l’avionique dronisée et fiabilisée ainsi que l’ensemble des segments de contrôle, l’objectif étant d’aboutir à une démonstration en vol pour fin 2023 », résume Jean-Philippe Chessel, Directeur de la Ligne de Produit StratobusTM.

Et de rappeler que ce projet avait été soutenu, dès le début, par la France « dans le cadre du Plan d’Investissement d’Avenir et du FEDER de la région PACA »

En attendant, la Marine nationale s’intéresse de près aux capacités offertes par les drones stratosphériques [ou « pseudo-satellites, ndlr], comme le Zephyr d’Airbus ou le Stratobus de Thales.

Un drone stratosphérique « vole à 30.000 mètres d’altitude et peut rester des semaines en l’air. Il avance assez lentement, sa charge utile est assez faible, mais il va à la vitesse d’un bateau : il pourrait donc suivre une force navale, me servir, de façon assez discrète, de relais de télécommunications, mais aussi, de point d’observation afin de relever tous les transpondeurs, en voyant plus loin », avait en effet expliqué l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], lors de l’une de ses dernières auditions parlementaires. « Ce peut être un outil moins onéreux, plus mobile et peut-être plus discret qu’un satellite », avait-il plaidé.

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