L’Italie annonce qu’elle maintiendra sa présence militaire en Irak

Depuis la frappe américaine contre le général iranien Qassem Soleimani, le chef des opérations extérieures des Gardiens de la révolution et, surtout, le vote par le Parlement irakien d’une résolution [non contraignante] demandant le départ des « forces étrangères », plusieurs pays ont fait savoir qu’ils redéploieraient leurs troupes engagées en Irak au titre de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis.

L’Allemagne a ouvert le bal, en annonçant qu’une trentaine de soldats de la Bundeswehr allaient quitter le camp de Taji, situé au nord de Bagdad, pour rejoindre la Jordanie. Selon Berlin, il s’agit d’une mesure « provisoire ». Le Canada a l’intention d’en faire de même, une partie de ses 500 militaires présents en Irak.

« Au cours des prochains jours, des effectifs quitteront temporairement l’Irak pour s’installer au Koweït, grâce aux efforts de planification déployés par la coalition et l’Otan », a en effet expliqué le général Jonathan Vance, le chef d’état-major des forces canadiennes. « Nous prenons ces mesures pour veiller à la sûreté et à la sécurité de nos effectifs », a-t-il ajouté pour justifié ce qu’il a appelé une « pause opérationnelle ».

L’Otan, qui mène une mission de formation au profit des forces irakiennes, avait déjà fait connaître sa décision de suspendre ses activités en Irak, le 4 janvier. Trois jours plus tard, l’organisation a annoncé le retrait d’une partie du personnel déployé.

« Nous prenons toutes les précautions nécessaires pour protéger notre personnel. Cela comprend le repositionnement temporaire d’une partie du personnel dans des différents lieux à l’intérieur et à l’extérieur de l’Irak », a expliqué un responsable de l’Otan.

D’où l’annonce faite par le ministère roumain de la Défense, qui a parlée d’une « relocalisation » de ses 14 militaires présents en IRak, justement dans le cadre de cette mission de l’Alliance atlantique.

Évidemment, maintenir une présence militaire en Irak sans le soutien des forces américaines serait très compliqué. Mais, officiellement, Washington n’envisage pas un retrait de ses troupes. Et l’Australie non plus. Du moins, tant que les États-Unis resteront sur place.

Après les tirs de missiles iraniens contre deux bases irakiennes abritant des soldats de la coalition anti-jihadiste, le Premier ministre australien, Scott Morrison, a indiqué avoir discuté de la situation avec ses ministres de la Défense et des Affaires étrangères ainsi qu’aver le général Angus Campbell, le chef des forces australiennes.

Et il a demandé à ce dernier de « prendre toutes les mesures nécessaires » pour protéger les troupes et les diplomates australiens en Irak. « Aucune autre action ou décision [n’est] jugée nécessaire pour le moment, mais la situation continue d’être étroitement surveillée. L’engagement se poursuit également avec les partenaires de la coalition, en particulier les États-Unis », a ensuite précisé le bureau de M. Morrison.

Quant au Royaume-Uni, le ministre de la Défense, Ben Wallace, a dit souhaiter le maintien de la présence militaire britannique en Irak. Mais il a aussi déclaré qu’elle se terminera si Bagdad en fait la demande. « Nous essayons de leur faire comprendre [aux dirigeants irakiens, ndlr] qu’il est dans leur intérêt que l’on reste. Mais nous respectons la souveraineté irakienne. S’ils nous demandent de partir, c’est leur droit et nous le respecterons », a-t-il dit.

Pour la France, il est exclu, pour le moment, d’envisager le retrait de ces 160 militaires envoyés en Irak pour former les soldats irakiens. « La lutte contre le terrorisme est la priorité numéro 1 de nos armées. Contre Daech, contre al-Qaïda, au Levant, au Sahel ou ailleurs, cette défense de l’avant est essentielle à la protection de la Nation », a fait valoir Florence Parly, la ministre des Armées. « Nous poursuivrons cette mission primordiale avec une vigueur et une détermination intactes en 2020 » et la « priorité aujourd’hui est la même qu’hier et doit être celle de demain : lutter contre Daesh, sa résurgence sur le terrain au Levant, sa propagande sur internet », a-t-elle ajouté.

L’Italie, qui compte 900 militaires en Irak et dans ses environs dans le cadre de l’opération « Prima Parthica », est sur la même ligne. Ainsi, le ministre italien de la Défense, Lorenzo Guerini, a annoncé leur maintien au sein de la coalition anti-jihadiste après avoir eu une conversation téléphonique « franche et claire » avec Mark Esper, son homologue américain.

« Avec un millier d’hommes en Irak, plus d’un millier au Liban au sein de la Finul au Liban et un peu moins d’un millier en Afghanistan, l’Italie figure parmi les pays les plus engagés dans la stabilité de la région », a fait valoir M. Guerini.

En Irak, les forces italiennes comptent 450 militaires à Erbil, où ils entraînent les combattants kurdes, 90 autres à Kirkouk et 50 à Bagdad. Enfin, 300 sont basés au Koweït, d’où ils mettent en oeuvre des avions Eurofighter et un ravitailleur KC-767 ainsi que des drones Predator.

Pour le ministre italien, il importe « d’affronter les développements à venir de manière coordonnée, avec l’objectif d’être en mesure de poursuivre l’engagement de la coalition » anti-jihadiste « dans un cadre sûr pour notre armée. » Il s’agit, selon M. Guerini, de « tout mettre en oeuvre pour préserver les résultats de la lutte contre Daesh obtenus durant ces dernières années » tout en cherchant à maintenir la « stabilité de la région et de l’Irak. »

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